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Le besoin de sortir de l’appartement pour une journée complète, ne pas savoir ce que la journée réserve. On ne l’attend pas à la poissonnerie aujourd’hui, journée de congé et Oceana ne sait jamais ce qu’elle est censée faire de ces journées libres où elle peut faire ce qu’elle a envie de faire. Elle ne sait pas ce qu’elle doit faire pour les combler maintenant que Flynn lui parle que pour le réconforter alors qu’il est toujours en train d’assimiler la bombe qu’elle a laissé tombé sur lui, il y a quelques temps de cela. Lui, il bosse. Lui, il a quitté le lit qu’ils partagent, tôt ce matin, elle a entendu les pas légers, les allers-retours entre la salle de bain, la cuisine jusqu’à leur chambre. Elle les a entendu parce que son sommeil est léger, parce qu’elle espère peut-être l’entendre dire une information importante aussi bête que cela puisse l’être. Elle dort encore lorsqu’il vient déposer un baiser sur sa tempe comme il en a l’habitude de faire depuis qu’ils forment un couple. Depuis que leur relation est devenue officielle et ça lui pince le cœur à Oceana de savoir qu’il le fait, probablement, par habitude malgré la peine qu’elle lui a infligé sans le vouloir. Mais elle ne peut s’empêcher de se dire qu’elle a pris la bonne décision de lui partager les doutes qui vivaient en elle. Elle ne peut pas s’en vouloir de l’avoir fait maintenant que ce poids n’est plus sur ses épaules. Elle ne peut aussi pas s’empêcher de le lui avoir dit maintenant qu’un nouveau poids a remplacé le dernier, celui appelé doute. Remplacé par le regret. Le regret qui se mélange à la consolation parce que c’est mieux maintenant que plus tard, lorsqu’il sera trop tard. Alors, Oceana lui donne son espace, lui laisse le temps de digérer la nouvelle ; elle le laisse, ne l’emprisonne pas, certaine qu’un jour, il viendra lui parler de cette nouvelle, qu’ils pourront avancer. Ou cesser le tout, mais ça, c’est une idée à laquelle, Oceana ne pense pas.
Donc, Oceana tourne en rond entre les quatre murs de son appartement, elle envoie un message et attend une réponse de la part qui ne tarde pas à arriver et la voilà qu’elle quitte, enfin, cette prison mentale et se retrouve à l’extérieur, là où il fait froid, là où les rues sont pratiquement vides. Il est encore tôt, qu’elle se dit, les habitants de Weymouth ont encore le temps de se réveiller et de profiter de la journée parce qu’elle peut sentir les rayons du soleil derrière les nuages, elle peut sentir que l’hiver arrive prochainement à sa fin. Que le printemps soit la prochaine saison et petit à petit, l’été arrivera et Oceana préfère s’arrêter sur ce détail. Elle préfère s’arrêter sur la possibilité d’un bel été et de ne pas penser qu’après la chaleur, c’est à nouveau le cycle froid qui recommence. « Luz, salut ! » Qu’elle crie de loin, la silhouette de son amie pas très loin d’elle. Par un certain automatisme, Oceana la prend dans ses bras quelques secondes et lui offre un sourire. Elles se comprennent toutes les deux, c’est ce que Oceana comprend de son amitié avec Luz. Elles se comprennent dans leurs doutes vis-à-vis de leurs fiançailles respectives. « C’est la première fois que je viens dans cet institut de beauté, toi aussi ou pas du tout ? » Pour être honnête, Oceana ne sait pas trop pourquoi elle lui a proposé cela. L’idée lui est simplement venue. Peut-être parce que le parc n’est pas trop loin et qu’elles pourront aller y marcher plus tard. Peut-être, elle ne sait pas. Elle ne sait plus trop ces derniers temps, Oceana.

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T’es la première à sortir du lit et t’essaies de le faire le plus silencieusement possible. T’aurais probablement pu faire la grasse matinée et profiter de la présence d’Astrid avant qu’elle ne doive partir au travail. Ce que tu devrais avoir envie de faire, ne serait-ce que pour rattraper la soirée que vous n’avez (encore) pas pu passer ensemble la veille. Elle est rentrée trop tard, prise par le travail ou tu ne sais trop quoi et t’as préféré tenter de retrouver les bras de Morphée plutôt que te tirer des draps lorsque la porte d’entrée t’a réveillée. Que tu décides de fuir le matin venu n’a donc rien d’étonnant. Tu lui laisses un mot pour la prévenir que t’es partie courir et t’efforces de te changer les idées par la suite, d’ignorer la vague d’émotions qui te tord le ventre bien plus que l’effort physique.
Naïvement, t’as cru que l’escapade, celle que t’as remporté comme par miracle, vous aurait été bénéfique. T’as cru que d’avoir droit à deux jours presque parfaits vous aurait aidé d’une façon ou d’une autre. Sur le coup ça semblait possible, lorsqu’il n’y avait qu’Astrid et toi, loin de toute autre considération, dans une bulle qui vous protégeait de toutes les difficultés, de tes doutes aussi. Mais ils étaient revenus, presque immédiatement après votre retour à la maison, en même temps que la distance qui s’est invitée dans votre couple depuis quelques temps. La même que tu essaies d’éviter autant que tu l’accentues en décider de sortir plutôt que profiter de la présence de ta fiancée.
Peut-être que tu veux juste éviter la conversation que vous devez avoir, que vous repoussez toujours d’une façon ou d’une autre.

Un autre échappatoire se présente pourtant à toi sans même que tu ne le recherches activement. Tu réponds au message d’Oceana avant de rentrer te changer pour la rejoindre. Pas le temps de t’attarder à la maison, juste le temps te laver, te changer et repartir aussitôt. Tu vas tout de même embrasser Astrid, lui assurant que tu ne rentrerais pas tard, sans pour autant savoir si ta fiancée serait là à ton retour, peu importe l’heure.
Voir ton amie te ferait le plus grand bien qui soit dans tous les cas. Parce que vous vous comprenez, parce que tu pourrais parler sans soigneusement choisir tes mots de peur de faire un aveu horrible. « Hey. » Que tu réponds à Oceana alors qu’elle se rapproche. T’accueilles l’étreinte naturellement, la serrant un peu plus dans tes bras. « Comment tu vas ? » Une question qui peut être lourde, mais qu’elle peut décider d’ignorer sans aucune gêne ou hésitation. Vous avez tout le temps que vous voulez pour embarquer dans des discussions plus sérieuses de toute façon. Vous allez aussi pouvoir vous détendre bien comme il faut compte tenu de l’activité qu’elle a choisi. « Première fois aussi, je n’ai jamais eu l’occasion d’essayer. » Ou plutôt t’as jamais pris le temps d’essayer, ce qui est idiot considérant que t’as été dans des instituts à Londres, généralement dans le cadre de weekend ou d’escapade quelconque. « Mais c’était une excellente idée, un peu de self care nous fera le plus grand bien. » Enfin, te fera le plus grand bien, de ça tu peux être certaine. Tu soupires légèrement avant de préciser le fond de ta pensée. « J’ai tellement de choses en tête en ce moment, j’ai l’impression qu’elle fait la moitié de mon poids. » Une façon un brin dramatique de décrire ton état d’esprit. Ce n’est pas faux en soit, ce n’est juste pas dans tes habitudes d’en parler de cette façon. Enfin, il faut bien que tu soit honnête avec quelqu’un, même si c’est avec Astrid que tu devrais l’être par-dessus tout.

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C’est devenu une deuxième nature chez Oceana de dissimuler la vérité sur ce qu’elle ressent, sur ce qui se déroule dans sa vie. Cette peur aux entrailles de se savoir jugée, si un jour, elle se libère de ce poids. Depuis cette fameuse conversation, Oceana occupe son temps du mieux qu’elle le peut, elle focalise son attention au travail et parfois aux préparatifs d’un mariage qui n’arrivera peut-être pas. Elle le fait parce que cela semble lui apporter un sentiment de bien faire, de prouver à Flynn qu’elle ne laisse pas tomber. Oceana aimerait simplement avoir une télécommande lui permettant d’accélérer le temps jusqu’à ce que l’image ou la scène semble parfaite. Idéale. Impeccable. Comme autrefois, au tout début. Peu importe ce que mieux signifie aujourd’hui. Pour une raison quelconque, tout semble mieux lorsque la sirène prétend que tout va bien. Ce sont les mots qu’elle se répète sans cesse, qu’elle ne cessera pas de répéter jusqu’à ce soit réalité.
À la vision de Luz, tout semble aller beaucoup mieux qu’il y a quelques minutes. Un court instant, la boule de stress au fond de son estomac s’évapore et les étaux autour de ses poumons la laissent respirer mieux. Il y a un sourire passager avant de souffler en rigolant nerveusement. « Ouf, la fameuse question. Entre les fiançailles, Flynn, le nouvel employé de la poissonnerie et mon manque de sommeil, j’ai connu de meilleurs jours. » Admet Oceana, parfaitement sérieuse. Elle n’a pas besoin de prétendre quoi que ce soit en compagnie de Luz car toutes les deux, elles se comprennent. Elles ne se jugent pas. « Et toi, comment tu vas ? » Oceana ne lui retourne pas la question par simple politesse, mais aussi par intérêt à son égard. Parce que leurs situations sont similaires, que les doutes se rapprochent et se serrent la main comme pour confirmer qu’ils se comprennent sans même avoir échangé un seul mot. Comme une entente. « Tu trouves ? Je n’étais pas certaine, mais selon les avis sur le web, c’est l’endroit où se détendre et prendre soin de soi-même. Il faut bien le faire, non ? Si on ne le fait pas nous-mêmes, qui le fera ? » Ça peut paraître anodin, mais cela réconforte Oceana que Luz trouve l’idée excellente. D’une main, elle attrape la poignée et est sur le point de tirer sur celle-ci avant de s’arrêter et Oceana ricane légèrement. Elle ricane parce que Oceana a, également, cette impression. Une tête trop pleine et pas assez d’espace. Elle a l’impression de recevoir un message l’avertissant que son stockage icloud est saturé tous les jours. « Je compatis, je t’assure. L’objectif d’aujourd’hui est d’évacuer certaines choses. » Répond Oceana, ouvrant la porte pour ensuite suivre Luz à l’intérieur. À la réceptionniste, elle mentionne une réservation pour 2 sous son nom. « J’ai parlé avec Flynn, il y a quelques temps... » La phrase qui reste en suspens le temps de laisser à Luz d’assimiler ce qu’elle est sur le point de lui confier. Oceana se doute que son amie à un doute, en dehors de Fauve, Luz est la seule à savoir pour les doutes. Trois personnes qui savent maintenant dont une qui ne mérite pas les doutes. « Je lui ai dit pour mes doutes et l’atmosphère à l’appartement a complètement changé depuis. » Des moments qu’ils ne partagent plus réellement, des conversations rapides, jamais plus. Un silence qui règne. Oceana marche sur des œufs depuis. « Je sais qu’il essaie de me donner mon espace et je lui donne la sienne, mais je sais qu’au fond, il m’en veut. » Et Oceana, elle comprend ce sentiment ; elle l’accepte avec difficulté, pourtant.

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Retrouver Oceana qui te comprend est une véritable source de réconfort. Tu sais d’ores et déjà que la journée te ferait le plus grand bien du seul fait de sa présence et de l’activité prévue. T’aurais peut-être du penser à l’épargner de la question fatidique, celle qui lui arrache un rire nerveux. Tu n’es pas complètement surprise de la réponse qu’elle t’offre, mais ça te fait un peu mal au coeur. T’aurais quand même préféré qu’elle te dise que tout allait bien et que ce soit la vérité. Mais tu comprends ce que c’est, malheureusement. « Peut-être qu’il faudrait bannir la question en fait. » Tu plaisantes un peu, parce qu’au final, si tu la poses c’est bien parce que la réponse t’intéresse. « Au moins tu vas passer une bonne journée aujourd’hui. » Que tu lui dis d’une voix encourageante. Certes, ce n’est pas vraiment une promesse que tu peux, mais tu comptes bien t’arranger pour que ce soit vraiment le cas. Ça te ferait du bien aussi, parce que ton état d’esprit n’est pas bien différent du sien. « J’ai connu des meilleurs jours aussi. C’est compliqué avec Astrid en ce moment et je sais plus ce que je ressens. » Pas besoin d’embellir la vérité même si t’entres pas exactement dans le coeur du sujet tout de suite. Tu sais plus ce que tu ressens parce que votre wedding planner est venue te taper dans le coeur, parce que les absences de ta fiancée te pèsent énormément.
Alors oui, t’as le coeur gros et la tête pleine. Autant dire que vos plans de la journée tombent à point. « T’as bien raison. » Il faut prendre soin de vous-mêmes. Le pire, c’est que tu sais que tu n’es pas vraiment à plaindre, que malgré ses absences, Astrid veille toujours sur toi. Ce qui n’empêche pas que tu as bien besoin de souffler, d’évacuer certaines choses de ton esprit. T’emboites le pas d’Oceana qui te traine vers l’intérieur tout en hochant la tête. C’est un bon plan, c’est le bon plan pour vous deux.

Et faut croire que c’est d’autant plus nécessaire vu ce qu’Oceana ajoute après avoir parlé à la réceptionniste. « Oh. » Une réaction un peu inutile, mais tu comprends bien l’incidence que peut avoir une telle discussion sur un couple. C’est bien pour ça que tu n’oses pas l’avoir avec ta fiancée. Ça se confirme rapidement lorsqu’elle poursuit sur sa lancée. Ça doit être difficile à entendre pour Flynn, tu peux le comprendre en soit, mais ça ne devait pas être plus simple pour ton amie d’avouer ses doutes. « Au moins tu lui as dit la vérité. » C’est bien plus que ce que toi tu fais Luz. Peut-être devrais-tu prendre exemple sur elle, quitte à ce qu’il t’arrive la même chose. « Tu regrettes de lui avoir dit ? » Est-ce que toute vérité est bonne à dire ? Là est la question ultime tu penses. Dans un couple ça te semble primordial, crucial, mais c’est parfois plus difficile à atteindre, par peur de ne pas blesser l’autre ou pour une autre raison toute aussi valable. C’est difficile d’être si proche d’une autre personne et de devoir prendre les décisions en conséquences. Tes années de relation avec Astrid ne t’ont pas préparées pour les complications récentes. « Je me doute que ce n’est pas simple de sentir qu’il t’en veut, mais peut-être qu’un peu d’espace ça t’aidera à y voir clair. » Ce n’est pas si simple, t’en es consciente, mais prendre du recul a toujours son utilité. Ce n’est jamais facile à faire, jamais agréable, mais ça peut être un mal pour un bien. Dans le cas d’Oceana, t’espères que ce sera au moins ça.
Sinon vos soins de la journée seraient là, voilà la seule certitude alors qu’un employé vous fait signe de le suivre.

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Au fond, Oceana a envie de revenir en arrière pour justement s’empêcher d’admettre quoi que ce soit et même si elle sait que c’est égoïste de sa part, la simple idée de perdre Flynn, après toutes ses années, tous ses souvenirs qu’ils ont partagés, est encore bien plus horrible que cette envie d’être égoïste. Malheureusement, revenir en arrière n’est pas possible. Ce qui est fait est fait. Elle ne peut plus reculer, Oceana peut simplement continuer d’avancer en conservant cet espoir qu’un jour, il trouve la force de lui pardonner.
Le sourire qu’elle offre à Luz est sincère. « Tu as raison. On devrait bannir cette question de nos vocabulaires et ma journée s’annonce plus que parfaite. » Ça va lui faire un bien fou, Oceana en est convaincue. Une journée entre filles, à se faire dorloter, ça ne peut qu’apporter sa dose de réconfort à l’âme. Quelques heures à ne pas réfléchir, à ne pas penser à la situation qui l’attend à la maison. Pourtant, Oceana en parle ouvertement à Luz car en Luz, Oceana a confiance. Luz va comprendre ce qu’elle traverse. Elle connaît déjà ce que c’est d’avoir des doutes. Oceana hoche de la tête, elle comprend Luz. N’a pas besoin d’en savoir davantage pour savoir ce que c’est de ne pas savoir ce qu’on ressent, peu importe le niveau d’amour à l’égard de la personne qu’on aime. « Je ne peux pas t’aider là-dessus autre peut-être te conseiller de lui en parler. Ce n’est pas facile, les mots s’embûchent et les mots se prononcent maladroitement. Mais ça retire un poids et ça, ça aide. » Un peu. Pas pour bien longtemps. Quelques minutes avant que la culpabilité décide d’envahir sans demander l’autorisation. Parce que c’est ce qu’elle ressent en ce moment, Oceana, c’est la culpabilité de faire vivre cela à Flynn, de lui donner l’impression de ne plus l’aimer alors qu’en réalité, elle l’aime. Elle l’aimera toujours.
Elle répond bien avant d’avoir réfléchit plus en profondeur à cette question. Elle répond d’un mot simple composé de trois lettres. « Oui. » Et non, ce côté, elle a de la difficulté à se l’admettre alors comment est-ce qu’elle peut l’admettre à Luz qui, elle est certaine, la comprendra peu importe ce qu’elle lui dit. Mais c’est trop difficile de le dire à voix haute, de laisser le mot sortir de sa bouche et flotter comme si ce simple fait suffit pour donner de l’importance. Ça, Oceana ne veut pas encore le fait. « Tu sais le pire dans tout ça ? » Oceana marque une pause. Réfléchit, récolte les mots, positionnent ceux-ci aux bons endroits afin que ses paroles aient du sens. « Il a raison de m’en vouloir, ça fait des années qu’on parle de se marier un jour, je n’arrête pas de dire à tout le monde qu’il est l’homme de ma vie et puis quand il a finalement posé le genou au sol pour me demander ma main, j’étais heureuse. Heureuse les premiers mois et finalement, les doutes se sont pointées sans un moindre avertissement. » Un jour, elle s’est réveillée et il y avait ce nœud en elle. Un sentiment impossible à chasser peu importe les nombreuses tentatives. Oceana suit l’employé dans un silence et finit par s’installer sur une chaise. « Je n’ai jamais compris pourquoi j’avais des doutes alors que tout allait bien entre nous. » Admet-elle finalement en haussant les épaules et une légère moue aux lèvres. Même aujourd’hui, Oceana ne les comprend pas les doutes et tout ce qu’elle sait est qu’ils sont là. Qu’ils étaient bien présents. La détruisant de l’intérieur. C’est la vie, qu’elle se dit. « Je ne sais pas qui a dit que la vérité nous libérera, mais il ou elle n’a jamais été dans nos situations. » La plaisanterie tombe à plat parce que son ton est sans humour.

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(outfit) Ton doux sourire s’étire un peu plus lorsque Oceana parle d’une journée parfaite. Il n’y a aucune doute quant au fait que ça vous ferait du bien, peut-être que ça t’éviterait de devoir aller voir un kiné. Et ce, malgré la question maudite que vous vous êtes posée. C’est tout de même plus simple d’y répondre avec elle, parce que tu sais qu’elle te comprend et ça te fait un bien fou. Tu peux être un peu plus honnête qu’à la normale sans peur du jugement - autre que le tien. Elle le prouve notamment par sa réaction à ton aveu. Elle aurait pu t’accuser d’ophiolâtrie vu comment tu te comportais de façon abhorrante - trop perfide pour une fiancée amoureuse. Elle te conseille d’en parler à Astrid et tu ne peux pas t’empêcher de grimacer légèrement sur le coup. Oh, en soit, tu sais qu’elle a raison, que ça te ferait du bien, mais en même temps t’aurais plus envie de subir une fistulographie ou d’apprendre ce qu’est un tuple plutôt que d’affronter ta fiancée et lui avouer que tu as des doutes. Ça lui briserait le coeur et tu ne te sens pas capable de le faire. « Je sais que je devrais le faire. » Bien sur, c’est la seule solution. « Mais j’ai tellement peur de sa réaction. » Pour une multitude de raison, mais surtout parce que ça pourrait signifier la fin de votre relation et ce n’est pas ce que tu veux. « Je ne veux pas qu’elle pense que je ne l’aime plus. » Au fait, tes sentiments sont bien la seule certitude que tu peux avoir dans la situation, c’est d’ailleurs bien ironique que ce soit accompagné d’autant de doutes.

Et au final, peut-être que ta peur pourrait s’avérer exacte considérant ce qui a suivi les aveux d’Oceana. Ses regrets t’inquiètent, pour elle - mais aussi pour toi de façon plus inconsciente. Ça se voit bien dans tes yeux couleur ébène alors que ébène alors que t’écoutes attentivement ce qu’elle ajoute. Tu te laisses tomber à côté d’elle sans lâcher un seul mot. T’as besoin de la laisser vider son sac autant que possible avant de te prononcer. Dans d’autres circonstances t’aurais peut-être pu rire de la plaisanterie qu’elle dit sur un ton plan, mais dans la situation, tu ne trouves pas l'envie d’en rire. « Clairement ouais, ça devait être un saint sans secret. » Tu ne penses pas que c’est possible dans le monde, ça semble plutôt être une énigme de la vie, le genre qu’une sphinge pourrait poser en étant certaine que personne ne trouverait la solution. Pour ce qui est des doutes qu’elle ressent, il est difficile de te prononcer, en partie parce que tu comprends, mais aussi parce que tu ne peux pas savoir ce qu’elle ressent à sa place. « Ce serait plus simple si on pouvait contrôler les doutes, mais… » Vous ne pouvez pas, peu importe à quel point vous le voudriez. « Peut-être qu’il pourrait y avoir une façon de les atténuer ? Tu penses toujours qu’il est l’homme de ta vie ou tu en doutes ? » Parce que les doutes peuvent être à un autre niveau et que tu veux mieux comprendre pour l’aider. Ta question est sans jugement, seulement animée par cette envie de trouver une solution. « Enfin, on peut aussi te distraire si tu veux penser à autre chose pendant une journée de bonheur. » La proposition est importante, parce que autant tu sais que tu pourrais vouloir lui en parler de ta situation, tu comprends aussi le besoin de ne pas y penser. C'est aussi pour ça que c'est compliqué à tes yeux. C'est étouffant, c'est un problème difficilement surmontable. Alors tu laisses le choix à Oceana, tu lui laisses le champ complètement libre. Après tout, vous êtes ici pour une journée parfaite, autant qu'elle le soit.  

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D’une manière innocente, peut-être trop rêveuse pour la sirène, Oceana a ce souhait que tout redevienne comme avant — lorsque tout était plus simple. De ce temps où on la considérait encore comme une gamine naïve et aidante, qui ne se souciait pas du futur plus que ça. De ce temps où le seul détail importait était les notes obtenues sur les travaux du lycée, de savoir si on l’appréciait suffisamment pour ne pas être le clown de service et surtout, de passer le plus de temps possible avec Flynn avant qu’ils quittent tous les deux pour des études universitaires.
Bien entendu, les études universitaires pour Oceana ne sont jamais arrivées ; sachant depuis sa plus tendre enfance, bien avant la disparition de son père qu’elle travaillerait à la boutique familiale parce que, pour Oceana, cela a longtemps été son rêve.
Peu importe ce qu’on peut penser de ce rêve régulier et petit ; peu importe ce qu’on son grand-frère peut en penser. Peu importe ce que les gens peuvent en penser, Oceana ne se plaint pas de ce petit rêve, reste fidèle à ses valeurs. Celles où elle considère que la petite poissonnerie mérite de survivre à travers les tempêtes, d’être toujours présent même des années après sa mort. Elle considère cette boutique comme son héritage.
Elle avait aussi ce rêve de marier Flynn plus jeune comme si depuis cette première rencontre, elle savait qu’il serait celui qu’elle marierait un jour. Celui qui lui donnerait une jolie petite famille et qu’ils vivraient heureux ici à Weymouth, leur terre d’accueil. Maintenant, tous ses rêves ? Oceana a l’impression que les châteaux commencent à s’ébranler et qu’ils sont sur le point de s’échouer au sol, mettant tous ses rêves en péril. « Je comprends et compatis. Tu peux toujours aimer une personne de tout ton cœur et avoir des doutes. C’est triste, mais la vie n’est jamais ce qu’on imagine réellement. » Et ce détail, Oceana le réalise davantage tous les jours où Flynn l’évite comme la peste. Mais elle garde tout de même cet espoir qu’un jour, il lui pardonne et réalise que ce ne sont que des doutes.
Parce que c’est aussi une réalisation à laquelle Oceana est arrivée récemment.
Que l’amour n’est — pratiquement — jamais comme dans les films. Que cette représentation est fausse. Qu’il n’y a rien de facile. Que c’est normal, presque obligatoire, d’avoir des embûches sur le chemin d’une relation. « Qui n’a rien fait de grave dans sa vie. » Ne s’est jamais considérée comme une personne ayant le plus gros des secrets, s’est toujours considérée comme une personne discrète sur sa vie alors que la moitié de la ville sait, parfois bien avant elle, ce qui se passe dans cette vie. Mentir est mal, ça c’est un fait dont Oceana a conscience ; pourtant cela ne lui a pas empêché de mentir pendant des semaines à Flynn, à tout le monde, que tout allait bien. « Ça serait trop simple de pouvoir brandir une baguette magique et les effacer. » Qu’elle répond d’abord, marquant une pause. Une pause qui lui permet de se poser aussi la question. Est-ce qu’elle l’aime toujours ? Persuadée que oui, les sentiments sont toujours présents. Ne sait pas si c’est encore une fois la vérité ou un mensonge dont Oceana essaie de se convaincre. « Je ne sais pas. » Et dans ses mots, Oceana sent ce cœur se briser ; ne pas savoir lui donne envie de se prendre la tête entre les mains et pleurer toutes les larmes de son corps. Lui donne envie de prendre la fuite et revenir lorsque dans sa tête tout serait moins compliqué.
Tourne la tête en direction de Luz et lui offre un sourire. « Je préfère cette option. Je me dis qu’on mérite bien une journée où on pense seulement à nous. » Qu’une simple journée de relaxation où elles n’ont pas besoin de prétendre quoi que ce soit. De s’obliger à effectuer des tâches alors que les doutes s’accumulent dans un coin quelque part. « Je peux te parler du nouvel employé chiant de la poissonnerie, si tu veux. Partager toute ma frustration à son égard. J’te jure Luz, il a une attitude où tu as l’impression qu’il se croît meilleur que tout le monde. » Le goût de leur première rencontre toujours bien présent à la bouche, elle en rigole maintenant, certaine d’avoir réussi à bien le remettre à sa place. « Ou tu peux me dire comment ça se passe en dehors de tes fiançailles, par exemple le boulot, n’importe quoi. Cette journée nous appartient. » Pas difficile, Oceana accepte toutes les distractions.

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(outfit) La compréhension d’Oceana te fait tout le bien du monde. C’est comme un poids qui se retire de tes épaules de façon bien inconsciente. Peut-être que c’est tout ce que tu as besoin au fond, qu’on te comprenne, qu’on te dise que c’est normal. Ça vient apaiser la terrible sensation de culpabilité, ce boulet que tu traines malgré toi depuis quelques temps. T’es plutôt d’accord avec elle en soit, la vie n’est jamais aussi simple qu’on l’imagine ou qu’on le voudrait d’ailleurs. Tu y réfléchis un moment, peut-être que ce serait plus simple si t’étais capable d’accepter cette réalité. Malheureusement, t’es aussi le genre de personne qui préfère espérer, s’imaginer le mieux, quitte à être déçue après tout. C’est sans doute cela qui rend les choses si difficile pour toi. « T’as raison, c’est jamais aussi simple qu’on le voudrait. » Et tu ne vois pas trop quoi ajouter de plus à cette triste conclusion. Il faut que t’acceptes tes doutes et que tu prennes ton courage à deux mains pour en parler à Astrid.
Quoi qu’en fait, la vie te retirerait ce choix en te lâchant une bombe dessus alors peut-être que t’as pas tant d’effort à faire.

Il faut dire que les confidences d’Oceana n’ont rien de rassurantes à ce niveau. Tu peux imaginer ce qu’elle vit, tu peux certainement compatir, mais ça ne fait qu’attiser tes peurs. C’est peut-être pour ça que t’es prête à te moquer de l’idée que la vérité peut libérer. Accepter que ce n’est pas n’importe quoi devrait te pousser à être honnête avec ta fiancée et ça revient à tes peurs. Ça t’arrangerait de pouvoir brandir une baguette magique pour gérer tout ça. Est-ce que ça serait trop simple ? Oui. Encore une fois, elle a raison sur ce point. Tu te contentes d’hocher de la tête en signe d’approbation. Et c’est une réaction plus appropriée vu comment elle continue sur sa lancée. Tu n’as rien à ajouter à ses doutes, tu pourrait lui dire que tu la comprends - c’est une évidence - mais t’as l’impression qu’insister sur la question ne lui ferait pas de bien. Alors tu te permets de serrer doucement son épaule, un signe qui se veut encourageant.
Et surtout, tu lui offres une porte de sortie : parler d’autres choses. Lui (vous) changer les idées ne lui (vous) ferait pas de mal. Le sourire qu’elle t’offre semble indiquer que c’est la bonne direction à prendre. « T’as bien raison. » Une journée à vous, vous le méritez bien. Ça vous ferait du bien en tout cas, c’est un bon objectif. Tu ne peux t’empêcher de rire doucement à ce qu’elle propose. Il faut croire qu’elle a besoin d’en parler de ce nouvel employé. « JVas-y dis moi tout à propos de lui. » Il y a toutefois une chose plus importante que le reste. « T’as réussi à le remettre à sa place j’espère ? » En soit, que tu poses la question est assez drôle parce que c’est loin d’être dans ta nature de faire ça. Tu fuis plus que tu confrontes et sans doute qu’à sa place, c’est exactement ce que tu aurais fait. C’est ta philosophie pour le travail d’ailleurs.

C’est pour ça que tu n’as pas grand chose à dire sur le sujet. T’avances doucement dans tes projets, tu fais de ton mieux pour terminer les dessins qui sont à ta charge, mais tu doutes que ce soit vraiment des informations intéressantes à partager. Non parce que c’est plutôt tranquille à ce niveau-là en fait. Tu comptes gravir les échelons un jour, mais ce n’est pas une option pour l’instant. Tu réalises du même coup à quel point ta vie tourne autour de tes fiançailles ou plus largement d’Astrid. C’est peut-être le signe que t’as une vie posée ou alors qu’il manque de rebondissement - même si tu préfères les choses comme ça. « Je pensais adopter un animal de compagnie, mais je ne me suis pas encore décidée. » Et surtout, t’en as pas encore parlé longuement avec ta fiancée. « JPeut-être un chien. » Ou un chat, c’est un peu plus indépendant, ça cadrerait surement mieux avec vos horaires. T’en sais rien au fond, c’est surtout une façon de combler le vide de la maison lorsqu’Astrid n’est pas là.
Comme quoi ça revient bien trop à elle facilement.   

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Malheureusement, Luz et Oceana se sont retrouvées dans deux situations identiques. Une dans laquelle, malgré une jolie histoire d’amour, elles n’échappent pas aux doutes qui règnent dans leurs esprits. Comme elle, Luz confirme que ce n’est jamais aussi simple qu’on le voudrait, lui confirme que la vie n’est pas comme dans un conte de fées. Que les histoires d’amour ne se terminent pas comme les livres ou les films. Qu’il y ait, parfois, des échecs et c’est le plus difficile à avaler, c’est le bout qui ne fait pas de sens peu importe le nombre de fois qu’on essaie de se convaincre que tout s’arrangera, que tout reviendra comme avant, ça ne veut pas forcément dire que c’est le cas.
Car Luz comprend ce qu’elle traverse, il lui semble normal de lui en parler ouvertement, sans se retenir d’une certaine façon. Elles se supportent dans cette phase difficile. Mais en vérité, Oceana a ce désir que ça s’arrange entre eux. Que ça s’arrange aussi pour Luz, pour que, toutes les deux, aient droit à cette belle histoire d’amour qu’on nous fait avaler sur une base quotidienne. Mais même en lui parlant de tout ça, il y a cette pointe de nostalgie, il y a cette douleur qui se fait ressentir au cœur et Oceana ne se fait pas prier pour accepter le changement de sujet. D’abord, elle confirme d’un petit hochement de la tête que oui, elle pense avoir réussi à le remettre à sa place ce nouvel employé qui lui rend la vie difficile, dont elle a encore de la difficulté à accepter la présence. Ne craint pas la confrontation même si elle préfère ne pas en avoir parce que la vérité est que Oceana préfère lorsque tout est harmonieux, mais si on la pique, elle réplique Oceana ; sa gentillesse à ses limites à la sirène et lui, la première journée, il a réussi à appuyer sur les mauvais boutons. « Évidemment, tu crois que je vais me laisser faire face à un mec comme lui ? J’ai aussi deux grands-frères alors je sais me défendre. » Indique Oceana, rigolant de bon cœur — être la seule fille du couple Brown a des désavantages, mais aussi des avantages, c’est l’idée dans laquelle Oceana se réconforte lorsqu’elle retourne aux conversations courtes partagées avec Edwin. « Un mec chiant, qui se croit meilleur que tout le monde et il dégage tout ça. Le premier jour, j’ai dû lui montrer comment ça fonctionnait et je voyais dans son regard que ça ne lui plaisait pas. Je pense même que c’était la première fois qu’il devait utiliser une vadrouille, c’était un peu hilarant. » Depuis ce jour, Oceana s’est assurée de lui adresser que si elle en avait réellement besoin. De ne pas le laisser l’agacer plus longtemps parce qu’il l’agace, ça c’est un fait indéniable. « J’ai aussi compris pourquoi il est comme ça, né dans la bonne famille, une jolie carrière puis boom, une chute incroyable. C’est triste, je crois qu’il espère, un jour, retourner à sa vieille vie. » Pour ce point, peut-être que Oceana compati un tout petit peu. Elle a de la compassion pour les malheurs de ce cher Edwin Goldstein.
Il faut continuer de vivre sa vie malgré tout. On ne peut pas laisser les doutes nous détruire. Alors, Oceana continue de se rendre au boulot, de prétendre que tout va bien et d’afficher ce sourire aux lèvres pour l’entourage et les clients. Acceptant les distractions lorsqu’elles se présentent. « Vraiment ? C’est une excellente idée, tu devrais le faire, qu’est-ce qui te retient de ne pas l’avoir fait déjà ? » Si Luz en a envie, Oceana est prête d’abandonner la journée à l’institut de beauté afin de se rendre au refuge animal. « Je peux même aider en allant prendre des marches avec lui et tout. Pourquoi est-ce qu’on adopte pas à deux ? » Lui propose cette idée loufoque, en espérant que ça offre à Luz une occasion de rire ou même sourire.

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(outfit) Le changement de sujet de conversation vous fera le plus grand bien à toutes les deux. Bien que vous êtes bien placées pour vous comprendre quant à ce que vous vivez et ressentez vis-à-vis de vos mariages à venir, il est aussi plaisant de ne pas avoir à y penser. Après tout, il s’agit de problèmes qui peuvent difficilement être ignorés dans la vie de tous les jours, autant vous offrir ce moment de répit.
Quoi que parler du nouvel employé pénible de la poissonnerie n’est peut-être pas le divertissement idéal pour Oceana. Toi ça te fait rire, surtout quand elle confirme qu’elle l’a remis à sa place. Ce n’est pas quelque chose que toi tu fais. Tu préfères chercher un compromis, un échappatoire quitte à vivre dans le déni - ce n’est pas pour rien que ta situation maritale est aussi complexe à ce jour - mais tu n’es pas surprise d’entendre qu’elle a choisi une autre option. Tu continues de rigoler, doucement, en essayant de t’imaginer la scène. « Je me disais bien. » C’est aussi drôle de penser que tu as toi aussi des grands frères et pourtant, ça t’a jamais mené à savoir te défendre. Peut-être que tu devrais imiter Oceana pour ça, pas que tu y arriverais de sitôt. C’est donc plus simple de te concentrer sur la description qu’elle te fait de l’insupportable personnage qu’elle doit tolérer au travail. Encore une fois tu n’as aucune difficulté à imaginer la scène. « Oh wow, ça a du révolutionner son monde ça. » Faut croire qu’elle lui a appris la vie c’était sans doute beau à voir. « Et ça doit vraiment être pénible pour toi. » Tu te fais compatissante, même si tu ne peux pas l’aider de quelques manières que ce soit. Tu peux seulement te faire un portrait robot du personnage. « Tout un personnage donc. » Mais oui c’est assez triste quand tu y penses plus qu’un instant. Tu lui souhaites de pouvoir retourner à son ancienne vie, ne serait-ce que parce qu’il serait hors de celle de ton amie. « Mais bon te connaissant, il va vite devoir accepter qu’il n’est pas meilleur que toi. » Parce que peu de gens arrivent à la cheville de ton amie - et oui t’es peut-être un peu biaisée à ce niveau-là.

Puis bon, au moins tu peux te dire que tu n’as pas vraiment de collègue si désagréable que ça. Il y en a qui sont pénibles, pour sur, mais la firme est assez grande pour que tu puisses les éviter autant que possible. C’est une des raisons pour lesquelles ta vie aussi posée, ce que tu réalises lorsque tu te retrouves avec rien à dire sur ton quotidien, rien qui ne se rapporte pas à Astrid en tout cas. Du moins jusqu’à ce que tu penses à partager une idée qui te trotte en tête depuis quelques temps déjà. L’enthousiasme d’Oceana est encourageant, bizarrement tu ne crois pas que ta fiancée aurait le même. C’est bien pour ça que tu n’as pas osé franchir le pas jusqu’à présent. « Je ne sais pas si on aurait le temps d’assez bien s’en occuper. » Que tu avoues avec une petite grimace. « Enfin mes horaires sont corrects à la limite, mais avec ceux d’Astrid… » Tu t’arrêtes là, n’ayant aucune envie de te relancer sur le sujet. À la place, ile st bien plus amusant de considérer la proposition que te fait ton amie. Celle qui te fait rire à nouveau. « Vas-y c’est la solution parfaite ça. Pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ? » Si seulement c’était possible - et pratique - d’adopter à deux comme ça. Enfin tu sais qu’elle pourrait vraiment t’aider, mais tu préfères continuer dans le délire. « Qu’est-ce que tu voudrais comme chien ? J’aimerais bien une grosse bête, ça donnerait l’impression d’avoir un ourson. » Enfin, en vérité n’importe quel chien ferait l’affaire.
Puis bon, à prendre un toutou trop imposant, tu risques te faire promener plus que toi tu le promènerais.

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Au moins, Luz semble trouver la situation avec Edwin comique et c’est tout ce qui compte pour le moment. Parce que pour Oceana, elle a de la difficulté à trouver le côté comique de tout cela, mais cela ne l’empêche pas de rigoler aussi avec Luz de son malheur du moment. Admet sans gêne, à Luz, que non, elle ne se laisse pas faire car ce n’est pas dans son habitude à la sirène de se laisser marcher sur les pieds, qu’elle a appris à ne pas accepter une défaite sans se défendre au minimum. Bien sûr, on ne parle pas d’une bataille avec des armes, mais une joute verbale. Oceana n’a pas la langue dans sa poche, elle se considère comme étant une personne pouvant gérer les hommes difficiles car Oceana a de l’expérience là-dedans, grâce à ses deux grands-frères. « Je crois que oui. Je ne sais pas s’il le fait chez lui pour autant, mais à la poissonnerie, il va devoir s’habituer à cela parce que bon, en dehors de ventre du poisson aux clients, passer la vadrouille est l’une des seules tâches qui reste à faire à la boutique. » Car de ce qu’elle a compris de lui, c’est que dans son ancienne vie, il devait avoir une femme de ménage s’occupant, probablement, de toutes les tâches ménagères de son penthouse. Cela doit être encore nouveau pour lui. « Ça l’est. J’en suis au point où je préfère presque rester dans le bureau à faire les comptes maintenant. Je dois encore m’habituer à sa présence et son arrogance, maman semble bien l’apprécier. » Oceana a une idée de comment il a obtenu le poste à la boutique, Edwin doit avoir enfiler un masque lors de son entretien avec elle, ne lui montrant pas ce côté hautain dont il semble faire preuve en tout temps. Elle est aussi très certaine que lorsque Edwin se trouve en la présence de sa mère, il lui montre une facette plus sympathique. Peut-être qu’elle se trompe, peut-être pas, tout ce qu’elle sait est que lorsqu’il est en sa compagnie, Edwin se montre désagréable. « Évidemment. » Répond-t-elle en lui offrant un sourire en coin et un clin d’œil. Oceana compte tenir son bout jusqu’à la fin. Tout ça pour éviter de perdre une bataille imaginaire entre deux adultes. Pathétique un peu ? Non, du moins pas pour le moment. Peut-être plus tard va-t-elle réaliser que ça l’est.
Oceana hoche de la tête, en accord avec ce que Luz lui dit. Tout est une question de temps et un chien, ça en demande beaucoup. « Tu ne peux pas savoir tant que tu n’as pas posé la question à Astrid. » Oceana peut comprendre que cela est un investissement de temps, elle peut aussi comprendre qu’elles sont deux à prendre cette décision. Que Luz ne peut pas revenir un jour avec un chien à la maison sans l’approbation de sa moitié. Parce que tout cela s’applique également à sa situation à elle parce que malgré un horaire du temps assez libre, Oceana ne se voit pas ramener un chien sans en parler avant avec Flynn. Elle n’est pas aussi impulsive qu’elle le laisse transparaître. « Tu vois ? J’ai une solution à presque tout dans la vie, ce serait comme une garde partagée. Une semaine avec toi, une semaine avec moi. Ce chien ne manquerait jamais d’amour. » Lâche-t-elle en ricanant doucement. La vérité est que cela ne restera qu’une simple idée qui ne se réalisera jamais, malheureusement. Parce que ce n’est pas aussi simple que ça. « Un golden retriever, j’ai l’impression que cette race correspond plutôt bien à ma personnalité. » Blond et toujours enjoué. Un peu comme elle. « Mais je ne voudrais pas acheter un chien, je préférerais largement l’adopter pour justement donner une deuxième chance. Et toi ? » Ajoute Oceana tout en lui retournant sa question. Au fond, elle n’est pas très difficile, peu importe la race du chien, Oceana serait comblée.

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(outfit)T’aimerais avoir autre chose à offrir à Oceana pour l’aider que ton rire, mais tu n’as rien. Parce que tu ne peux pas non plus régler le cas de l’employé récalcitrant même si tu te pointais à la poissonnerie. Tu ne te permettrais jamais d’être une cliente difficile et de toute façon t’en es probablement pas capable. Alors tu ne peux qu’être une oreille attentive ou une éventuelle épaule sur laquelle pleurer. Pas que ce soit le genre de ton amie, elle qui est bien plus forte que toi sur tous ces points-là. T’évites les conflits autant que possible, même avec tes collègues les plus désagréables. « Et vu son attitude, c’est peut-être mieux s’il est avec la vadrouille. » Puis qui sait, peut-être qu’il deviendra le meilleur à la passer avec beaucoup d’entraînement et ce sera toujours ça de gagner. Pas pour les nerfs de ton interlocutrice qui avoue qu’elle préfère faire les comptes que passer du temps où il est. Tu fais mine de siffler, l’air de souligner que c’est toute une affirmation. Tu ne connais que très peu de gens qui aiment faire les comptes, donc ce n’est pas peu dire. « Au moins t’as une façon de t’enfuir… » Un piètre réconfort considérant qu’il s’agit de faire des comptes, mais ça reste une porte de sortie face à un terrible personnage. « J’imagine qu’il fait des efforts quand ta mère est dans les parages. » Après tout, il suffirait que la mère d’Oceana réalise qu’il est horrible pour qu’il soit dans de beaux draps. C’est une chose d’être insupportable auprès d’une autre employée - fusse-t-elle la fille de la patronne - c’en est une autre de se mettre à dos la cheffe de la boutique.
Quoi qu’il en soit, pour ton amie, tu ne sais pas s’il vaut mieux espérer qu’il se fasse découvrir comme un vil personnage ou simplement qu’il se fasse vaincre par Oceana. T’as aucun doute sur la capacité de ton amie à se montrer plus têtue que ce nouvel employé. Toi tu ne peux que l’encourager alors c’est ce que tu fais.

Ton amie, elle, fait preuve d’un peu plus de sagesse. Te rappelle que, même pour la question d’un chien, il faut que tu en parles à Astrid pour savoir ce qu’elle en pense, si c’est possible. T’hoches la tête. « Je sais bien. » T’aimerais ça pouvoir arriver avec un chien, comme une fleur, mais ça ne fonctionne pas comme ça. Vous êtes deux, vous êtes une équipe. Et tu ne peux certainement pas reprocher à ta fiancée d’être distante - de sembler avoir un secret - pour en avoir encore plus de ton côté. « De toute façon il faudrait que je sois sure de pouvoir m’en occuper. » Sans même faire entrer Astrid dans l’équation à ce niveau. Parce que tu sais que ses horaires ne le permettre pas et t’as pas envie qu’elle se mette autre chose sur les épaules.
D’où le (faux) intérêt pour la proposition d’Oceana. Ce serait bien si c’était possible. « Parfait pour moi. » Une semaine chez l’une, une semaine chez l’autre, que demander de mieux. « Ce serait le chien le plus heureux oui. » Avec tout l’amour du monde qu’il recevrait. Ah, si seulement c’était possible de partager la vie d’un chien comme ça. Ça viendrait avec son lot de problème, trop pour que vous l’ignorer. « C’est vrai que ça t’irait bien. » Un tel chien suivrait son énergie, pour sur. « Pareil, adopter en refuge me tente bien plus. » Parce que bon, aucun chien ne mérite de finir sa vie abandonné dans une cage. Il y a certes le problème qu’une fois dans un refuge tu risquerais de vouloir tous les adopter, mais bon. C’est un détail, c’est pas comme si t’es près d’y mettre les pieds. « Mais si je pouvais choisir n’importe quel chien, j’en voudrais un gros. Tu sais comme un Saint-Bernard ou Mastiff tibétain. » Le genre de chien qui ressemble plus à un ourson. Un chien qui pourrait assurément te trainer partout, mais qui serait le meilleur à donner des câlins. Ouais peut-être que c’est pas le plus réalise. Vu ta taille, un plus petit chien serait sans doute préférable. Ce serait également mieux au niveau de l’énergie à lui faire dépenser. « Après je suis pas si difficile je crois, j’adorerais n’importe quel chien. » Ou même n’importe quel animal que t’aurais la chance d’adopter, on va pas se mentir.  

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La boutique de sa famille, elle a toujours été son échappatoire personnelle à Oceana. Cela a toujours été l’endroit où elle apprécie se rendre pour décompresser un tout petit peu parce que, pour Oceana, cet endroit regorge de souvenirs, mais aussi d’histoires. Des histoires entendues des millions de fois, mais qui lui rappelle les aventures de son père et son grand-père avant lui. Un jour, ce sera à son tour de raconter toutes ces histoires à ses futurs enfants.

Un tableau magnifique jusqu’à ce qu’il soit taché par l’arrivé d’un certain Edwin Goldstein. Jusqu’à ce dernier débarque, du jour au lendemain, à la boutique et s’offre pour le poste de vendeur. Maintenant, Oceana redoute les jours qu’elle doit passer à la poissonnerie, trouve toujours des excuses pour ne pas bosser en même temps que lui, mais manque de chance, elle est la seule dans la capacité de lui montrer quoi faire lors de ses journées où il travaille. La seule à ne pas avoir la patience pour le faire. Une véritable malédiction, certaine même de plus avoir de chances à survivre en mer qu’à la boutique directement. « Pas faux. » Répond Oceana en ricanant légèrement parce que c’est vrai, Edwin a bien besoin de travailler son hospitalité avec les clients. « Ah ça oui ! Toujours. Là, à lui offrir les beaux sourires, à sortir les grands mots et ma mère le croît. Je remercie les comptes parce que sinon, je crois que j’embarquerai sur le premier bateau qui m’emmène loin de tout ça… Puis tu sais ce sont souvent les mêmes qui viennent à la boutique alors leurs histoires, je les connais par cœur maintenant. Je préfère les comptes même si c’est tout autant répétitif. » Beaucoup de mots pour dire que ça l’agace. Qu’il l’agace. Le soupir vient confirmer qu’elle est agacée au simple fait d’y penser. Elle qui redoutait les comptes avant et aujourd’hui, c’est le premier chemin qu’elle prend en rentrant au travail.

Au moins, elles arrivent à trouver un terrain d’entente et être d’accord sur le fait que leurs vies seraient améliorées si elles avaient un chien. « Il y a aussi ça. Il faut du temps et de la patience. En fait, c’est beau sur le papier avoir un chien, mais il y a les autres aspects. Ça donne de la pratique pour le jour où une personne décide d’être parent. » Car un chien est comme un enfant. Il faut le nourrir, le nettoyer, le sortir, lui acheter des jouets, en prendre soin. Mais l’espoir n’est pas impossible. Elles peuvent continuer de rêver au jour où elles auront un chien. Oceana préfère s’accrocher à cet espoir. « Dans une autre vie, j’étais sûrement un golden retriever vu mon caractère. » Ajoute Oceana avec un sourire. Blonde, enjouée, toujours heureuse (une bonne majorité du temps), elle est à 100% un golden retriever. « Un gros chien t’irait bien. Ça ajouterait de la balance à ta personnalité et ils sont tellement mignons. » Mais tout comme Luz, Oceana n’est pas difficile. Elle adopterait n’importe quelle race de chiens à partir du moment où elle a un coup de foudre. « Je suis contente de cette petite sortie toutes les deux, ça a fait du bien de pouvoir parler librement de mes doutes et de me plaindre de mon nouveau collègue sans avoir l’impression de déranger qui que ce soit. Merci d’avoir accepté. » Dit-elle soudainement, de ce ton doux et honnête. « Et si l’une d’entre nous finit par se marier, ça fait 50%, c’est bien. » Elle s’essaie à l’humour, échoue lamentablement, Oceana le sait.

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La situation peinte par Oceana n’a rien d’enviable. Tu ne peux pas l’aider, juste écouter ses plaintes et essayer de lui changer les idées. Parce que bon, jusqu’à présent, t’as même pas de conseils à lui offrir. T’es presque satisfaite de parvenir à la faire rire, mais ce n’est pas non plus une vraie victoire. Ça n’améliorera pas l’ambiance à la poissonnerie ou le caractère d’Edwin. Caractère qui change selon la personne à qui il s’adresse visiblement. Tu n’es absolument pas surprise d’avoir visé juste avec cette hypothèse sinon il n’aurait jamais été engagé, encore moins par la mère de ton amie. « Au moins les comptes n’ont pas son caractère déplaisant. » Tu n’as aucun doute quant au fait qu’ils sont ennuyants à mourrir cela dit. Ça en dit beaucoup si c’est ce qu’elle préfère, parce c’est quand même un dilemme digne de devoir choisir entre la peste et le choléra. « T’as pas envie des fois de sortir de la poissonnerie et d’aller sur les bateaux de pêche ? » En soit, tu sais que c’est un sujet délicat vu ce qui s’est passé avec son père, mais tu demandes quand même d’une petite voix. Parce que ce serait une façon de l’éloigner d’Edwin et malgré tout, Oceana a toujours eu ce lien avec la mer. Peut-être que ce serait un échappatoire décent pour elle. Ou peut-être que tu viens de mettre les pieds dans les plats, au choix.

C’est plus simple de parler d’adopter un chien même si ça reste un sujet épineux pour toi. En principe l’idée te plait, mais tu sais que la pratique est bien plus compliquée que ça. Ça demande du temps, une chose qui vous manque tout particulièrement à Astrid et à toi. Ce serait des responsabilités en plus qui tomberaient surement sur tes épaules, déjà parce que t’es celle qui veut un chien, mais aussi parce que t’as l’horaire le moins chargé de vous deux. « Je préfère de loin me contenter d’un chien cela dit. » Et vu la grimace qui vient tirer tes traits laisse sous entendre que c’est un sujet plus sensible qu’il n’y parait. T’as peur d’être une bien mauvaise mère s’il fallait que tu tentes d’avoir des enfants. C’est un sujet de contention avec Astrid, mais bon, tu préfères ne pas y penser plus que ça. Plutôt te concentrer sur la race de chien que tu pourrais avoir. Il y en a tellement que tu voudrais, la réflexion d’Oceana à ce sujet ne te surprend pas. « Probablement. » Ou si elle n’a pas déjà été un golden retriever, elle le deviendra dans une vie ou deux. Toi tu doutes devenir un gros chien comme tu souhaiterais adopter, mais ça ne t’empêche pas de rêver d’en avoir un. « Je pense que je me ferais trainer partout cela dit. » T’es en forme mais pas particulièrement forte, les joies de passer tes journées penchée sur ton bureau.

Lorsque Oceana change le sujet pour te remercier d’avoir accepté son invitation tu ne peux qu’esquisser un franc sourire. « Ça me fait plaisir. On devrait se faire ça plus souvent, au moins pour souffler un bon coup et vider nos sacs. » Parce que toi aussi ça te fait du bien de parler de ce qui te tracasse. Bien souvent c’est vers Astrid que tu te tournes pour ça, mais tu ne peux pas faire ça quand ça la concerne. Pour ce qui est de la tentative d’humour, elle t’arrache un rire jaune. « Ce serait presque une belle moyenne. » Presque étant le mot important, crucial de l’affirmation. Tu reprends, un peu plus sérieuse. « Mais tu sais, si t’as besoin de te plaindre ou de parler de tes doutes, tu peux toujours venir me voir. Ça me fait sentir moins seule. » Puis bon ça te fait plaisir d’aider ton amie aussi. Mais il ne faut pas nier l’importance de vos points en commun. 

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Ça lui fait du bien de pouvoir se plaindre du nouvel employé de la poissonnerie parce que ce n’est pas avec sa mère qu’elle peut le faire ou ses grands-frères parce qu’eux, ils sont neutres, mais surtout sa mère semble l’apprécier pour une raison qui échappe à Oceana. Au moins, il y a Luz présente dans sa vie, une oreille attentive lui permettant de se défouler lorsqu’elle en ressent le besoin et ce besoin a été ressenti ces dernières semaines. Alors Luz marque un bon point, les comptes n’ont, en effet, pas le même caractère déplaisant de monsieur Edwin. Eux, ils ne lui offrent pas une réponse lorsqu’elle se plaint. Ils sont silencieux ; si seulement, Edwin pouvait être silencieux à son tour. Puis la fameuse question ; celle où on lui demande si elle ne rêve pas, un jour, être sur les bateaux comme son père avant elle et son grand-père avant lui et Oceana se retient de répondre en criant. « Oui. Tous les jours. Mais on ne me laisse pas le faire ou plutôt je n’ai jamais eu le courage de le mentionner à ma mère… Parce que je ne veux pas lui briser le cœur. » Pas après ce qui s’est passé pour son père à elle et Oceana sait qu’à la fin de cette conversation, sa mère lui empêchera de monter sur un bateau et d’aller en mer. Déjà qu’elle craint pour son aîné, également pêcheur. Elle, elle est simplement la rêveuse de la famille, celle qui jalouse son grand-frère, mais qui continue de se pointer tous les jours à la poissonnerie afin de servir les clients fidèles, à faire les comptes et à écouter les nombreux récits des autres pêcheurs, en se disant qu’un jour, elle aura aussi un récit à raconter. C’est la rêveuse, la fille a posséder un prénom pour un amour de la mer.

Toutefois, ce souhait restera au stade du rêve. À moins d’en faire à sa tête et de continuer sur ce chemin sans le support de sa mère. Un jour, qu’elle se dit, elle aura le courage d’en parler à sa mère et le reste de sa famille. Quand ? Elle ne sait pas. « Tu as raison, c’est compliqué un enfant. » Pourtant, cela ne l’empêche pas de rêver à ce jour où elle sera mère à son tour, où elle aura des petites têtes blondes à courir autour d’elle. Peut-être que ce jour-là, elle comprendra ce qu’a traversé sa mère. Un chien donne de la pratique, certes, mais cela reste compliqué lorsqu’on ne sait pas ce qu’on fait. Il faut le sortir, l’entraîner et le stimuler afin qu’il ne gruge pas tous les meubles. « Mais non, il faut avoir foi en ta force. » La sirène se base sur les nombreuses vidéos où une personne ayant la même silhouette que Luz promène un chien dix fois le poids de l’humain. Elle finit par poser ses prunelles sur Luz et lui offre un sourire. « Je suis bien d’accord. » Heureuse de savoir que toutes les deux avaient besoin de cette journée. Parce qu’elle sait qu’en sortant d’ici, ses épaules seront plus légères pour quelques temps. Qu’elle en ressortira plus sereine. Un mariage sur deux est une belle moyenne pourtant elle ne commente pas plus que cela. « Je sais… Tu sais que je n’aime pas trop embêter les gens avec mes problèmes même si je sais que ça ne te dérange pas. Mais je ne veux pas trop ambitionner, il ne reste plus qu’à souhaiter que ça s’arrange. » Elle espère malgré tout. Elle espère que la situation change un jour.

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Toujours à la recherche d’une bonne solution à offrir à Oceana au problème posé par l’insupportable nouvel employé, t’en viens à proposer une avenue peut-être délicate. Tu le fais avec une certaine gêne, n’ayant aucune envie de la blesser en évoquant des mauvais souvenirs. C’est peut-être pour ça que sa réponse t’étonne autant. Du moins, pas la réponse en elle-même autant que la façon dont elle est prononcée. Ton amie ne semble pas hésiter un instant avant de dire que oui, elle voudrait, tous les jours même. Elle souffle du même coup la raison pour laquelle elle n’a pas opté pour cette solution, pas encore. C’est une raison plus que valable, une raison que tu ne peux que comprendre considérant que c’est quelque chose similaire qui t’a fait tracer une croix sur une carrière plus artistique et moins stable pour te diriger vers l’architecture. C’est moins profond de ton côté, tu ne voulais simplement pas décevoir tes parents, mais le principe reste similaire. C’est juste que tu ne peux qu’imaginer ce que ça impliquerait pour sa mère. Et ça implique d’imaginer ce que la conversation pourrait être si Oceana voudrait aborder le sujet. « Je comprends mieux. » Ça ne lui laisse donc vraiment que les comptes comme porte de sortie. Tu ne te sens pas assez bien placée pour lui faire la morale en ce qui concerne ses choix si bien que tu ne dis rien. Si elle ne croit pas que parler à sa mère de cette envie est une bonne choix, tu dois te fier à son jugement.
Tu proposes autre chose à la place. « Sinon tu mets Edwin sur un bateau, au moins il ne te dérangera pas. » Tu sais que ce n’est pas réellement une solution. Edwin n’a sans doute pas été engagé pour ça et si Oceana a envie d’aller en mer, ça ne risque pas de lui faire plaisir de le voir vivre ce qu’elle voudrait pour elle-même. Et tant pis si t’as envie de lui dire qu’elle devrait foncer, elle qui est faite pour l’eau, tu n’as pas à lui mettre de la pression supplémentaire.

C’est plus simple de rêver,  de penser à ce que vous pourriez faire en adoptant un chien. C’est quelque chose qui te tente vraiment, pas comme l’idée d’avoir un enfant. Parce que c’est compliqué oui, mais surtout parce que la seule pensée d’être mère suffit à te terrifier. « C’est le moins qu’on puisse dire. » T’es pas prête à t’ouvrir sur tes craintes plus profondes. T’as du mal à les énoncer face à Astrid, il n’a donc rien d’étonnant à ce que tu n’y arrives pas à présent. Alors autant opter pour un chien, ça ne te cause pas de terribles peurs, juste un enthousiasme et ce, malgré le fait que tu peux imaginer le pire avec un peu trop d’aisance. Bon ce ne serait pas dramatique de te faire trainer partout par un chien, ce serait même potentiellement plaisant - juste parce qu’un chien c’est toujours adorable. « Je me ferai des muscles juste pour ça de toute façon. » T’es déjà en forme en soit, juste que t’as pas la force pour t’opposer à la volonté d’un mastiff tibétain s’il le faut. Enfin de toute façon, il faut que tu commences par convaincre Astrid et il y a d’autres priorités avant ça.

Mais il est difficile de parler de ces problèmes, que ce soit avec vos partenaires ou entre vous. Tu comprends le point de vue d’Oceana et tu le partages dans une certaine mesure. « On peut prier oui, avec un peu de chance ça va s’arranger. » Tu ne parles pas de prier à Dieu ou qui que ce soit, juste… d’espérer le mieux. Est-ce que ça règlerait vos problèmes ? Non, sans doute pas, mais l’espoir fait vivre. « Puis on pourra se refaire ça, au moins pour se changer les idées. » À défaut de vider votre sac par peur d’embêter l’autre. C’est une façon de gérer vos problèmes après tout, même si ce n’est pas la meilleure.