ootd - Il n’était pas concentré. Il tapotait son cahier avec le bout de son stylo en regardant à l’extérieur voir si son intérêt y serait plus éveillé. L’été s’était écoulé avec finesse, il était rentré à Busan voir sa famille et il avait travaillé afin de mettre de l’argent de côté. Il avait revu Sam et ils avaient commencé à plus se retrouver. Cela avait été agréable et il avait accueilli la rentrée le sourire aux lèvres. C’était sa dernière année de licence et à ses choix de continuer ses études pour un diplôme de haut niveau. Il y réfléchissait, ça lui prenait du temps et son pays natal lui manquait. Il comptait en discuter avec Sam car on avait abordé le sujet à peine les premiers cours engagés, sauf que ça ne dépendait pas que de lui. Il lui avait envoyé un message et c’était là qu’il s’était égaré. Sam n’avait pas répondu.
Il lui avait renvoyé deux autres messages, il n’avait pas insisté, bien qu’il ait pris peur. Et si ça n’avait été qu’un rêve ? Et s’il avait mal agi ? Les entrailles nouées, il s’était rendu à son logement et avait compris qu’il n’y était pas en voyant qu’aucune lumière n’en filtrait. Il ne comprenait pas. Il avait froncé les sourcils et les heures s’étaient écoulées avec une lenteur irréprochable sous ses yeux. Impossible de fermer un oeil durant la nuit et le lendemain matin, à ce qui aurait dû être un réveil, aucune nouvelle. Et s’il lui était arrivé quelque chose ? Il prit la décision d’attendre le soir parce qu’il estimait que Sam devait savoir ce qu’il faisait. Et le soir venu quand il traça son téléphone portable avec aisance, il comprit que tout n’était pas vain. Il ne s’agissait que d’une question de temps. Même si…
Il reporta son attention sur son cours et fut soulagé lorsqu’il se termina. Il rangea ses affaires dans son sac et s’étira les bras. Laisses-moi t’aimer tout entier. À l’attente insupportable d’un retour de cette personne qu’il aimait plus que tout, il avait appris le matin même une nouvelle qui avait failli le faire tomber sur place. Il observa sa jambe bionique et songea avec mélancolie que les erreurs non-plus ne s’effacent pas avec le temps. Mais j’essaierais de te prouver que plus rien ne m’éloignera de toi. Il se leva et se dirigea vers la sortie en compagnie de son entourage qui discutaient de leurs vacances ensoleillées.

you are my home, okay?

@Samuel Yang

h o m e. (@Noeh Ran Shen)

outfit,, Malgré qu’il lui ait dit qu’il ferait de son mieux, Samuel a l’impression de perdre pied. Longtemps, face à son miroir, il s’est demandé ce qu’il souhaitait vraiment. Ce n’est pas une question à laquelle il a réussi à trouver une réponse. A l’inverse, des centaines d’interrogations ont pris place dans son esprit. Insistantes. Hurlantes. Et les paumes ouvertes, ses prunelles se sont abandonnées sur les lignes de ses mains abîmées. Ces mains qui ont tenu celles de Noeh, qui l’ont bercé, choyé, tant aimé. L’autre nuit, il est resté auprès de lui, ils se sont dit qu’ils s’aimaient ; Sam ne sait pas très bien comment réagir désormais.
Le cœur ivre de toutes ces sensations, il craint avoir commis l’erreur de ne pas avoir su retenir Noeh une première fois — qui prétend-t-il pour seulement imaginer parvenir à le garder à ses côtés cette fois-ci ? Ses doutes suintent par les pores de sa peau, ses faiblesses surgissent face à ce reflet qu’il ne parvient pas à regarder tout à fait. Il n’aime pas ce qu’il aperçoit dans le miroir et ignore comment Noeh peut lui avoir avoué l’aimer. Quel être humain peut être plus imparfait que lui ? Alors ses poings se serrent, les dents aussi. Sam a envie de hurler et de tout briser. Si Noeh s’en est allé, n’aurait-il pas dû respecter cela jusqu’au bout ?
Les kilomètres défilent, les paysages aussi. Sam a abandonné son portable au fond de son sac, ne l’entendra pas sonner encore et encore. Aujourd’hui, il joue la carte de la lâcheté, a besoin de s’éloigner et de faire le vide. Il y a cette nouvelle vie, il y a cette demande, il y a Noeh, il y a eux. Existent-ils à nouveau pour de bon ? Mérite-t-il la tendresse de son cadet à son égard ? Il n’a même pas été capable de se laisser aller tout contre lui. Ça le hante et lui donne envie de vomir. Il a peut-être menti en imaginant qu’il n’était pas effrayé ;
c’est bien faux — il est terrorisé.
Sam se perd dans la caverne de son crâne. Seul face et contre lui-même. Il ne sait où tourner le regard. Déglutir est compliqué. Il erre ici et là, dans un ailleurs qu’il ne remarque même pas. Assis, comme perdu, il demeure sans ciller sous le vent ou la pluie. Est-ce cela se montrer fort ? Ne pas pleurer. Parce que ça ne sert pas à grand-chose. Le cœur en branle, il s’efforce de ne pas trembler des embruns qui l’entourent. Il crée le manque sans trop se douter qu’il n’est pas moins efficace que cette distance qu’il s’est laissé.
Les yeux épuisés, il fixe une ligne sournoise sur l’horizon ; se rappelle qu’on lui a demandé de rentrer. Il n’est pas dupe, Sam, c’était prévisible depuis le début. Venir ici a été un pari risqué qu’il n’a pas su relever. A mesure que les jours ont passé, que les rappels ont sonné, que les propos se sont montrés de plus en plus intransigeants, il a tenté de nager à la surface afin de ne pas couler. Toutefois, qu’a-t-il réellement sauvé ? Le jeune homme saisit sa tête entre ses deux mains, continue longuement de se fustiger de la sorte.
Jusqu’à ce, qu’enfin, le visage de Noeh parvienne à percer cette carapace.
C’est peut-être une odeur, l’envol d’un oiseau, sa propre peur, ou ce paysage qu’il aimerait photographier.
Sam a l’impression de sortir de son espèce de transe alors que ses phalanges s’accrochent aux poignées de sa moto. Il a envie de retrouver cette personne unique qui, il le sait, lui est plus précieuse que tout le reste. Pourront-ils construire des solutions ensemble ? Tout ce qu’il a en tête c’est le prendre dans ses bras, le (re)tenir – s’agripper lui-même à cette silhouette fragile.
Alors il roule en déployant toute la puissance de son bolide et n’est pas long à rejoindre l’université où étudie son cadet. C’est alors qu’il retire son casque qu’il l’aperçoit. Que leurs regards se croisent. Qu’il comprend qu’il a disparu durant de longues heures et qu’il a inquiété Noeh. Les sensations explosent en une myriade de couleurs à l’intérieur de son être ; se mêlent gêne et vague d’assurance. Sam se sent submergé d’aimer de cette manière pour la première fois.

Je sais ce que tu vas me dire, et tu auras raison.

ootd - Je crois que je serais capable de tomber amoureux de lui. Et rien ne le lui empêchait. Mis à part lui, lui-même. Avec son passé, ses fantômes. Noeh s’était promis de ne plus s’apitoyer sur son sort parce qu’il en avait eu assez de voir ses proches s’inquiéter pour lui. Ce fut d’un tel égocentrisme puéril. Il ne l’avait fait que pour se protéger, plus que pour les protéger, eux, de sa santé mentale qui ne s’améliorait pas. Il avait longtemps cru avoir fait les bons choix comme celui qu’il avait fait concernant Sam mais ça n’avait jamais été les meilleurs. Jamais. Il s’était permis de l’aimer, il s’était donné le droit de sourire auprès de lui et il n’avait fait que le faire souffrir au lieu d’être honnête à son encontre comme il avait pu agir envers sa famille. Parce que la vérité était qu’il n’avait fait que souhaiter pendant une multitude de jours disparaître de l’univers. Peut-être même avec lui car il avait pris soudainement peur de toute cette lumière qu’il lui apportait. Était-il capable d’en faire autant ? Il s’était noyé dans l’obscurité, avait-il assez de pouvoir pour lui rendre la pareille ? En fait, il n’était pas sûr d’être à sa hauteur.
Et c’était un cercle infini parce que plus que tout c’était ce qui rongeait le plus Sam. Il avait appuyé là où ça faisait mal en mettant fin à leur histoire, il avait tiré sur la corde et il l’avait vu dans ses yeux ce soir où ils s’étaient retrouvés que les doutes subsistaient. Qu’ils l’engloutissaient et qu’il allait lui être difficile de l’en tirer. Et il le comprenait parce qu’au final il avait à peu de mots près des pensées similaires si ce n’était que les raisons différaient. Ce n’était pourtant pas faute d’essayer de s’en détacher à ces âmes envolées. Il les avait regardés droit dans les yeux lors de ses songes endormis et il avait essayé de communiquer avec eux. Désormais, il était temps de vivre dans le présent car le passé ne lui apporterait plus rien. Laisses-moi partir. Lequel ? Ne te brises plus contre le sol. Malheureusement, sa jambe bionique lui rappellera constamment ce qui avait pu se passer ce jour funeste mais il devrait aujourd’hui n’y voir que ce qu’il avait pu en tirer. La vie n’était pas celle espérée, elle était douloureuse, seulement n’était-elle pas aussi incroyable avec ses surprises délicates ?
Il n’avait pas insisté, il ne lui avait pas envoyé d’autres messages parce qu’il s’était dit que Sam l’avait autant respecté dans sa décision de rompre, bien qu’il s’agisse d’une situation différente. Il n’aimait pas beaucoup cela, il détestait le fait qu’il puisse se muter dans le silence et ça le rendait fou. Il se fustigeait d’avoir cependant agi exactement de la même manière avant et d’avoir usé d’innombrables maladresses. Il n’avait fait que chercher ce qu’il avait lui-même entrepris. Il avait la tête qui tournait qu’il ne sut même pas de quelle manière réagir lorsqu’il le vit l’attendre à la sortie de l’université. Il s’approcha et il le poussa légèrement.

« Tu n’es qu’un idiot. », lâcha-t-il.

Il planta son regard dans le sien et il essaya de se faire le plus calme possible quand c’était la tempête à l’intérieur de lui. Il était incapable de lui résister, il était incapable de le laisser lui échapper malgré leurs erreurs, petites ou grandes, parce qu’il en était fou amoureux. Il n’avait pas cru à ça, il n’avait pas pensé qu’un jour on puisse lui redonner le droit d’être heureux.

« Tu m’as rendu fou, tu le sais, reprit-il en attrapant les pans de sa veste, J’en suis même venu à tracer ton téléphone portable, tu te rends compte ! Même si j’avais déjà compris parce que je sais comment tu es. Tu es cet insupportable borné amoureux qui doute de tout et dont les esprits bourdonnent de pensées que ça finit par te faire fuir à des kilomètres de là, continua-t-il à s’énerver, Parce que je n’ai pas arrangé les choses et je le sais mais je pense quand même qu’il n’y a plus à s’inquiéter. Tu ne crois pas ? Parce que je t’aime, je te l’ai dit, et que je ne te lâcherais plus moi non-plus, le secoua-t-il doucement, Alors tu as le droit après de t’en aller, mais, la prochaine fois, préviens-moi. »

Il desserra sa prise, soutint son regard dans le sien. Il glissa ses doigts dans ses cheveux et il osa esquisser un sourire. Retrouver le sien et redécouvrir qu’il lui avait terriblement manqué. Il avait cru que son meilleur ami avait été sa moitié, cette part de lui qu’il lui manquait et peut-être avait-il rempli cette fonction en partie, mais c’était jusqu’à ce que je te rencontre. Tu es devenu mon autre moitié, tu es devenu cette part de moi dont je ne puis me détacher car tu me complètes. Avec toi, le monde peut bien s’effondrer, du moment que tu trouves à mes côtés. Je suis désolé de te causer du soucis, je te promets de faire mieux à l’avenir.

@Samuel Yang

h o m e. (@Noeh Ran Shen)

outfit,, Les paroles de son cadet sont sans appel. L’évidence est telle qu’elle le frappe de plein fouet mais sans vraiment lui faire mal. Parce que Noeh a raison et qu’il le sait, Sam. Il n’est qu’un idiot. Un idiot amoureux dont les doutes sèment le trouble dans son esprit tout entier.
Des semaines durant, il a fait de son mieux pour tenter de reprendre le cours de son existence sans le plus jeune. Vivre ici, s’y installer tout à fait dans un logement loué pour deux, s’aventurer dans les rues de la ville, rencontrer de nouvelles personnes, s’adapter avec ce trou béant à sa poitrine. Les journées se sont succédées sans qu’il ne puisse jamais parvenir à composer une quelconque chanson. Pourtant, il paraît que les plus grands auteurs sont ceux dont les maux parlent au travers de leurs écrits ; qu’est-ce que cela veut signifier pour lui ?
Alors, quand il se laisse disputer par Noeh, qu’il lit cette inquiétude au creux de ses yeux, qu’il comprend enfin combien leur relation est profonde, Sam déglutit doucement. Après sa fuite, il a l’impression de respirer un peu mieux même si de nombreuses parts d’ombre ne disparaîtront pas. Il est certain qu’avec la présence du petit photographe il parviendra à surmonter les obstacles qui continuent de se présenter à lui — à eux.
D’un geste tendre, bien que passionné, sa main droite vient accrocher la nuque de Noeh pour le rapprocher de lui, pour l’embrasser avec toute la douceur et le dévouement qui l’anime. Il se moque de tous ces regards qui pourraient les dévorer, de ces doigts pointés dans leur direction, de ces curieux qui ignorent bien qui ils peuvent être. Et ça lui plaît avec une démesure fébrile, à Sam. Envoûté par toutes les promesses silencieuses qu’ils s’offrent, il ressent cette vague de bonheur le submerger, l’euphorie le gagner en entier.
— Je suis désolé.
Le souffle court, il est revenu se lover dans les sclères de son amant. Bien conscient qu’ils parleront, que ces excuses minables ne représentent pas grand-chose, Sam enfonce la tête de Noeh dans son casque, l’entraîne sur sa moto jusqu’à son appartement. Le cœur battant à fond sous sa poitrine, les sens en vrac et toutes les émotions de ces derniers mois qui prennent le contrôle quasi-total de son entité cassée. Le trajet est rapide mais l’unique contact des mains de son passager sur lui suffit à le faire vibrer.
Je ne sais pas si aujourd’hui je serai plus à la hauteur qu’hier. Je ne sais pas si un jour je serai capable de me voir tel que toi tu me vois. Je ne sais pas si mes démons finiront pas s’enfuir pour ne jamais revenir. Je suis ignorant de tant de choses et, malgré cela, je sais pourtant combien je t’aime et te désire. Toi, toi qui est brisé. Toi qui est comme la pièce manquante à mon puzzle, n’est-ce pas étrange ?
Enfermé dans une nouvelle transe, Samuel saisit les doigts de Noeh, l’emporte dans les hauteurs de son logement où, une fois la porte close, il le repousse contre le plan en bois de la cuisine. Ses mains encadrent sa taille, le hissent dessus avec la passion dévorante qu’il s’autorise à laisser exploser. Il revient l’embrasser, sur le front, sur les lèvres, dans le cou. Le consumer autant que sa respiration démontre son besoin de le tenir là, tout contre lui. L’une de ses mains s’est faufilée contre les reins de Noeh, sous son vêtement, l’amenant à se rapprocher davantage de sa silhouette, ses jambes peuvent entourer sa propre taille. Sam vient lui murmurer des mots caresses à l’oreille, en anglais.
I’m addicted to you.

ootd - Quand il avait dit n’être jamais tombé amoureux, ce n’était pas des paroles en l’air. Il avait connu un amour incommensurable, celui de son meilleur ami, mais ça n’avait été qu’une puissante amitié. Ça avait été différent, bien que terriblement fusionnel. Et il avait cru ne pouvoir s’en détacher, ne pas être capable une fois de ressentir ces émotions qui transcendaient l’âme. Il avait vu des regards s’échapper sur sa silhouette, il avait ressenti le désir de certaines personnes sans que ça ne l’atteigne car il avait été ancré dans son monde instauré et qu’il avait songé ne pas vouloir en partir. Il savait pourtant que cela aurait changé après le lycée mais conviction poignante tourné vers l’inéchangeable. Cependant, même si ce n’était pas de son fait, il avait bien fallu changer après l’accident et il comprenait aujourd’hui ce qu’il en était. Sam était son changement et il était aussi apaisant que douloureux. Il n’y avait plus qu’à se tourner vers l’avenir et ne plus regarder en arrière. Y arriverais-je ?
Et tout ce que je sais, c’est que je me répéterais et que je te le chuchoterais chaque jour que je ne veux plus me détacher de toi. Mon univers s’est déjà cassé la figure, je ne souhaite pas que cela recommence. Je veux que tu puisses garder fort ta main dans la mienne et que de ton regard tu me rassures des jours à venir.
Ses bras entourèrent son cou quand Sam le rapprocha de lui et l’embrassa de son amour dévoué tout entier. Il en voulait encore et se perdre dans les notes musicales de son essence incomplète. Il s’accrocha à son regard, de peur qu’il ne lui échappe de nouveau, il l’écouta et n’eut pas le temps de surenchérir qu’un casque vint s’enfoncer sur sa tête. Un casque ? Il avait oublié cette moto, cette fichue moto qui lui avait fait du mal et qui l’avait emmené loin de lui comme elle les conduisit jusqu’à son appartement. Il ne savait ni quoi dire, ni quoi faire de plus et en aussi peu de temps que n’avait duré le trajet, il se retrouva installé sur le plan de travail de la cuisine. En cet instant, Sam ne faisait que le rendre davantage plus fou de lui et la flamme à l’intérieur de lui brûlait avec une chaleur incandescente tandis qu’il commençait à se laisser bercer par la mélodie entêtante à ses oreilles. Jusqu’où seront-ils capables d’aller ?
Il se laissa emporter, englober. La partition était maladroite et ils en riaient. Ils s’égaraient dans leurs mouvements délicats et la douceur des minutes écoulées finit par le rendre totalement fébrile à son addiction. Il n’hésitait plus à en demander plus et à lui prouver une fois de plus qu’il n’avait plus d’autres choix que de le laisser dans un futur proche l’aimer pour toute sa disgracieuse imperfection. Ses prunelles avides des siennes, il lui souffla une fois de plus tout son amour et il lui offrit un sourire à la clef musicale révélatrice ; authentiquement heureux.

Oh-oh-oh, let me
Oh-oh-oh, let me
Oh-oh-oh, oh-oh-oh, oh-oh-oh
Let me love you
Oh-oh-oh-oh-oh
Oh-oh-oh-oh-oh
I (I) can't (Can't) stop (Stop)
Falling in love with you

@Samuel Yang

h o m e. (@Noeh Ran Shen)

outfit,, Il sait, Sam, qu’il est revenu pour lui. Pour Noeh. Il a parcouru des kilomètres, il y a quelques mois, pour venir le rejoindre ici et, aujourd’hui encore, c’est par la force de leur relation, de ses sentiments envers ce garçon, qu’il a puisé dans son courage pour faire le chemin inverse. Il a besoin de sa présence, il a envie de le garder contre lui – il veut prendre soin de lui et comprend seulement à présent que la réciproque est tout aussi vraie. Dans le fond, Sam a peut-être toujours pensé qu’il n’avait besoin de personne pour aller de l’avant car ses problèmes n’existaient plus, plus vraiment. Toutefois, à mesure que le lien entre Noeh et lui s’est tissé, il a plongé dans ses propres faiblesses, a vu toutes ses failles et ses lacunes. Les reconnaître n’a pas été une évidence…
Et pourtant, au cœur de cette cuisine, les sens en ébullition, le musicien est autant épris qu’il s’épanche.
Avec la tendresse qu’il éprouve sans vergogne pour son cadet, Samuel s’abandonne entre ses bras. Ses gestes sont parfois maladroits mais les soupirs échangés font office de plaisir non dissimulé. Chaque fois qu’il touche la peau de Noeh, chaque fois qu’il embrasse ses lèvres, les parties de son corps, que ses mains calleuses s’égarent sur sa jambe métallique ; il n’en l’aime qu’un peu plus encore. Le nez enfoui dans le creux de son cou, les bras enlaçant sa mince silhouette, Sam se fait la promesse d’être à la hauteur et de faire de son mieux pour s’exprimer avant que ses épaules ne faiblissent tout à fait.
L’ivresse de retrouver Noeh est si puissante qu’elle l’emporte dans un état jamais atteint auparavant. Il ne savait pas, Sam, qu’il était possible d’aimer autant… et d’être autant aimé. Noeh le met face à toutes les douleurs du passé en même temps qu’il les apaise.
Le cœur battant encore à vive allure sous sa poitrine, les phalanges de l’aîné suivent la ligne de la mâchoire de son cadet. Ils reprennent leur souffle doucement parce qu’ils possèdent cette soirée. Elle n’appartient qu’à eux et ils peuvent en faire ce qu’ils souhaitent. Hissé sur l’un de ses bras, Sam revient caresser les lèvres de Noeh des siennes, dans un doux baiser. Puis il finit par s’installer à demi-assis contre les oreillers et l’attire à lui, lui fait signe de déposer sa tête contre son torse. L’entends-tu, ce cœur qui bat pour toi ?
Ses doigts égrènent sa chevelure blonde tandis qu’il ferme à demi les paupières, savourant ce moment avec une paix toute particulière en son sein. Des heures plus tôt, il se rappelle de son aventure ailleurs, dans une forêt où il a tenté de respirer avant de s’apercevoir qu’il n’a fait que fuir son oxygène. Il se mord légèrement la lèvre, dépose un baiser sur le crâne de son amant. Il remonte la couverture sur son flanc nu avant d’y dessiner des dizaines d’arabesques.
— Noeh… Je suis désolé de t’avoir inquiété. Tu sais, tu es et tu seras toujours la raison pour laquelle je reviendrais.
Il s’excuse pour ses démons qu’il apprend encore à dompter dans une obscurité qui, parfois, le submerge tout entier. A présent, tout cela sera différent même si, anxieux à l’idée de lui en faire part, il y a quelque chose que Sam va partager avec Noeh. Mais pour l’instant, il profite de leur étreinte, de leurs corps encore enivrés de l’immense affection qu’ils éprouvent l’un envers l’autre.

ootd - L’amour était un sentiment complexe quand on y pensait. Il y avait de quoi en perdre la tête et les mots étaient littéralement appropriés. Tout ce qui s’y disait l’était et il comprenait de forte raison aujourd’hui qu’il puisse être difficile d’instaurer un climat de confiance unique, qu’en était-il d’eux ? Il avait renversé leur histoire, il avait insufflé à Sam plus d’incertitudes qu’il n’aurait dû faire en sorte de les diminuer. Il s’en voudrait encore, bien qu’il ne regrettait pas ses gestes parce qu’il avait appris au cours de ses jours à quel point il était amoureux de lui. Que cela n’avait pas été que des illusions, comparé à celles qu’il avait instauré au cours de son existence après l’accident et avant sa rencontre avec Sam. Cet amour était là, présent, et bien réel. Il le refaisait vivre et malgré ses défauts, grâce à ses qualités, il ne l’en rendait que plus fort. Noeh était malade, et alors ? Il y avait peu de gens sur terre qui supportaient la vie.
Mais il se sentait comblé, Noeh, parce que même si Sam s’était échappé, il était revenu. Il était revenu pour lui. Il était même revenu après que lui-même se soit enfui. Sam n’était pas quelqu’un d’assuré, il avait pourtant parcouru tous ces kilomètres afin de le retrouver et il se sentait bête, Noeh, de songer qu’il lui avait fallu toute cette distance, tout ce temps à réaliser que ses sentiments avaient fini par se composer en une plus jolie mélodie. Il s’excuserait une nouvelle fois, des milliers fois, et il ferait en sorte que ni l’un ni l’autre n’aient plus à se soucier que des petites choses qui réchaufferont leurs petits coeurs désoeuvrés. Et si tu ne serais pas revenu, je serais venu te chercher. Crois-moi.
Le flot continu des notes entre leurs deux êtres l’avait transcendé et il reprenait calmement sa respiration de cet instant déroulé avec leurs maladresses légendaires. Il ferma les yeux, apprécia particulièrement ce qui en découlait désormais de cette tendresse qu’il ne lui connaissait que trop bien. Il avait mal dormi sans lui, à le savoir égaré avec ses propres démons, maux invisibles qu’il avait en partie lui-même ravivés et pourtant, il serait prêt à s’endormir auprès de lui. Cependant, il préféra lutter parce qu’il s’était attendu à ce qu’il ne revienne s’excuser.

« Je sais, se redressa-t-il, Je suis désolé moi aussi, dit-il, Mais, Sam, tu n’as plus à t’inquiéter. Je suis là et je ne vais pas repartir. Je vais mieux prendre soin de toi. »

Il l’embrassa sur le front et eut soudainement faim. Il se tira hors du lit, fouilla comme la dernière fois dans les affaires de Sam et enfila un boxer ainsi que l’une de ses chemises qu’il laissa entrouverte. Il le regarda en souriant et se passa une main dans les cheveux en rougissant légèrement.

« Peut-être que je devrais songer à cette proposition que tu ne m’as jamais faite. »

Parce qu’il n’était pas non-plus aveugle. Il s’éclipsa dans la cuisine, ouvrit son frigo. Il n’était pas un grand cuisinier mais il savait mettre la main à la pâte. Il y avait de quoi faire des ramyeons et ce n’était pas compliqué à faire. Il ne connaissait pas comment fonctionner les plaques de cuisson, ni même le four, ça ne devait pas être non-plus compliqué. Cela ressemblait à ce qu’il y avait à son appartement et il sut s’en sortir. Il lui avait dit que tout avait été vite, néanmoins, n’avait-il pas assez perdu de temps par le passé ? Il n’irait pas tout rattraper, mais il était capable de faire assez d’efforts et de le supporter pour qu’il y ait part d’égalité entre eux deux. Et c’était également de cette manière qu’on rendait l’amour plus aisé, n’est-ce pas ?

@Samuel Yang

h o m e. (@Noeh Ran Shen)

outfit,, Sam est revenu et bien sûr, il reviendra toujours. On le lui a toujours dit. Sam est ainsi, c’est dans sa nature. Même s’il finit par se faire repousser, il reviendra et on le repoussera encore ; ça ne fait pas grand-chose, la plupart du temps. Mais avec Noeh, c’est différent. Il sait désormais que son cadet ressent toutes ces choses en lui également, qu’il bouillonne et qu’il ignore de quelle manière parvenir à avancer avec cela. Ils sont tous les deux dans cet état inqualifiable sinon peut-être d’un mot qui en amène tant d’autres : l’amour. Celui auquel on ne s’attend pas – jamais.
Alors Sam lui présente ses excuses pour l’avoir inquiété. Il avait besoin de s’échapper un peu de cette emprise qu’il a peut-être engendrée de lui-même. La gorge serrée, le myocarde en vrac, la boule au ventre. Et les esprits embrumés. Revenir, c’est aussi un mot qui l’effraie.
Finalement, leur étreinte est rompue après un baiser. Sam ne bouge pas tout de suite, observe Noeh se vêtir, prononcer une phrase qu’il n’osait espérer. Ah bon ? Il le laisse prendre de l’avance, l’entend fouiller dans les placards de la cuisine ; s’enivrer de sa présence dans ce lieu qu’en effet, il a loué pour deux. Sam se sent heureux bien que tiraillé avec quelques propos qui résonnent dans son crâne. Il va falloir en parler à Noeh. Il abandonne un soupir avant de quitter le lit à son tour, d’enfiler des vêtements larges et de rejoindre son amant.
Ses bras viennent entourer la taille de Noeh tandis que son menton se pose sur son épaule, regarde les mains du plus jeune s’activer pour préparer un repas. Sam se dit que ça fait longtemps qu’il n’a pas mangé. De son escapade, il ne se rappelle pas grand-chose. Doucement, il ferme les paupières, savoure l’instant qu’ils partagent et quand il ouvre à nouveau les yeux, ce sont ses lèvres qui s’agitent en premières.
— Noeh, mon agent m’a demandé de retourner en Corée.
L’avouer, aussi bizarre que cela puisse paraître, l’apaise. Ce n’est plus un secret. Bien sûr, Sam n’en est pas fier, il en a plutôt honte, seulement… il l’a gardé pour lui. Mêlé à ses sentiments pour le jeune homme, il a cru pouvoir gérer la situation. L’évidence se situe dans cette fuite de deux jours.
Encore une fois, il soupire sans pour autant relâcher ce câlin qu’il est venu chercher. Désormais que Noeh est là, qu’ils se sont retrouvés, il n’a pas envie de le quitter. Il ne sait pas ce que cela peut engendrer pour lui, pour eux. Retourner en Corée n’est pas un choix qu’il a, mais une obligation. Après ces quelques mois passés à l’étranger, Sam n’a donné que très peu de matières à exploiter pour d’autres groupes et il sait très bien que ses supérieurs le rappellent pour tirer la sonnette d’alarme. Est-ce que l’inspiration reviendra maintenant ?
— Je n’ai pas été très productif depuis que je suis venu ici et je pense qu’il va être question de mon avenir au sein de l’agence… J’ai pu réfléchir à tout ça ces derniers jours, mais je ne peux pas partir sans toi. Enfin, je veux dire… sans trop savoir.
Doucement, il finit quand même par se détacher de son cadet, saisissant néanmoins sa main afin qu’il pivote face à lui. Que leurs yeux se rencontrent une fois encore quand le cœur, avec tendresse, bat à mesure de ce contact instauré.
Sans trop savoir ce que nous sommes devenus. Redevenus. J’ai besoin de le savoir ; j’aimerais te rassurer plus que tu n’aies à le faire. Je t’ai fait des promesses, je voudrais les tenir. Je souhaite…
— Noeh, est-ce que tu veux bien sortir à nouveau avec moi ?

ootd - Sam avait loué cet appartement pour eux deux. Il l’avait nié quand l’évidence avait claironné sur tous les toits. Il l’avait su dès la première fois qu’il avait passé du temps ici, il avait gardé les lèvres closes, conscient que ça ne le ferait pas fuir ce qu’il avait eu sous les yeux. Cependant, les questions s’étaient mises à se bousculer avec plus d’insistance parce que cela signifiait que la vérité ne se situait pas dans ce qu’avait pu lui communiquer Sam en venant le retrouver. Elle résidait en ces lieux qui indiquaient purement et simplement que Sam se trouvait ici bien avant qu’il ne lui établisse des faits illusoires. Il aimerait le lui demander mais il n’avait pas envie de remuer le couteau dans la plaie. Cela serait désormais de l’ordre du passé et ils n’avaient plus qu’à se concentrer sur le présent ; leur présent. Alors il lui avait proposé d’y réfléchir parce que rien ne l’y empêchait.
Vivre avec Sam, dans ce logement. Ça faisait battre son coeur, il n’aurait pas pu mieux rêver en y songeant. Ils avaient été vite, néanmoins, ils avaient tous les deux perdu assez de temps auparavant. Pourquoi pas ? Ils avaient vécu beaucoup trop pour ne plus attraper cette lumière mélodieuse sous leurs nez. Ils étaient amoureux - c’était grisant de pouvoir se le dire à l’intérieur de lui-même parce qu’il avait cru ne pas en être capable. Et il l’avait été, il était tombé face à cet être imparfait avec lequel il avait su se compléter comme il avait espérer l’avoir fait à son égard. Cela restait complexe, ils avaient tous les deux des tares impossibles à enlever mais il aimait à penser que c’était ce qui faisait d’eux des personnes uniques en leur genre.
Il prépara à manger, s’activa parce qu’il se doutait qu’il n’était pas le seul à avoir faim. Il sourit à l’étreinte de Sam, s’apprêta à lui faire goûter le bouillon quand la bulle éclata. Il savait que ce n’était pas qu’à cause de lui qu’il avait disparu, il l’avait ressenti au travers de ses gestes durant ces notes qu’ils avaient composées ensemble en cette fin de journée. Il l’écouta, troublé, et se retourna face à lui à sa demande.

« Parce qu’on ne ressort pas déjà ensemble ?, lui répondit-il, Oh, souffla-t-il, Je suis désolé de t’avoir fait encore douter, se tritura-t-il les mains, Mais oui, Sam, bien sûr que je veux bien, sourit-il, J’espère même bien que c’est le cas après toutes les émotions que tu viens de me faire vivre. »

Il l’embrassa, se remit à lui sourire et ils purent se mettre à table. Il resta silencieux au début parce que Sam… Sam allait devoir repartir en Corée du Sud.

« Je t’attendrais, Sam, ancra-t-il son regard au sien, Et je vais même te suivre une fois parce que tu dois t’en douter mais je ne t’ai pas tout dit concernant mon accident. De mon entourage, il y a une troisième personne qui a survécu et, prit-il une légère inspiration, et il était dans le coma. Mais il s’est réveillé. »

Ils n’y avaient plus cru, ils étaient même prêts à le débrancher dans les jours à venir quand il avait reçu cet appel de sa mère lui annonçant qu’il était sorti de son coma. Il avait eu tous les examens nécessaires et il allait bien. Il ne lui restait plus qu’une rééducation à suivre et au son de sa voix, il avait su qu’il n’attendrait pas la fin de l’année pour venir le retrouver. Il avait les yeux brillants, il ne pleura pas et il ne fit que tendre les doigts vers Sam afin qu’il ne les lui attrape. Est-ce que ça ne signifie pas au fond que j'ai le droit maintenant d'être plus serein auprès de toi ?

@Samuel Yang