we’ll be dancin with the shadows in the night feel the adrenaline, acceleration in the course - - @Sirius Hatcher

outfit,, S’il ne manquait plus que ça, le tableau paraît se compléter. Les doigts qui pianotent avec verve sur l’écran tactile de son téléphone portable, Samuel abandonne un soupire en s’appuyant contre la moto qu’il a achetée il y a peu. Il s’est dit que se déplacer de cette manière serait plus aisée, moins contraignante, aussi, qu’une voiture à garer, à payer une place de parking. Mais l’achat de l’engin ne semble pas être un bon compromis quand, déjà, quelque chose ne tourne pas rond.
Son casque déposé sur l’assise, Sam passe ses deux mains sur son visage, agacé de cette situation. On lui a dit de patienter, que quelqu’un viendra le dépanner. Oui mais, dans combien de temps au juste ? Heureusement, le temps n’est pas menaçant et il souhaitait seulement prendre l’air, se changer les idées. Personne ne l’attend ici ou ailleurs. Il n’y a que ses compositions, abandonnées sur son bureau dans son appartement trop grand, qui attendent que l’inspiration revienne.
Sam referme ses phalanges autour de son portable. Les douleurs demeurent là, ancrées bien en lui quand les questions restent sans explications. Il l’a quitté. Noeh l’a quitté. Voilà un mois et désormais tout le reste est tellement désuet. N’est-ce pas ridicule ? Il ne parvient à rien alors qu’il est pourtant venu s’installer dans cet endroit pour lui. Pour qu’ils créent, enfin, un petit cocon paisible.
C’est raté.
Il n’y a plus que l’odeur éphémère de cette relation qui le rendait bien plus fort.
La mâchoire serrée, le jeune homme secoue la tête et range son appareil dans sa poche. Ressasser, ressasser, ressasser ; il ne sait faire plus que ça. Et cette virée en moto est une véritable catastrophe. Il a fait le plein d’essence, il a bien fait attention, mais quelque chose, mécanique sans doute, a tout fait dérailler comme c’est souvent le cas. Il déglutit et est accroupi par-là quand il entend une voiture s’arrêter à son niveau. Au départ, il pense à la dépanneuse, tourne le visage aussitôt et se doute qu’il s’agit seulement d’une personne bienveillante. Et c’est déjà beaucoup.
Sam se redresse, manipule encore son portable en vain. On ne le rappelle pas, il est bloqué là.
— Je ne sais pas trop ce qu’elle a.
Il désigne sa moto d’un geste de la main avant de reprendre la parole.
— J’ai appelé un garage, apparemment ils m’envoient une dépanneuse.
De toute évidence, Sam est coincé au bord de l’autoroute. Alors il s’avance un peu plus vers son interlocuteur et se permet de l’interroger.
— Vous vous y connaissez un peu en moto ? On me l’a vendue récemment et j’ai comme l’impression que je me suis fait avoir.
Il n’aurait peut-être pas dû faire confiance à cette annonce placardée dans l’entrée de son immeuble. Les mauvaises décisions s’enchaînent dans une cacophonie assourdissante. Non, vraiment, Sam n’a aucune inspiration à puiser dans tout cela.

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outfit,, Alors que son interlocuteur s’approche de sa moto, Sam a une petite lueur d’espoir qu’il puisse l’aider, lui dire que ce n’est rien et qu’il suffit de remettre un fil comme ça, ou comme ça, et qu’elle repartira tout de suite. Malheureusement, cela ne semble pas être le cas et le jeune homme ne peut que rire à l’ironie qui est lancée.
— Ah, non, en effet. Cela dit, je préfère que ce soit ma moto en panne plutôt que mon ordinateur.
Bien qu’en ce moment il ait beaucoup de mal à composer quoi que ce soit de valable. Au-dessus de lui, à des milliers de kilomètres de cet endroit, son supérieur commence déjà à lui envoyer quelques messages ; pour le presser, pour lui dire qu’il n’a qu’à rentrer en Corée si l’inspiration ne vient pas sur cet autre bout de terre. Sam n’a de cesse de l’ignorer, n’ayant aucune envie à lui raconter ses histoires de cœur – qui ne seraient nullement des explications retenues.
— Non, c’est bien le problème. Je l’ai acheté il y a moins de quinze jours. En fait, j’ai vu l’annonce en bas de ma résidence et comme j’avais besoin d’un véhicule, j’ai été assez idiot pour me faire berner par le premier venu.
Il abandonne un soupir, une main stationnée dans sa nuque. Cet homme un peu louche a fait une sacrée affaire en se disant que l’asiatique ne regarderait pas vraiment. Sam se sent clairement crédule dans cette situation alors qu’il n’a pas besoin de ça pour sentir les nerfs lui monter. L’évidence est qu’il aura tout le temps de se morigéner une fois qu’il aura pu retrouver le chemin de son appartement. Tout paraît aller de travers depuis son arrivée ici.
— On a fait un échange en cash, j’aurais dû me douter que ce n’était pas un homme honnête.
Il échange un regard avec son interlocuteur présent qui a eu la bonne grâce de s’arrêter pour voir ce qui se passe. Désormais, il lui propose de le raccompagner ou de rester ici attendre avec lui. Déjà, l’obscurité semble s’installer et Sam n’a pas envie de le déranger. Il reprend son téléphone portable qui, hormis les mails non lus, n’affiche aucun appel ou aucun message du garage contacté un peu plus tôt.
— Je ne voudrais pas vous déranger davantage… Je les ai eu il y a peut-être une heure maintenant ? Environ.
Peut-être même un peu plus. Sam a un peu tourné en rond dans son bocal avant de se résigner.
— Je suis sur Weymouth, de Greenhill. Est-ce que c’est votre direction ?
Sam a beau fixer encore et encore son portable, puis revenir vers sa moto en tentant de grimper dessus pour la relancer, rien ne se passe. Il se frotte le visage relativement contrarié de ce problème qui subsiste. Malgré cela, il choisit de laisser son engin là, saisissant seulement son sac pour retrouver le passionné d’informatique.

‘’can i help you‘’
mai 2022. feat. @Samuel Yang

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outfit,, Dans le fond, rire aux paroles de son interlocuteur est sans doute la meilleure des solutions pour Sam. Le problème ne se résoudra pas tout de suite et s’il commence à broyer davantage du noir, il serait capable de demeurer assis là, par terre, devant sa moto, et d’attendre durant des heures supplémentaires que la dépanneuse daigne bien venir les chercher. C’est inutile de se morfondre lorsqu’il y a des soucis bien plus complexes que celui-ci. Toutefois, ça ennuie quand même le jeune homme qui soupire, frotte sa nuque, triture nerveusement son téléphone portable.
— C’est sûrement ma faute, j’aurais dû faire plus attention à la dégaine de ce vendeur.
Sam se sent un peu idiot, mais il n’est pas du genre à juger sur l’apparence. Il paraît que l’habit ne fait pas le moine… sauf dans certaines situations.
Est-ce que son interlocuteur a raison ? Encore faut-il que son véhicule deux roues soit remorqué jusqu’à un éventuel garage. Sam se doute aussi que les réparations risquent peut-être d’être bien plus chères qu’acheter une nouvelle moto. La vérité est qu’il a été crédule et qu’il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. L’autre homme s’en est mis plein les poches avec cette affaire et a dû être ravi de duper l’étranger qu’il est.
— Je ne sais pas vraiment s’il pourra en dire quoi que ce soit de plus que nous. Elle est bonne à jeter, elle ne redémarre même pas.
Sam reprend son sac, maugrée quand même pour la forme. Depuis toutes ces années, il n’a pas encore retenu la leçon. Accorder une certaine confiance à tout le monde dès le premier échange n’est pas une bonne réponse. Malheureusement, il s’agit des blessures du passé et il n’est guère question de ne serait-ce qu’y penser en ces quelques minutes. Samuel doit se bouger, récupérer ses affaires et abandonner sa moto sur le bas-côté.
— Pas de soucis, moi c’est Sam. Je doute que quelqu’un vienne la voler, tu ne crois pas ? Autant la laisser ici.
Il hausse légèrement les épaules avec un dernier regard pour la cylindrée et s’avance vers la voiture de Sirius.
— Je veux bien que tu me ramènes, merci.
Sam n’a pas envie de le déranger, mais son interlocuteur lui a déclaré que Greenhill est sur sa route. Le plus jeune a vite remarqué que personne d’autre ne s’arrêterait pour lui venir en aide, et il n’a pas tellement envie de patienter encore pendant des heures. S’ils viennent un jour, les secouristes trouveront facilement sa moto et ils le rappelleront.
La main sur la portière de la voiture, Sam n’y entre toutefois pas directement, s’amusant un peu de l’ironie de ce qui lui arrive à peine vient-il d’emménager dans les environs.
— Au fait, tu n’es pas une sorte de mec bizarre au moins ? Quoi qu’en vérité, je n’ai pas tellement l’air d’être une belle jeune femme en détresse.
Il rit un peu avant de sentir son portable vibrer dans la poche de son pantalon. Aussitôt, il l’en extirpe… pour constater qu’il ne s’agit que d’une publicité pour des pizzas. Sam laisse un soupire dans son sillage avant de prendre place du côté passager, son sac disposé entre ses pieds. Durant un instant, il songe à Noeh et se demande ce qu'il penserait de tout ça. Sans doute le taquinerait-il avec son éternel sourire figé à ses lèvres.

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outfit,, A l’évidence, offrir son aide au premier venu n’est pas le cas de tout le monde et Sam doit plutôt s’avouer chanceux que Sirius soit venu à sa rencontre. Il déplore l’état de cette moto qu’il pense tout juste bonne à être mise à la déchetterie et se morigène en son for intérieur de n’avoir pas été assez consciencieux pour juger qu’elle n’aurait pas fait longs feux. Voilà plusieurs centaines de dollars dépensés inutilement. Ce n’est pas tant l’argent qui l’embête, mais plutôt le fait qu’il ait été roulé dans la farine par une personne définitivement pas fiable.
Nouveau soupir qui s’échappe d’entre ses lèvres tandis qu’il abandonne tout derrière lui pour se diriger vers la voiture de son interlocuteur. Ils plaisantent un instant, ce qui permet aussi à Sam de pouvoir penser à autre chose et se détendre. Ce n’est pas la fin du monde ; c’est juste mal venu et dommage.
— Okay, je veux bien te faire confiance sur ce coup-là alors. Je n’aurais vraiment pas de chance si en plus d’être en panne je tombais sur un détraqué !
Il lui sourit en montant côté passager de la voiture. Son sac posé entre ses pieds, il conserve quand même son portable avec lui au cas où les dépanneurs tenteraient de le joindre. Manifestement, il a du mal à y croire puisque cela fait déjà un certain temps qu’il patiente au bord de la route.
Sirius le tire de ses songes en l’interrogeant sur la direction à prendre et Samuel se ressaisit en lui donnant l’adresse de l’appartement qu’il loue depuis peu.
— Tu as sûrement raison, je vais leur laisser un message. Désolé, je ne suis pas très réactif en ce moment.
Il rit légèrement en pianotant vite fait sur l’écran de son portable. La route commence déjà à défiler de l’autre côté de la vitre et Sam se sent tout de même soulagé de pouvoir retrouver la ville d’ici peu. Cette escapade n’aura finalement pas été très concluante, mais elle aura eu le mérite de lui faire rencontrer Sirius qui lui est déjà agréable.
— Oui, ça fait un peu plus d’un mois que je suis arrivé de Corée. C’est un endroit paisible. Et toi, tu viens d’ici ?
Verrouillant son téléphone, Sam laisse ses prunelles se perdre sur les kilomètres qui se font engloutir par le véhicule. Oui, un petit mois qu’il a choisi de se rapprocher de l’unique personne qu’il a jamais aimé. Un petit mois que tous ses sentiments sont encore plus en désordre à cause du fait qu’il ait été quitté. A Noeh, il aurait apprécié lui faire la surprise, lui avouer qu’il a loué un espace pour eux, pour deux. Pourtant, tout a volé en éclats et Sam s’est contenté d’accepter.
Qu’aurait-il pu faire d’autre ?
Respecter le choix de Noeh… bien qu’aujourd’hui tout ce à quoi il aspire est de le retrouver.
— Je peux te demander ce que tu faisais toi avant de t’arrêter sur le côté ? Tu es le premier à l’avoir fait, alors je t’avoue que je suis intrigué. Les gens semblent toujours terrifiés par l’inconnu.
Mais qui est-il pour les en blâmer ?

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outfit,, L’humour de Sirius permet de décompresser un peu, de relativiser aussi. Le problème n’est sûrement que matériel, au moins, Samuel n’a aucune blessure et c’est ce qui est le plus important. Il répond donc à la plaisanterie de son sauveur de cette journée, peu certain qu’il puisse être un quelconque détraqué sorti des bois alentour. Il évite néanmoins d’avouer que si jamais l’idée de le retenir en otage viendrait à Sirius, il pourrait se faire une belle somme d’argent étant donnée la notoriété de Sam en Corée.
Installé sur le siège passager, ce dernier informe donc les éventuels dépanneurs qu’il a laissé la moto et qu’il s’est débrouillé pour retourner en ville. La vérité étant qu’il n’a que peu d’espoir concernant la survie de l’engin.
— Merci pour ton optimisme. Je verrais bien quand j’aurais les résultats des réparateurs, mais à mon avis, ça va me passer l’envie d’acheter une moto au premier venu.
Il rit légèrement en haussant les épaules. Il fera passer cela pour une étourderie supplémentaire quand ses pensées ne sont dirigées que vers une seule et unique personne depuis tout ce temps. Les prunelles perdues de l’autre côté de la vitre, il voit défiler le paysage sans se retourner vers son cylindré abandonné à plusieurs kilomètres, déjà, de là.
La conversation se fait naturellement avec le conducteur de la voiture et Sam est assez impressionné d’entendre que Sirius vit à Weymouth depuis toujours, ou presque. Originaire d’Australie, Samuel a vécu en Corée une dizaine d’années avant de débarquer dans cette partie du globe. Il ignore s’il y restera ou s’il finira par repartir car, pour l’instant, tous les projets qu’il souhaitait voir concrétiser en arrivant ici se sont transformés en puissants remords au creux de la poitrine.
— Tu n’as jamais eu envie de découvrir d’autres horizons ?
Il lui pose la question tout simplement, sans aucun jugement derrière. Il peut tout à fait comprendre que certaines personnes apprécient une certaine stabilité et proximité avec sa famille ou ses amis par exemple. Il y a un grand confort à connaître les lieux dans lesquels on évolue au fil du temps. Sam sait qu’il aimerait retourner en Australie, se perdre sur les plages et s’allonger dans le sable chaud en fermant les yeux.
— Ah oui ? Je crois que c’est la première fois qu’on me dit que je tombe à pic.
Il lui sourit, curieux d’en apprendre davantage sur ce que s’apprêtait à faire Sirius sans oser se montrer trop indiscret sur sa situation. Et, bien sûr, la question rebondit et se retourne contre lui. Sam acquiesce de la tête à ses paroles, réfléchissant quelques secondes toutefois avant de lui répondre.
— J’avais besoin de changer d’air. J’ai fait partie d’un groupe de musique de l’industrie coréenne pendant cinq ans et puis nos désirs ont changé de voie. Certains sont partis faire leur service militaire, d’autres s’occuper de leurs proches, et moi… je continue de composer pour d’autres, mais dans l’ombre. Weymouth a été un choix aisé car j’ai voulu y rejoindre quelqu’un.
Prendre un appartement, imaginer une vie à deux, loin de tout ça, recommencer à respirer et être plus disponible.
— Mais j’ai accepté de me faire larguer une fois arrivé devant sa porte.
Y a-t-il jamais un bon résumé pour une telle situation ? Sam abandonne un léger soupir, son regard qui s’abandonne au travers du pare-brise devant lui.
— Et toi alors, tu comptais kidnapper qui avant moi ?
Détourner tous ces sentiments particuliers qui gravitent en lui.

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outfit,, Les mots s’échangent avec une facilité agréable tandis que la route défile. La curiosité se fait de parts et d’autres et Sam interroge Sirius quant au fait qu’il habite Weymouth depuis toutes ces années. Il acquiesce en l’écoutant lui répondre, ignorant toutefois si lui-même serait capable de vivre autant de temps dans un même endroit… A moins que ça ne soit l’Australie, sûrement. Son rêve d’enfant d’y revenir, de se perdre dans ses rues, sur ses plages. Cela fait bien longtemps maintenant.
— Oui, les habitudes… C’est vrai que c’est rassurant de savoir comment se déroulent les choses.
Il ne peut guère démentir lorsqu’il est le premier à ordonner certaines choses afin que rien ne change. Pourtant, il suffit de si peu pour que tout vienne à être bousculé.
— J’ai pas mal voyagé, mais surtout lors de la tournée que l’on a effectuée avec mon groupe. On a fait plusieurs pays d’Asie, d’Europe et de l’Amérique, surtout les capitales à dire vrai. Cela dit, même si je suis parti de Corée, j’ai vécu une partie de mon enfance en Australie.
C’est de cette façon que le jeune homme enchaîne quelques minutes après sur la suite de son histoire. Un morceau. Une part de lui-même qui erre à la recherche de sa moitié. Il aimerait tant le serrer dans ses bras, ou seulement lui raconter cette mésaventure qui n’arrive qu’à lui ; mais Noeh n’est qu’un prénom supplémentaire dans cette ville. Noeh n’est qu’une silhouette qu’il n’a pas encore eu la force de ramener à lui.
Sam esquisse une moue de travers, passe une main dans sa nuque en entendant Sirius. Il n’a pas tort. C’est une drôle d’histoire, après tout. Quel genre de personne accepte d’être quitté ? Sam. Sam parce que sa confiance en lui n’a jamais frôlé les pourcentages élevés.
— Je vais bien, enfin, je crois ? Je n’en sais trop rien. Mais merci, c’est gentil. Je pense que… j’ai voulu aller trop vite et, avec son passé, je l’ai effrayé. C’est un peu bizarre de débarquer ainsi sans rien dire, non ?
Il hausse légèrement les épaules en souriant un peu avant de reporter son attention sur les kilomètres qui défilent. A son tour, il joue la carte de la curiosité pour savoir ce qui a amené Sirius à s’arrêter sur la bande d’urgence pour l’aider. Peut-être que lui aussi avait besoin de changer d’idées et, comme il le lui a dit, Sam et sa moto maudite sont tombés au bon moment sur son chemin.
— En fait, je crois que je ferais peut-être mieux de te dénoncer.
Il relève la plaisanterie en secouant son téléphone portable sans jamais penser à faire le numéro de la police. Sam abandonne un soupir en reprenant la parole.
— Je ne sais pas ce que tu en penses, mais j’ai l’impression que le destin nous a fait rencontrer pour nous raconter combien nous ne sommes pas doués pour l’amour. Tu… tu veux en parler davantage ?
Bien qu’ils ne se connaissent encore qu’à peine, parler avec des inconnus est parfois plus aisé pour réussir à vider son sac. Qui sait ? Sam songe déjà à proposer une bière à Sirius pour le remercier quand ils seront arrivés à destination.

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outfit,, A l’évidence, bien qu’il déclare cela sans plus d’effervescence que l’on énonce un fait, Sam remarque vite la curiosité de Siris en ce qui concerne sa carrière. Il en rit légèrement, se plongeant à son tour dans ces souvenirs qui ne sont finalement pas si éloignés que ça. L’arrêt du groupe est très récent, remontant à peine un mois ou deux avant son arrivée à Weymouth.
— Tu connais la musique pop coréenne ? Et bien, j’ai fait partie d’un groupe d’idols durant presque cinq ans. La danse, le chant, la composition, les sorties et les tournées, tout le bagage quoi. C’est pour ça que j’ai beaucoup voyagé, je n’ai pas de mérite.
Bizarrement, au fond de lui, Sam sent encore bouillonner son désir d’aventures. Même si les conditions n’étaient pas toujours aisées, il a quand même vécu cinq années incroyables qui lui ont permis d’évoluer et de grandir.
— Aujourd’hui, je suis encore dans l’agence qui nous a formé, mais je travaille dans l’ombre. Je compose pour les autres… Enfin, j’essaie.
Bien sûr, la suite de la conversation permet de comprendre ce qui empêche, d’une certaine manière, le jeune homme d’écrire, de jouer. Ses pensées sans cesse tournées vers l’amour, il perd le fil du reste. Et puis, le problème étant qu’il ne parvient même pas à composer. Les pages demeurent vides à l’instar de son esprit. C’est pour cela qu’il avait choisi de prendre sa moto pour partir un peu, explorer ailleurs ; chercher l’inspiration.
— Oui, sûrement. Je ne sais pas très bien comment m’y prendre, à vrai dire. Je pense qu’il a besoin de respirer un peu, sans moi.
Sam glisse une main dans sa nuque, son regard perdu dans le paysage qui défile à tout allure. Après tout, s’il a accepté que Noeh le quitte, que peut-il faire d’autre ? Attendre un quelconque signal ? Quels sont les sentiments de son cadet à son égard ? Les questions tournent en une boucle infernale dans son esprit hanté par tout cela.
Néanmoins, quand Sirius parle de sa propre histoire, Sam laisse son regard se reporter sur sa silhouette. Accord tacite entre eux d’échanger sur ces relations dans lesquelles ils ne semblent pas plus doués l’un que l’autre.
— Qu’est-ce que tu as fait ? Et non, je ne pense pas que tu sois psychopathe ou idiot. J’imagine que tu as eu peur de reconnaître tes propres sentiments pour elle. Si elle était ta meilleure amie, tu dois sans doute te demander à quel moment ton regard a changé sur elle…
Il lui adresse un léger sourire comme pour l’encourager à parler davantage sans pour autant le forcer. Sam, de son côté, s’interroge de par où commencer en ce qui concerne ce garçon qui fait battre son cœur depuis plusieurs mois à présent.
— Pour moi, je l’ai rencontré… par hasard. En fait, je fuyais des paparazzis et je suis monté dans le premier taxi qui s’est présenté. C’était le sien et j’ai changé la direction de son chemin. On s’est retrouvé deux autres fois, des coïncidences, jusqu’à ce que je l’invite à manger.
Des moments cocasses qui ont fini par les rapprocher petit à petit. Une attirance qui est née, d’abord du côté de Sam, avant de s’étendre progressivement.

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outfit,, Avec beaucoup d’humilité, Sam n’a jamais cherché à se faire voir en tant que célébrité. Même lorsqu’il jouait dans de grandes salles, le jeune homme n’a jamais considéré être plus important que n’importe qui d’autre. Cela n’est pas dans son caractère qui, plutôt, a cette tendance à se rabaisser.
— C’est la solution que j’ai choisie pour me permettre de prendre un peu de distance avec tout ça, je crois que j’en avais besoin… mais parfois j’y pense et le sentiment d’être sur scène, voir l’enthousiasme du public, c’est quelque chose qui me rend nostalgique.
Même si cela ne fait que peu de temps que Samuel a quitté le feu des projecteurs. Dans l’immédiat, avec la situation amoureuse dans laquelle il se trouve, il a conscience de ne pas être prêt à remonter sur les planches. Il souhaite composer pour les autres avant de, peut-être, parvenir à composer à nouveau pour lui.
Les souvenirs des voyages, de toutes les découvertes qu’il a pu faire, avec son groupe, mais aussi seul, sont des moments qu’il n’oubliera jamais. Rencontrer des fans du monde entier, s’abreuver de leurs encouragements, vibrer au son de la musique de leurs applaudissements – en avoir une reconnaissance si puissante ! Cela fait doucement sourire le garçon qui reprend ses mots sur sa relation avec Noehran.
— Alors tu es un grand romantique ? Si tu parles de films et livres de romance.
ça tombe bien, car Sam est lui aussi attaché à ce genre littéraire.
— On ne remarque pas toujours ce qui est sous nos yeux. C’est bien souvent une fois que les personnes s’éloignent qu’on se dit qu’on aurait dû agir autrement… Il n’est jamais trop tard pour que tu la retrouves, si ? Elle t’a avoué son amour, elle ne l’oubliera pas.
Souvent, Sam est plus optimiste pour les histoires des autres que pour les siennes. Il aimerait des happy ends pour raviver des cœurs qui ont assez souffert pour être encore tourmentés. Quelque part, en ce qui le concerne avec Noehran, c’est sûrement pour cela qu’il a accepté qu’il le quitte. Soucieux de son bien-être avant le sien et il ne s’attend pas aux paroles de Sirius.
Lui, courageux ? Il s’en étonne un instant, les sourcils qui se haussent sans qu’il ne puisse en dire quoi que ce soit. Il se remet bien dans son siège, n’en sait trop rien s’il est question de courage ou de sacrifice.
— Je veux juste qu’il soit heureux.
Et si ce bonheur brille par mon absence, alors qu’il en soit ainsi.
En-dehors de son meilleur ami en Corée, Sam n’a jamais autant parlé de sa relation avec quelqu’un. Le regard qu’apporte Sirius dessus est nouveau et le jeune homme lui en est reconnaissant d’une certaine manière. Cette drôle de rencontre au bord de la route est dans le fond chaleureuse, agréable. Puis, comme il vient juste de débarquer en ville, Sirius est l’une des premières personnes avec qui il noue une petite accroche de la sorte.

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outfit,, Si Sirius n’a de cesse de le qualifier de courageux par son geste romantique, jusqu’à présent, Sam n’a jamais tout à fait regarder la situation de cet œil-là. C’est nouveau pour lui, d’avoir l’avis extérieur d’une personne qu’il vient tout juste de rencontrer. Quelque part, avoir échangé sur leurs relations respectives aide à y voir un peu mieux. Mais loin d’être suffisamment à l’aise pour accepter ces mots, Sam secoue légèrement la tête en riant, nerveux.
— Je ne crois pas que le courage puisse se quantifier comme ça.
Et qu’importe à présent que la voiture s’est engagée dans la ville de Weymouth. Rejoindre le quartier d’habitation de Sam n’est pas long. Leur épopée s’arrête là et Sam remarque que son téléphone portable n’a toujours pas sonné ; aucunes nouvelles. Heureusement que Sirius s’est garé sur le côté pour l’inviter à prendre la route avec lui. Sinon, qui sait combien de temps il serait encore resté au beau milieu de nul part avec sa moto en panne ?
— Merci encore pour ton aide, c’est vraiment gentil.
Il est un peu étonné du morceau de papier tendu dans sa direction mais il n’hésite pas à s’en saisir. La discussion avec son interlocuteur a été naturelle et, visiblement, ils semblent s’être bien entendus que ce soit d’un côté ou de l’autre.
Une main sur la portière pour sortir du véhicule, Sam sourit doucement à l’optimisme qui enivre l’habitacle durant quelques brèves secondes.
— Et moi, j’espère que tu arriveras à lui parler.
Parce qu’il serait dommage de passer à côté d’une belle histoire d’amour. Sam ne peut pas croire que la relation de Sirius avec la demoiselle qu’il aime s’arrête à tout ça. Toutefois, hormis l’avoir aujourd’hui écouté et plus ou moins conseillé, il ne peut pas faire grand-chose de plus.
Il s’extirpe finalement de la voiture en lui faisant un signe de la main en guise d’au revoir. Dès lors qu’il n’aperçoit plus l’automobile, ses prunelles viennent s’étendre sur le bâtiment dans lequel il a loué son appartement. Peut-être parviendra-t-il à composer quelque chose ce soir-là, le dos courbé au-dessus de son bureau. Les pensées s’acheminent interminablement vers Noeh, le coeur en vrac. Il soupire et n’a pas le temps de grimper dans les étages qu’enfin son téléphone affiche le numéro de la dépanneuse.
On dit qu'il n’est jamais trop tard, n’est-ce pas ?

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