T’as hésité avant de te rendre à l’appartement de ton frère. Oh, ce n’est pas que tu as peu que Diego réagisse mal à ta soudaine arrivée ou quoi que ce soit du genre. Non, t'es même plutôt certaine que passer du temps ensemble lui ferait du bien - ferait la même chose pour toi. Le problème vient plutôt d’une autre personne, d’une de ses colocataires. Si t’as envie (besoin) de passer un peu de ton temps avec ton ainé, tu n’as aucune envie de tomber nez à nez avec Meghan. Tu sais que ce ne serait pas une bonne chose pour toi, même si ce n’était que pour l’espace de quelques instants. Tu penses même qu’il vaudrait mieux que tu évites de te retrouver seule avec elle dans tes temps libres. Ça arrive déjà un peu trop dans le cadre de la préparation de ton mariage.
Tu ne sais pas trop ce que ton coeur ferait s’il fallait que tu la vois comme ça, hors de nulle part.
C’est pour ça que t’as besoin de voir Diego. C’est assez ironique au final, que c’est ce qui te fait hésiter qui t’amène jusque’à chez lui. Au moins en partie, parce que tu le fais aussi pour lui. Tu sais qu’il a besoin de compagnie, qu’il a besoin qu’on le sorte de chez lui. T’as beau être perdue pour beaucoup de chose, t’es certaine qu’il a besoin d’aide. Et c’est ce qui fait pencher la balance au final. Parce que Diego compte beaucoup pour toi. Il est de la famille oui, mais c’est plus que ça.

Ça ne t’empêche certainement pas de sentir une vague de soulagement de te traverser lorsque c’est un‧e autre colocataire de Diego qui t’ouvre la porte d’entrée. Tu précises tout de suite que c’est ton frère que tu viens voir - même si ce n’est pas comme si ça pourrait être quelqu’un d’autre, comme si ça pourrait être Meghan - avant de te diriger vers la chambre de ton ainé. Ton but n’est pas de déranger tout l’appartement après tout.
Juste Diego. Celui que tu n’avertis que de trois petits coups sur sa porte, au cas où. « Diego ? » T’espères qu’il ne dort pas, ce serait gênant de le réveiller après tout. « C’est ta soeur préférée qui vient te voir. » Tu dis la chose avec légèreté, parce que tu sais absolument pas si c’est proche de la vérité. Ça importe peu de toute façon, c’est juste pour qu’il te reconnaisse facilement.

Maintenant que tu t’es annoncée, tu te permets d’entrer dans la chambre de ton frère en forçant un beau sourire sur tes lèvres. Oh, t’as toujours besoin de lui, mais l’important c’est de faire ce qui est le mieux pour lui et ça implique d’amener un peu de bonne humeur de sa journée. « Je pensais qu’on pourrait sortir un peu, ça fera du bien à ta chaise de respirer un peu. » Sous-entendant qu’il y passe un peu trop de temps. Sur le principe ça ne te dérange pas, tu n’as pas le même avis que vos parents à ce sujet, mais il faut bien que tu lui donnes une raison autre que ’t’es vraiment déprimé, faut que tu sortes’ parce que tu doutes que ça le motiverait vraiment. « Enfin, surtout je me disais qu’on est du pour passer du quality time ensemble. » Tu lui adresses un regard qui se veut attendrissant, l'air de dire que t’as besoin de ce temps de qualité.
Ce qui est le cas, qu’on ne se détrompe pas. C’est vraiment une double motivation. Pour lui et pour toi. De façon consciente, tu te dis que c’est surtout pour lui, mais peut-être qu’inconsciemment, c’est plutôt pour toi. Même si t’es pas prête de parler de ce qui te tracasse. Et ça, ça a joué dans ce que tu avais de prévu pour la journée.  

more than survive (@Luz Mayfair)
Pour quelqu’un qui n’avait jamais voulu être père, Diego, il avait beaucoup de mal à aller de l’avant depuis la fausse couche d’Isela. Il restait bloqué sur cette histoire, sur ce bébé qu’ils auraient dû avoir, sur leur relation, à laquelle il avait décidé de mettre un terme en se disant que c’était mieux comme ça. C’était mieux pour elle, parce que ça lui laissait l’opportunité de réaliser ses rêves avec quelqu’un qui pourrait lui offrir tout ça. Mais ce n’était pas forcément mieux pour lui, parce qu’il souffrait comme jamais le brun. Il avait le cœur en miette parce qu’il avait perdu son bébé et c’était un événement tragique dont il ne se remettait pas. Il avait mal aussi parce qu’il aimait encore Isela et que malgré ça, ils n’étaient plus ensemble. Elle, elle s’était remise rapidement de leur rupture en se fiançant au premier venu. Il ne savait pas où et quand elle avait pu rencontrer ce Garrett, mais leurs fiançailles avaient été si rapide, qu’il ne pouvait qu’arriver à une conclusion Diego : leur rupture n’avait pas été franchement difficile à surmonter pour la brune. Elle était tombée dans les bras d’un autre homme et ainsi, elle l’avait oublié lui. Il ne méritait que ça, c’était lui qui avait rompu. Même en se disant ça, il n’avait pas moins mal, le brun. Elle lui manquait terriblement, mais il ne pouvait même pas revenir jusqu’à elle en rampant pour lui demander de le pardonner, parce qu’elle avait déjà quelqu’un d’autre.

En plus de ça, il était persuadé qu’il n’était pas à la hauteur, que tous les deux, ils avaient des attentes concernant l’avenir qui n’avaient absolument rien à voir. Il ne pouvait pas la bloquer indéfiniment avec sa peur maladive de l’engagement et la vision qu’il avait du monde et de son avenir. Il passait ses journées à ressasser ces histoires, oscillant entre les c’est mieux comme ça et sa volonté de juste retrouver les bras d’Isela et d’aller s’effondrer dedans. Il n’y avait que devant sa caméra qu’il arrivait à tenir le coup le brun. Pour le coup, la caméra, elle était coupée depuis un moment et il n’avait rien trouvé de mieux à faire que de naviguer dans les vieilles photos de son téléphone pour se repasser les deux années de leur histoire d’amour. Il n’avait même pas entendu les coups contre sa porte, de toute façon, sa piaule était conçue pour être hermétique au bruit, c’était mieux pour tourner ses vidéos. Quand sa porte s’ouvrit, il s’attendait à voir l’un de ses colocataire, alors il fronça les sourcils en dévisageant sa sœur. Il se redressa sur son lit, avec la volonté de prétendre qu’il n’avait pas du tout été en train de broyer du noir sur son lit. « Elle va bien pour l’instant la chaise. » Il répliqua dans un haussement d’épaules. Mais Luz, elle n’avait pas tort. Il naviguait presque qu’entre sa chaise et son lit ces derniers temps. Le canapé parfois, pour aller passer un peu de temps avec ses colocataires. Mais il n’était pas au top level de la motivation en ce moment, bien au contraire. Il laissa échapper un léger rire, suite à sa remarque. « C'est évident ça. » Il aimait sa sœur le brun, il aimait sa famille et il passait toujours du bon temps avec eux – hormis quand l’un de leur père venait souligner qu’il était en train de foutre sa vie en l’air avec ses lubies de vidéos – alors sortir un peu avec Luz ne lui ferait probablement pas de mal. « Tu veux aller où ? » Il questionna la brune, avant de quand même se lever de son lit et d’attraper sa veste qui traînait dans un coin de sa chambre, pour lui montrer qu’il était prêt à la suivre, malgré son manque de motivation ces derniers jours.

Tu n’es pas dupée par le fait que Diego se redresse sur son lit. Tu te doutes qu’il y a passé pas mal de temps dans les dernières semaines ou du moins c’est ce que tu supposes. Tu penses que c’est ce que tu aurais fait à sa place. Pour avoir le coeur net, t’aurais pu demander à Meghan. T’aurais pu, mais tu n’as pas osé, faute de pouvoir chasser l’impression qu’avoir le moins de contact avec elle serait sans doute pour le mieux. Oh, bien sur, c’est une drôle de façon de voir les choses, une façon qui ne te ressemble pas particulièrement, mais tu ne peux pas t’en empêcher. Ce n’est pas contre elle, loin de là même, c’est toi le problème. C’est parce que t’es toujours affectée, différente, bizarre même lorsqu’elle est dans les parages. Pour le bien de ton mariage, il vaut sans doute mieux que tu évites de la contacter pour d’autres raisons que professionnelles. C’est pour ça que t’étais un peu anxieuse en débarquant à l’appartement. Un problème maintenant réglé alors que tu te tiens devant Diego, sourcil arqué en entendant sa réponse.
Et tant pis pour la petite déception de ne pas avoir vu Meghan ne serait-ce qu’un instant.
C’est pas important. « T’es sur de ça ? » Comme si la chaise était vraiment importante, comme si c'était une des raisons derrières ta visite.

Non, t’es là pour Diego - et un peu pour toi. Pour passer du temps avec lui parce que tu sais que ça vous fera du bien à tous les deux. Il semble d’accord avec toi et ça suffit à ce que ton sourire s’étire un peu, maintenant étincelant. « Je le savais. » Que c’était évident, qu’il accepterait. C’est pas tout à fait vrai, t’espérais seulement qu’il dise oui, mais tu comptes bien en profiter. Tu le laisses relever et récupérer une veste. « Je pensais à la réserve, un peu d’air frais ça fait toujours du bien. » Surtout pour des gens comme vous qui ont des boulots d’intérieurs. Tu vois sans doute un peu plus la lumière du jour que lui, mais tu passes quand même le plus clair de ton temps devant une planche à dessiner ou encore un écran.

Puis t’as juste besoin de prendre l’air, c’est vraiment ça la raison derrière ton choix. T’as besoin de regarder la grandeur de la nature et d’ainsi pouvoir réaliser que tes problèmes ne sont pas si gros que ça. Mettre tous tes problèmes en perspective te ferait le plus grand bien, peut-être parce que ça ferait pareil pour Diego. En soit tu sais que lui c’est plus sérieux, que toi, t’es juste accablée par des sentiments qui ne devraient pas exister. Faut juste que tu te rappelles que t’es fiancée, que t’aimes ta fiancée par-dessus tout.
Comme si ça fonctionnait.
Qu’importe, tu chasses tout ça de ton esprit. Alors que tu invites Diego à embarquer dans ta voiture. Conduire aussi ça te changerait les idées. Une fois installée au volant, tu tournes légèrement la tête vers Diego. « T’es pas obligé de répondre. » Parce que ton objectif n’est certainement pas de le forcer à te parler ou quoi que ce soit. Tu veux juste que vous passiez un bon moment. « Mais comment tu te portes ? » Tu peux avancer une réponse à ta propre question, mais tu le fais pas. Tu ne lances même pas un regard inquiet dans sa direction, tu ne veux pas qu’il se sentes envahi.
Puis bon, on ne va pas se mentir, il y a de bonnes chances qu’il te renvoie la question ou qu’il te parle des préparatifs du mariage. Et là, ce sera toi qui sera tout de suite moins à l’aise. Peut-être que ça te fera du bien d’en parler avec lui.

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Il avait beaucoup de mal à se remettre de sa rupture avec Isela, le brun. Ils étaient restés ensemble pendant deux ans, ce qui était clairement un record pour lui et même s’il était ce gars qui se sentait vite déstabilisé par l’engagement, les grandes décisions et tout ce qui pouvait aller avec, il s’était senti bien avec elle. Il n’avait pas eu envie de prendre la fuite alors que les choses devenaient sérieuses et il avait probablement eu un peu de mal à se projeter dans l’avenir, mais jamais il n’avait douté des sentiments qu’il avait pour Isela. Il avait été amoureux et sincère avec elle. Il avait même accepté cette grossesse totalement imprévue et il l’avait fait sans chercher à fuir sa part de responsabilité dans cette histoire. Il s’était attaché à l’idée d’être père, finalement Diego. Probablement qu’il était un peu plus mature qu’il ne voulait bien l’admettre, dans le fond. L’idée d’être père n’avait pas été si repoussante que ça, surtout si c’était avec quelqu’un comme Isela. Mais ils avaient perdu le bébé et ça avait été un coup dont il ne s’était pas remis le brun. Il avait rompu avec elle, persuadé qu’il était responsable de leur malheur et qu’il ne pouvait, de toute façon, pas lui apporter ce dont elle avait envie, Isela. Il le regrettait, évidemment, parce qu’il n’y avait pas un jour où elle ne lui manquait pas la brune. Maintenant, elle était fiancée avec un autre et ça ne l’aidait pas beaucoup à garder le moral.

Alors il passait son temps à déprimer, souvent en stalkant les réseaux sociaux d’Isela et ceux de son fiancé, comme si ça pouvait l’aider, alors qu’en vérité, ça lui faisait juste plus de mal. C’était ce qu’il avait été en train de faire avant que sa sœur n’arrive. Elle le sauvait d’une longue après midi à ne rien faire, à part déprimer sur des photos d’Isela et de l’imaginer avec ce fiancé qu’il détestait sans même le connaître. « C’est de la qualité, j’y ai mis le prix, alors j’espère bien qu’elle va bien. » Il répondit, toujours à propos de sa chaise, comme si c’était vraiment un sujet qui méritait autant d’importance. C’était une bonne chaise de bureau, adaptée à ce qu’il faisait, mais clairement pas un objet sur lequel on pouvait débattre bien longtemps. Il avait fini par se lever, acceptant de suivre sa sœur, peu importait où dans le fond. Il serait mieux partout sauf ici à déprimer. « Je te suis. » Il lui répondit alors, après avoir attrapé sa veste et enfiler ses chaussures. Ils avaient fini par quitter l’appartement pour rejoindre la voiture de sa cadette. Il soupira, suite à sa question, le regard posé sur le paysage qui défilait sous ses yeux à travers la vitre de la voiture. « Pas terrible. » Il répondit, jouant la carte de l’honnêteté, de toute façon, il pouvait bien mentir, elle le saurait la brune. On ne passait pas ses journées avachi sur son lit quand tout allait bien. « Isela me manque. On aurait dû avoir un bébé et maintenant elle est fiancée ce gars. » A qui la faute hein ? Aussi bien pour le bébé que pour les fiançailles d’Isela, Diego, il était persuadé que c’était de sa faute. « Qui se fiance avec un mec après six mois ? Et encore, six mois, ça voudrait dire qu’elle l’a rencontré juste après notre rupture. Je suis si facile que ça, à remplacer ? » C’était peut-être injuste de sa part de penser comme ça, mais c’était blessant, cette vitesse à laquelle elle avait tourné la page, comme si ça n’avait pas compté ces deux ans. Et lui, de l’autre côté, il pensait encore à elle. Tout le temps. Alors ça faisait mal, vraiment mal, cette histoire de fiançailles.

T’es bien contente que Diego accepte de te quitter sa chambre pour venir avec toi. Ce n’était pas grand chose, t’avais pas un plan en béton pour qu’il se sente mieux en sortant avec toi, mais tu penses que ça pourrait au moins changer le mal de place. Ça te fera du bien à toi aussi d’ailleurs. C’est avec tout ça dans un recoin dans ton esprit que tu prends le volant de ta voiture. Tu te risques à demander à ton frère comment il se porte, comme s’il y avait un monde où la réponse serait moindrement positive. Tu vois bien l’état dans lequel il se trouve, mais t’espères qu’il déciderait de te répondre un peu plus longuement. S’il te dit qu’il ne va pas bien et qu’il s’arrête là tu ne serais pas plus avancée après tout. T’hoches la tête lorsqu’il commence, confirme que ça ne va pas "pas terrible" et toi tu te retrouves à tapoter nerveusement ton volant. Tu ne saurais dire pourquoi, si c’est la confirmation ou la peur qu’il s’arrêterait là qui te stresse le plus. Sans doute un peu de tout, l’anxiété démarre rapidement chez toi.
Mais la crainte est inutile, Diego continue sur sa lancée et tu peux te contenter d’écouter. Ce n’est pas le plus simple, tu dois réprimer l’envie automatique de vouloir le serrer dans les bras - comme si ça réglerait un seul de ses problèmes. Parce que c’est plus gros que ça, c’est difficile. Tu ne te sens pas particulièrement apte à se prononcer sur ce qui le pèse, mais tu t’efforcerais de le faire, au moins dans le vague espoir d’aider. « Impossible que tu sois facile à oublier. » Bon, aider est peut-être un bien grand mot si tu te contentes d’une platitude comme ça. Qu’importe, tu t’obliges à arrêter de tapoter sur ton volant pour te concentrer sur ce qui peut dire. C’est un sujet trop sensible pour que tu te lances sans y réfléchir un peu. Tu ne peux pas offrir ta propre expérience de fiançailles, t’as attendu avant de demander Astrid en mariage, même si tu savais ce que tu ressentais pour elle.

Alors il faut trouver autre chose, une explication qui pourrait peut-être limiter les dégâts. « C’est peut-être sa façon d’essayer de t’oublier justement. » Que tu aventures, hésitante. C’est supposément une méthode conseillée pour se remettre d’une rupture, si ça se trouve, ça fonctionne aussi pour des pertes aussi douloureuses. Tu ne sais pas comment tu agirais après une telle chose - une raison de plus dans la colonne "ne pas avoir d’enfant". « T’as essayé de lui parler ? Lui dire comment tu te sens ? » Comme si t’étais bien placée pour donner un tel conseil, toi qui préfère faire l’autruche qu’adresser les problèmes de ton couple, mais passons. C’est un détail ça. « Parce que tu mérites mieux que penser que t’es facilement oublié Diego. » Parce que c’est impossible, même si oui, les fiançailles peuvent avoir paru soudaine. T’arrives pas à juger Isela pour autant, malgré un stalkage en règle sur les médias sociaux. T’as eu envie d’aller la voir, mais ça aurait sans doute été un peu malvenu. À voir Diego dans un tel état, tu te dis presque tu devrais le faire quand même. T’hésites à nouveau, marquant une véritable pause où tu te concentres uniquement sur ta conduite. Puis tu oses, tu poses une question sans doute trop délicate pour sitôt dans votre conversation. « Tu l’aimes encore ? » Tu te doutes de la réponse, mais tu demandes quand même, comme pour crever l’abcès. Peut-être que t’aurais du attendre que vous soyez à destination pour poser les questions difficiles cela dit.

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Il avait du mal à tourner la page Diego. Son histoire avec Isela, elle avait été longue. Plus longue que tout ce qu’il avait pu connaître avant elle. Il était tombé amoureux de cette inconnue rencontrée dans un bar et qui était, de toute évidence, complètement différente de lui. C’était une rencontre hasardeuse qui les avait conduits à une relation de deux ans. Une relation sincère, pleine d’amour et qu’il aurait voulu voir durer toujours. Ce n’était pas parce qu’il n’avait jamais posé un pied à terre pour lui demander sa main, qu’il n’avait pas été sincère dans ses sentiments le brun. Il avait du mal avec les grands changements, les grandes responsabilités, alors le mariage lui faisait peur. Devenir père, ça l’avait fait flipper aussi. Cette grossesse, ça l’avait terrorisé et pourtant il avait vraiment eu envie d’aller jusqu’au bout et de pouvoir prendre son enfant dans ses bras. Malheureusement, la vie en avait décidé autrement et ce bébé n’était pas venu au monde. Il avait rompu avec Isela et c’était la décision la plus douloureuse qu’il ait eu à prendre de sa vie. Maintenant, il était là, à la stalker sur Instagram comme le roi des imbéciles. Il n’arrivait pas à faire autrement le brun. Il était sans arrêt partagé entre la jalousie et l’impression que c’était mieux comme ça, qu’Isela elle avait plus de chance d’être heureuse avec son fiancé qu’avec lui et à la longue, c’était une veritable torture qu’il avait l’impression d’endurer, jour après jour.

Heureusement que Luz était venue le chercher alors. Sortir de sa chambre n’allait pas lui faire de mal. Même lui, il en avait conscience, alors il avait suivi sa cadette sans broncher. Il avait besoin d’air de toute façon. Besoin de se confier aussi, de toute évidence, parce qu’il n’avait eu aucun mal à dire à Luz ce qu’il ressentait. C’était douloureux, après tout, cette impression d’être si facile à oublier. Il soupira, Diego, pas forcément convaincu par les paroles de sa sœur. « Pour aller jusqu’à se fiancer avec ce type, elle a plutôt bien réussi. » Oublier son ex dans les bras de quelqu’un d’autre, c’était une chose. peut-être un besoin naturel qu’on pouvait avoir, une volonté de se convaincre qu’on était passé à autre chose. Épouser quelqu’un, c’était la preuve qu’on avait enterré l’histoire d’avant. « Plus ou moins. Mais je suis celui qui a rompu, alors j’ai pas vraiment mon mot à dire. » Pas du tout même. Pourtant, la discussion avec Isela avait pris un tournant assez surprenant. Ils s’étaient embrassés quand même. Avant qu’il ne prenne la fuite, peu désireux de s’engager dans ce genre d’emmerdes alors qu’elle était fiancée. Peut-être qu’elle ne l’avait pas oublié, mais elle était fiancée, ce n’était pas rien. Trop compliqué pour lui ces histoires. « C’est quand même bizarre de se fiancer si vite avec quelqu’un. On s’engage pas dans un mariage quand on est pas sûr de soi, non ? » Peut-être que Luz était la mieux placée pour répondre à cette question, après tout, elle était fiancée elle aussi. Il soupira à nouveau, le regard posé sur les paysages qui défilaient par la fenêtre. Peut-être qu’il aurait dû, lui, lui demander de l’épouser. Arrêter d’avoir peur et se lancer dans l’aventure. Est-ce qu’elle aurait dit oui aussi vite qu’avec Garrett ? Il pensait que non, Diego. Quelques minutes de silence avant la question fatidique. Est-ce qu’il l’aimait encore ? Réponse trop évidente et trop douloureuse à la foi. « Oui. » Simple et efficace la réponse. A quoi ça servait de mentir de toute façon ? C’était évident qu’il l’aimait encore. « Je l’ai embrassée, l’autre fois. » Et elle l’avait embrassé. Ça voulait dire quelque chose non ? Il n’en savait rien. Si ça avait eu du sens, il n’y aurait déjà plus de Garrett dans l’équation non ? Peut-être qu’elle avait juste fait son choix, Isela et que son choix, ce n’était pas lui.

Tu te sens hors de ta zone de confort dans la discussion. Oh, tu sais que c’est toi qui l’a amenée sur le tapis, que t’es celle qui pose des questions à ton frère, mais la réalité, c’est que t’es probablement pas la personne la mieux placée pour l’aider. Tes problèmes te paraissent soudainement bien petits, inconséquents face à la tristesse de ton ainé. T’essaies tout de même, tu cherches les bons mots à lui offrir. Ça ne semble pas fonctionner, t’entends bien le soupir qu’il pousse face à ce que tu avances. C’est difficile aussi de te projeter dans l’esprit d’une autre personne, d’Isela que tu ne connais pas assez pour ça. La seule personne de qui tu te sens suffisamment proche pour t’y essayer, ce serait Astrid et même encore, les difficultés des derniers temps te laissent croire que même avec ta fiancée, tu ne pourrais pas réussir l’exercice. Alors autant dire que tes tentatives de deviner le raisonnement d’Isela sont l’équivalent de donner un coup d’épée dans le brouillard : très peu efficace. « C’est sur que c’était rapide… » Mais en même temps est-ce que tu peux vraiment juger un tel dénouement ? T’en es pas certaine. « Mais ça ne veut pas dire qu’elle t’a oublié. » De ça, tu ne démords pas. Il y a mille et unes raisons qui pourraient justifier les fiançailles, notamment une volonté de complètement tourner la page. Tu serais curieuse de lui demander, mais t’as pas ce genre de relations avec Isela.
De toute façon, tu doutes que ce soit approprié vu les circonstances, encore moins si ton frère lui-même ne lui a pas parlé. « Tu peux pas lui dire quoi faire de sa vie non, mais tu peux lui dire comment tu te sens. » Après tout, il n’est pas impossible qu’Isela se soit tourné vers quelqu’un d’autre parce qu’elle pensait que ce n’était plus possible avec lui. Ce serait l’option que tu préférerais, parce que tu vois bien qu’il n’est pas heureux Diego dans cette situation.

Cela dit, c’est toi qui devient légèrement mal à l’aise à la question qui t’est adressée. Tu te demandes si tu peux la prendre comme une question hypothétique à laquelle tu n’aurais pas besoin de répondre. Tu ne penses pas que ce soit le cas en partie parce que t’es bien placée pour donner ton avis sur la chose, toi qui est fiancée. Le problème ? C’est que t’as pas vraiment de réponse à offrir. Quelques années plus tôt, t’aurais été catégorique, t’aurais affirmé haut et fort que les doutes n’ont pas leur place dans une relation qui se dirige vers une telle étape. T’étais, après tout, plus que certaine de ta décision à l’époque. Mais certaines choses ont changé depuis et si tes sentiments pour Astrid restent toujours aussi forts, les doutes se sont infiltrés dans ton esprit. L’assurance s’est effritée pour laisser place à une angoisse latente et des craintes que tu préfères ne pas adresser. L’idée d’être aussi catégorique te semble malhonnête, trop pour que tu le sois vis-à-vis de Diego. Et pourtant, encore cette fois, t’as pas le courage de dire la pleine vérité, tu te contentes d’un entre deux. « C’est peut-être ce dont elle pensait avoir besoin. » T’esquives un peu la question, mais tu supposes que c’est déjà bien.
C’est aussi très accessoire face à la question fondamentale que tu lui poses. Celle qui obtient une réponse honnête, un oui sans équivoque. Elle ne t’étonne pas la réponse, mais elle te fait encore plus mal au coeur. Tu voudrais qu’il soit heureux, avec elle… « Quoi ? » L’aveu te prend de court et te stoppe complètement dans ta réflexion. « Quand ça ? Elle a réagi comment ? » Et tu réalises que tu poses peut-être trop de questions d’un coup. « Bon je me suis un peu emportée, mais je vais avoir besoin de plus que ça. » T’es pas désolée de ton intérêt, tu veux savoir ce que ça implique pour eux. Et autant dire que considérant que vous arrivez à destination, t’auras rien pour te distraire de sa réponse.  

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Cette histoire avec Isela, elle n’avait de cesse de le hanter. Il était partagé entre l’impression qu’il avait bien fait de rompre avec elle, parce qu’il n’était pas en mesure de lui apporter ce dont elle pouvait rêver et la douleur de ne plus être à ses côtés. Ça aurait été égoïste de la priver des choses dont elle pouvait avoir envie en restant avec elle. Ça aurait été tout aussi égoïste de sa part de la laisser sacrifier ses rêves pour rester avec lui. Il avait l’impression d’avoir pris la meilleure décision possible, pour Isela. Parfois, aimer quelqu’un, c’était aussi le laisser partir pour s’assurer qu’il puisse accomplir ses rêves, non ? Il avait essayé d’y croire Diego, de s’accrocher à tout ça. Mais épier le bonheur d’Isela auprès d’un autre ne faisait que lui faire plus de mal. C’était de sa faute, il aurait dû arrêter de la suivre sur les réseaux sociaux, arrêter de s’intéresser à sa vie au lieu de continuer de faire une fixette sur elle et sur ce qu’elle devenait. Maintenant en plus d’avoir mal à cause de toute cette histoire, il ressentait une profonde jalousie envers ce type qu’elle allait épouser, ça ne faisait que compliquer les choses pour lui. « C’est juste frustrant de la voir avancer, alors que moi j’y arrive pas. » Il n’arrivait pas à aller de l’avant lui. Il restait bloqué sur leur histoire. Il avait encore des sentiments pour elle et ça l’empêchait d’envisager de se remettre en couple avec quelqu’un d’autre. « Je crois pas que ça l’intéresse beaucoup. » Il était son ex, après tout. Pourquoi est-ce qu’elle se soucierait de ce qu’il pouvait ressentir ? Il avait rompu, il devait assumer.

Elle était fiancée maintenant, elle avait quelqu’un d’autre, alors ce qu’il ressentait, c’était devenu le cadet de ses problèmes. Le mariage, c’était pas sa tasse de thé à lui, alors peut-être qu’il était mal placé pour comprendre. Luz, elle était fiancée. Elle devait mieux savoir que lui. Elle devait mieux comprendre. « Pensait ? Tu crois qu’elle a pas envie de l’épouser ? » Ou est-ce qu’elle parlait d’elle-même en utilisant le passé comme ça ? Il jeta sur sa sœur un regard plein de question le brun. C’était curieux, le temps utilisé pour lui répondre. Il avait fini par parler du baiser qu’ils avaient échangé. Ce truc un peu compliqué à gérer dont il ne savait pas quoi faire. Evidemment, Luz avait plein de questions à lui poser là-dessus, pas certain qu’il ait toutes les réponses. « Elle m’a embrassée aussi. » Il aurait voulu prendre ça pour un signe, se dire qu’elle l’aimait encore elle aussi, mais si ça avait été le cas, elle aurait supprimé Garrett de l’équation non ? Elle serait revenue vers lui ? Il était peut-être trop naïf le brun. « Je crois que ça aurait pu aller plus loin. » Il l’avait senti, il l’avait voulu aussi. Mais un baiser, c’était déjà trop, le reste, c’était complètement interdit, au moins d’après ses propres mœurs. Les autres faisaient ce qu’ils voulaient, ça ne le regardait pas, mais pour lui, l’adultère, non merci. « Je l’ai repoussée, elle est fiancée et je pouvais pas faire comme si ce n’était pas le cas. » Trop bon, trop con, peut-être. Il fallait croire qu’elle n’avait pas perçu le message dans tout ça Isela, ou qu’elle avait choisi de l’ignorer. « Ça a rien changé, elle est toujours avec lui. » Il haussa les épaules. Ils s’étaient embrassés et rien n’avait changé, fin de l’histoire. Heureusement, ils étaient arrivés à destination, parce qu’il avait vraiment besoin d’air le brun.

(outfit) Tu ne peux que compatir face à la situation de Diego. Tu peux essayer de contempler les choses avec un peu de recul pour lui apporter un peu de réconfort, mais dire que tu y parviens serait la plus grande exagération qui soit. T’as un peu l’impression de te retrouver face à un mur, à une bûche impossible à fendre, même avec un ébuard. C’est peut-être un trop gros obstacle en fait, peut-être que tes juges pas capable de soulager la douleur qu’il ressent visiblement. Ça ne t’empêche pas d’essayer. « Tout le monde avance à son rythme. » C’est une phrase bateau digne d’un patouillard. « Ce que je veux dire c’est qu’il peut y avoir mille explications à son comportement. » Ce pourquoi il devrait lui parler même si au fond, venant de toi, ça ressemble plus à une ineptie qu’autre chose. T’es pas placée pour lui donner des leçons à ce niveau-là. Peut-être même que Diego ne voudrait pas t’écouter s’il savait. En attendant, tu continues sur ta lancée - en essayant d’y soustraire l’hypocrisie. « Ce n’est pas parce que vous avez rompu qu’elle se préoccupe plus de toi du tout. » Tu penses aussi que vu ce qu’ils ont vécus ce serait difficile de réellement croire qu’Isela pourrait se ficher de ton frère.

Pour ce qui est de la question du mariage, c’est plus délicat juste parce que tu ne peux que faire le lien avec tes propres noces à venir. Ta réponse se fait donc maladroite. C’est presque machinal en fait comment t’esquives la question fâcheuse même si ça ne fait que te projeter vers une question encore plus difficile. « Peut-être ? » Au cas où il penserait que tu parles de ta relation du même coup. « C’est difficile à dire, mais elle pourrait regretter sa décision. » Regretter si l’homme qu’elle décide de marier n’est pas le bon, si des doutes l’assaillent comme ils t’assaillent. La certitude n’est pas malheureusement pas un élément quidditatif du mariage, peu importe à quel point la société insiste sur ce point.
Puis vu ce qu’il ajoute ensuite, tu penses avoir raison. Parce qu’un baiser ça peut vouloir dire beaucoup de chose. Encore plus considérant qu’Isela l’a embrassé aussi, que ça aurait pu aller plus loin, que c’est même Diego qui a décidé de mettre fin au moment parce qu’elle était fiancée. T’as l’impression que c’est plus gros qu’un baiser, plus gros qu’un simple moment d’égarement. Tu songes un instant à faire remarquer que rare sont les gens qui laisseraient leur fiancé pour un baiser, mais ce ne serait pas utile, ça ne ferait pas de bien à ton frère. « Oui enfin, ce n’est pas rien non plus. » Est tout ce que tu trouves à lui dire avant de lui faire signe de sortir de la voiture. Prendre l’air lui ferait du bien - et à toi aussi. Vous pourriez discuter en regardant l’horizon et les jolis paysages qui l’accompagnent. Une fois à l'extérieur de ta voiture, tu verrouilles les portières avant de reporter ton attention vers ton ainé. « C'est ce que tu veux, qu'elle le laisse pour être avec toi ? » C'est bien ce que tu comprends, mais tu cherches une confirmation. « Parce que si c'est le cas, il faut absolument que tu lui dises. » Qu'il soit honnête avec elle comme il peut l'être avec toi en ce moment.

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Son histoire avec Isela, elle continuait de le tourmenter, malgré les mois qui passaient, il continuait de penser à elle. Il continuait de l’aimer et ça lui faisait un mal de chien. Elle lui manquait tellement Isela et pourtant, elle était cette fille qu’il ne pouvait pas avoir. Elle était fiancée maintenant et qu’est-ce qu’il pouvait contre ça ? Il ne faisait pas le poids face à ce type, Diego. Il avait l’impression que de toute façon, Isela, elle avait fait son choix et c’était désormais bien trop tard pour lui. A quoi bon lutter ? Il ne serait jamais à la hauteur, pas à même d’apporter à la brune tout ce dont elle pouvait avoir envie dans la vie. Elle méritait mieux qu’un type comme lui. Elle méritait de partager sa vie avec une personne qui lui permettrait de réaliser ses rêves. Cette personne, ce n’était pas lui. Il le savait très bien Diego. Peu importaient les sentiments qu’il avait pour Isela, le problème c’était qu’ils ne voulaient pas les mêmes choses tous les deux. Il savait très bien pourquoi elle s’était fiancée dans le fond. Parce que se marier faisait partie de ces fameux rêves que lui, il ne pouvait pas l’aider à réaliser. « La plus évidente, c’est parce qu’elle l’aime et qu’elle a envie de l’épouser. » Mille raisons à des fiançailles, ça semblait beaucoup quand même. Lui, il ne voyait que ça. L’amour et son désir de mariage. « En général, on a pas trop envie d’entendre parler de son ex, surtout quand il a rompu au pire moment. » Juste après la fausse couche, parce que ça avait été trop pour lui, qu’il se sentait coupable et persuadé qu’elle serait mieux sans lui.

Peut-être qu’elle était mieux sans lui Isela, mais pour lui, c’était tout l’inverse. Il souffrait sans elle. Tellement qu’il en était réduit à ne faire que se plaindre auprès de sa sœur. Peut-être qu’il devrait se soucier un peu plus d’elle. Ses réponses semblaient parfois à double sens Il ne pouvait s’empêcher de se demander s’il parlait d’Isela ou bien d’elle. « Si on est pas sûr, faut juste pas se marier. » Il haussa les épaules, comme si c’était évident. La réponse était aussi à double sens. Ça valait pour Isela, mais aussi pour Luz. Si elle n’était pas sûre d’elle, mieux valait ne pas se lancer là-dedans. Même si elle était fiancée, quand des doutes apparaissaient, c’était que le mariage n’était pas une bonne idée. De son point de vue, ce n’était jamais une bonne idée de toute façon. C’était bien un problème entre Isela et lui et le baiser de la dernière fois ne changeait rien à tout ça. Ce n’était pas rien, un baiser, Luz avait raison. Mais ça ne réglait pas tout. Une fois sorti de la voiture, il en profita pour prendre une longue inspiration. Profiter de l’air frais de la nature, des paysages sublimes du coin, ça faisait du bien. Probablement mieux que de rester enfermé dans sa chambre avec ses jeux. Un soupir passa ses lèvres, suite à la question de sa sœur. « Ouais, c’est ce que je voudrais. » Il l’admettait, Diego, il rêvait de la voir lâcher ce type pour revenir avec lui. Mais ce serait égoïste de sa part de le lui dire, à Isela. Il s’avança un peu sur le sentier, ils étaient là pour se bouger un peu, après tout. « Mais je peux pas lui demander de faire ça. Elle rêve de mariage, de toute évidence et c’est le genre de truc qui me tente pas du tout. » Se marier, il n’en voyait pas l'intérêt le brun. Ça ne le tentait pas et il avait l’impression que et n’était pas nécessaire à une belle histoire d’amour. « Elle veut des enfants et j’en veux pas, surtout pas après ce qu’il s’est passé. » Il n’avait pas voulu d’enfant avant qu’elle ne tombe enceinte et finalement, contre toute attente, il s’était attaché à ce bébé qu’elle avait porté bien peu de temps. La fausse couche lui avait fait trop de mal. Il ne voulait pas retenter l’expérience Diego. Il ne pouvait pas demander à Isela de renoncer à ses rêves pour lui et elle ne pouvait pas attendre de lui qu’il accepte des choses dont il ne voulait pas. Peu importait les sentiments qu’il avait pour elle, ceux qu’elle avait peut-être pour lui. Ils étaient incompatibles tous les deux. S’en rendre compte et l’admettre, ça rendait les choses d’autant plus douloureuses.

T’arrives pas à convaincre Diego de ce que tu avances. En soit, ce n’est pas très étonnant, t’as beau croire ce que tu avances, ça sonne assez douteux quand même. Diego a même raison lorsqu’il souligne que la raison la plus probable est qu’elle veut épouser. Ça ferait du sens, mais pour le coup, t’es bien placée pour savoir que c’est une raison parmi d’autres. Que oui, t’aimes Astrid et t’as envie de l’épouser, mais c’est aussi parce que c’est une évidence, c’est sécuritaire. T’es bien avec elle, même si la distance que tu devines entre vous deux. Donc oui, c’est plus compliqué que les sentiments que tu as pour elle, mais t’as aussi toujours été d’avis que l’amour en général est plus complexe que les émotions qui y sont associées. « Ça ne veut pas dire qu’il n’y en a pas d’autres. » De toute façon, il reste difficile de se prononcer sur ce que pourrait ressentir Isela. Tu ne la connais pas assez et Diego a une vision biaisée de la situation. Tu pinces des lèvres à ce qu’il ajoute. Comme bien des choses, tu n’es pas trop placée pour lui faire la leçon sur ce point. T’as pas vraiment d’anciennes relations sur lesquelles te baser, encore moins une relation qui aurait si mal terminé. Dans ton bagage, tu ne peux te targuer que de vagues flirts et quelques rencards, rien d’assez sérieux pour que tu te bases sur ton expérience. Alors tu te fies plutôt à ton ressenti, pour ce qu’il vaut. « Peut-être, mais ce n’est pas parce que vous avez rompu qu’elle te déteste nécessairement. » Enfin, peut-être que oui, vu les circonstances de la rupture, t’en sais rien. « Ça ne coute rien d’essayer de lui parler. » Que tu conclus au final. Est-ce que t’en es certaine ? Non, mais tu le penses quand même.
Et c’est un peu plus solide comme réflexion que tout ce que tu pourrais avoir concernant le mariage. Le commentaire de ton frère à ce sujet te fait froncer les sourcils. Il dit ça comme si c’était une évidence et surement que ce l’est. Mais tu ne dis rien. À quoi bon dévoiler tes doutes un peu plus, il doit avoir compris les sous-entendus et c’est déjà plus que ce que t’es prête à admettre. Parce qu’au fond, doutes ou non sur le mariage, tu sais que t’aimes profondément Astrid. Et pour l’instant ça doit suffire.

Ainsi, l’arrivée à destination doublée de la révélation de Diego tombe à pic. À nouveau, tu te retrouves dans la position de l’encourager à s’ouvrir et aller dire la vérité à celle qu’il aime clairement encore. Est-ce hypocrite de ta part ? Surement. Mais tu ne le penses pas moins. C’est aussi le seul conseil que tu te vois lui ouvrir, la seule solution que tu vois à son malêtre.
Même si elle venait avec une grande complication, deux même. Des détails de tailles, des énormités. Ce qu’ils voulaient tous les deux est on ne peut plus contradictoire. Difficile de réconcilier quelqu’un qui veut se marier et quelqu’un qui ne veut pas, même chose pour la question des enfants. « Oh je vois. » Réponse idiote, celle qui démontre à quel point tu es prise de court par une situation qui est bien plus compliquée que tu n’aurais pu le croire d’entrée de jeu. C’est dommage en soit, s’ils s’aiment vraiment ils devraient pouvoir être ensemble. Tu pinces les lèvres à nouveau, essayant de réfléchir à ce que tu peux répondre à ça. Tu lui fais signe de te suivre alors que tu te diriges vers l’une des pistes de randonnée. Qui sait, le grand air t’aidera peut-être à trouver les mots magiques.
Ça ne fonctionne pas vraiment.
Mais tu tentes tout de même de te lancer : « Et il y a aucune chance qu’un‧e de vous deux ait des envies moins tranchées ? » Tu doutes qu’un compromis est possible, mais tu penses que la questions mérite d’être posée. « Enfin je comprendrais que non, c’est juste pour essayer de voir s’il y a un entre deux possible. » Une cérémonie sans que ce soit un mariage, une adoption pour éviter de prendre le risque, tu ne sais trop quoi. « On peut aussi se concentrer sur le paysage si tu ne veux pas en parler. » Que tu finis par ajouter, consciente qu’il n’a peut-être pas envie d’en parler éternellement. Que tu ne l’as pas tiré hors de sa chambre pour le torturer avec tes questionnements et tes bonnes intentions.

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Est-ce que c’était vraiment nécessaire d’essayer de comprendre pourquoi est-ce qu’Isela s’était jeté dans les bras de Garrett, juste après leur rupture ? Dans le fond, c’était juste une histoire classique, il avait rompu avec elle, elle avait eu besoin de trouver du réconfort ailleurs. C’était douloureux de voir que deux ans d’histoire étaient si vite oubliés, si vite remplacés. Mais il était celui qui avait décidé de rompre avec elle, celui qui n’avait rien de bon à lui apporter, alors il n’avait pas son mot à dire dans cette nouvelle histoire qu’elle connaissait, Isela. Mais il ne pouvait pas s’empêcher d’être jaloux. Que ce soit de sa faute ou non, qu’il ait choisi de rompre avec elle ou non, il n’arrivait pas à faire taire la jalousie « Peut-être. » Il haussa les épaules. Il ne voyait pas beaucoup d’autres options lui. Isela allait épouser Garrett parce qu’elle était amoureuse de lui et qu’elle avait la volonté de faire sa vie avec lui. Pourquoi, sinon ? Il n’y connaissait pas grand-chose en amour, Diego, mais il ne trouvait pas d’autres réponses possibles à cette question. « Mouais, je suis pas certain que ça arrange quoi que ce soit de toute façon. » Lui dire ce qu’il ressentait, ce qu’il avait sur le cœur, de toute façon, ça n’arrangeait pas les problèmes plus profonds qui étaient inscrits dans leur relation.

Ils avaient fini par arriver à bon port. Le genre de paysage époustouflant qui faisait du bien. L’air était bien plus pur qu’en ville dans ce genre d’endroit, de quoi se sentir respirer à nouveau. Ça faisait du bien, c’était clairement mieux que de rester enfermé dans sa chambre à broyer du noir. Il avait parlé du baiser à sa sœur, ce fameux baiser échangé avec Isela, qui compliquait peut-être encore plus les choses entre elle et lui. Ils s’étaient embrassés et après ? Ça non plus, ça ne réglait pas tous les problèmes. Ils ne voulaient pas la même chose, elle et lui et c’est ce qu’il souligna auprès de sa sœur. Elle voulait se marier, pas lui. Elle voulait des enfants, pas lui. Ils étaient complètement incompatibles tous les deux, ça ne servait à rien de s’accrocher et pourtant, il l’aimait, Isela. « Je crois que je pourrais accepter de me marier. » Il haussa les épaules. C'était un compromis qu’il voulait bien accepter le brun. Mais les enfants, c’était plus compliqué. Pourtant, elle avait été enceinte, Isela et bien qu’angoissé, il avait décidé de rester avec elle, d’avoir ce bébé avec elle et de jouer son rôle de père. Mais elle avait perdu le bébé et ça changeait tout, ça lui donnait encore moins envie d’en avoir. « Mais les enfants, je peux pas. C’est peut-être débile, mais j’aurais l’impression de remplacer celui qu’on a perdu. » Comme si ce bébé n’avait plus d’importance, qu’il pouvait être oublié et remplacé par un autre. Ce bébé là, c’était le seul qu’il avait voulu. Peut-être une façon idiote de voir les choses, mais il ne pouvait pas faire autrement, Diego. « Et j’veux pas qu’elle renonce à son envie d’avoir des enfants pour mes beaux yeux. » Nouveau haussement d’épaules. Il ne voulait pas qu’Isela renonce à ses rêves pour lui. Elle méritait d’être heureuse et d’accomplir ses rêves la brune. C’était tout ce qu’il lui souhaitait, le brun. « T’en as marre de mes questions existentielles ? » Il demanda, un regard en coin vers sa sœur, sourire aux lèvres. En vérité, il comprendrait qu’elle ait besoin d’un peu de silence, de ne plus avoir à gérer ses problèmes à lui. Probablement qu’elle avait déjà les siens qui lui trottait dans la tête, puisqu’elle avait un mariage à organiser, elle devait bien en avoir quelques-uns, alors il devrait peut-être lui foutre la paix, avec ses problèmes à lui.

Spoiler:

Est-ce que ça arrangerait les choses que Diego lui parle ? T’en sais trop rien, mais t’es prête à maintenir que ça ne coute pas d’essayer. Oui ça ferait peut-être mal sur le coup, mais au minimum ça pourrait aider tout le monde à tourner la page. Dans le meilleur des cas ça pourrait se révéler être presque miraculeux pour leur relation. T’es pleine d’espoir, il faut bien que quelqu’un le soit après tout. « Peut-être pas. » Que tu concèdes quand même avant d’ajouter. « Mais ça pourrait t’aider à tourner la page si c’est la seule option. » Ce que tu n’espères pas, tu le voyais heureux Diego, quand il était avec Isela, au même titre qu’il est misérable maintenant. Et t’aimerais au moins qu’il se sente mieux, même si ça implique d’aller de l’avant sans Isela que tu appréciais et qu’il aimait encore. Cela dit, il est évident que ce n’est pas l’option que tu préfères, non toi t’aimes imaginer le moment romantique où il lui dirait ce qu’il ressent et tout irait bien.

Et ce, même si c’est vite plus compliqué que tu ne l’aurais cru. Parce que si passer outre la tragédie qu’ils ont vécue est une chose, il est d’autant plus ardu de réconcilier des envies diamétralement opposées. Tu comprends mieux la réticence de Diego, mais elle t’attriste quand même. Le pire c’est qu’il y a un pas possible : le mariage. Voilà qui pourrait aider à les rapprocher, mais tu comprends ce que ça implique du même coup. S’il peut accepter ça, c’est qu’il ne peut pas envisager l’autre point : il ne peut pas s’imaginer avoir des enfants. Il te le confirme bien vite et t’explique la raison du même coup. Difficile de le contredire sur ce point, difficile de lui dire que ce que ce qu’il ressent n’est pas compréhensible. Bien sur, toi tu ne peux qu’imaginer la chose, qu’imaginer la douleur qu’il peut ressentir sur ce sujet. « C’est pas débile Diego. » Tu ressens le besoin de lui dire, quitte à prendre le risque de l’interrompre dans sa réflexion. Parce qu’il a le droit de ressentir ce qu’il ressent sans jugement.
C’est certainement pas toi qui va le juger après tout.
Tu doutes qu’Isela le ferait d’ailleurs. Mais c’est un détail pour le moment. Parce que Diego, lui, s’inquiète pour elle, pour ce qu’elle pourrait faire s’il lui disait ce qu’il ressent. « Sauf que tu peux la laisser décider. Peut-être qu’elle préférerait être avec toi qu’avoir des enfants. » Tu ne peux pas parler pour elle, tu ne peux que faire des suppositions et espérer que ce soit les bonnes. « Elle a le droit de décider, surtout si t’as envie d’être avec elle. » S’il conclut que c’est impossible avant même de lui demander, il se ferme à toutes les possibilités, même les meilleures.

Cela dit, t’es consciente que t’es peut-être un peu lourde à constamment lui poser des questions et gratter sur ce qui est des sujets sensibles. C’est pour ça que tu vous ramènes au lieu dans lequel vous vous trouvez, dans ces beaux paysages que vous pouvez admirer. La réaction de ton frère te fait sourire. « Je ne suis pas une si mauvaise soeur tu sais. » Tu ne pourrais pas en avoir marre de ses problèmes, pas alors que t’es celle qui gratte à propos de ces mêmes sujets. Tu hausses doucement les épaules. « J’ai pas envie que tu aies l’impression que je te fais passer un interrogatoire. » Voilà la véritable raison qui t’a poussée à ramener le paysage au centre de votre conversation. Cela dit, tu laisses à Diego le choix de continuer à discuter de ses problèmes ou de prendre l’échappatoire que tu lui offrais. Tu précises quand même. « Ça me fait plaisir de t’écouter, mais je comprendrais que tu préfères te changer les idées. » Toi ça te dérange pas, en grande partie parce que ça te permet d’oublier tes propres problèmes. Ça fait changement, parce qu’en général, ils t’étouffent, ils t’asphyxient. Alors oui, c’est peut-être pas correcte de ta part, mais ça te fait bien de souffler sur tes propres problèmes pour une fois.

Spoiler:

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Tourner la page, ce serait bien. C'était tout ce qu'il voulait dans le fond Diego. C'était ce qu'il essayait de faire depuis un moment maintenant. Mais il avait l'impression que c'était peine perdue par moment. Isela revenait toujours dans un coin de ses pensées. Leur histoire, tout ce qu'ils avaient été, ce qui l'avait poussé à rompre avec elle. Il n'arrêtait pas d'y penser, le brun. Alors tourner la page, c'était difficile. Est-ce que parler avec Isela l’aiderait vraiment ? Peut-être, il n’en savait rien, dans le fond. « Peut-être. » Il soupira, haussa les épaules, pas convaincu, mais il était un peu perdu avec cette histoire. Isela toujours au centre de sa vie alors qu’il cherchait à s’en éloigner, ça devenait de plus en plus difficile à gérer. Lui qui n’était déjà pas très doué avec ce genre d’histoire, il devait bien admettre qu’il était en galère totale, là.

Ils s’étaient embrassés, alors il était encore plus perdu le brun. Il ne savait vraiment pas où il en était avec Isela. Il savait qu’ils voulaient des choses différentes et ça ne les aidait pas beaucoup. Il ne voulait pas se marier, elle avait l’air de rêver d’un beau mariage à en juger ses récentes fiançailles. Il ne voulait pas d’enfant, elle en voulait, il en était certain, le brun. Il ne voulait pas lui retirer ce rêve. Alors même s’il l’aimait, le mieux, c’était de la laisser vivre sa vie de son côté et de vivre la sienne du sien. Pas question de se lancer dans une autre grossesse alors qu’ils avaient perdu le bébé, ça le dérangeait lui. « Si tu le dis. » Lui, il se sentait débile, pour bien des choses. Sans doute qu’il n’était juste pas habitué à ces situations et qu’il avait ce côté un peu immature, qui lui donnait l’impression de tout gérer de la pire des façons. « Ouais, mais je m’en voudrais de la priver de ça et au fond d’elle, elle m’en voudra aussi. » Mauvaise base pour une relation saine, la culpabilité et le fait de blâmer silencieusement l’autre. Même si elle acceptait de ne pas avoir d’enfant pour être avec lui, il y aurait bien un beau jour où elle se rendrait compte de ce qu’elle a perdu, à cause de lui. Cette histoire était une impasse à ses yeux. Il lâcha un rire au moins, à la remarque de Luz. « Je sais, j’te taquine. » Evidemment qu’elle n’était pas une mauvaise sœur, bien au contraire. Elle était là pour lui et puisqu’elle l’avait sorti de sa grotte, elle l’avait déjà bien prouvé. « Je crois que ça fait du bien d’en parler un peu. » Il pouvait au moins admettre ça Diego, vider son sac, faisait du bien et pourtant, d’ordinaire, il était plus du genre à enterrer les problèmes sous le tapis. « T’as des nouvelles des parents ? » Il demanda quand même, pour parler un peu d’autre chose. De son côté, c’était un peu tendu avec leurs pères, alors il n’avait pas beaucoup de nouvelles, parce qu’il n’allait pas vraiment les chercher, d’autant plus que ces derniers temps, c’était compliqué pour lui. Mais il pouvait toujours passer par Luz pour en avoir.

Tu n’as pas l’impression d’avoir réussi à convaincre Diego de quoi que ce soit, mais bon, ce n’est pas la fin du monde. Ton but c’était d’être là pour lui, pas de faire une croisade pour lui changer les idées. T’as pas de sagesse ultime de toute façon, t’es même pas capable de gérer tes propres problèmes relationnels. Il est toutefois plus simple de te concentrer sur ceux de ton frère, même si ça ne fonctionne pas très bien. Ça ne t’empêche pas d’essayer, d’insister par moment sur ce qui te parait plus certain. C’est le cas, par exemple, lorsque tu lui conseilles de laisser Isela décider ce qu’elle voulait exactement. En soit tu comprends son point de vue, c’est après tout une crainte qui s’applique à ta relation avec Astrid. Ce n’est pas un sujet que vous avez abordé si souvent, mais à quelque part tes conscientes que vous n’avez pas le même avis ou la même vision de la question des enfants. « Peut-être bien. » Une concession qui te coute - même si elle ne te concerne pas vraiment - mais qui reste presque évidente. « Mais je maintiens que tu devrais lui parler. » C’est ta conclusion à toute cette discussion, à tout ce qu’il a bien pu te dire. C’est la bonne solution - et quelque chose que tu pourrais faire toi aussi.
Pas que t’es prête d’écouter tes propres conseils.

Il est donc plus simple de laisser couler, de lui faire comprendre que t’es une oreille attentive s’il en a besoin sans pour autant chercher à le forcer à t’en parler. Ça te rassure de l’entendre rire à ton commentaire et surtout d’affirmer que ça lui fait du bien d’en parler. « Tu sais où me trouver si t’as besoin d’en parler davantage. » C’est une offre sincère, même si tu ne sais pas à quel point elle peut lui être utile. C’est au moins une façon de lui rappeler que t’es là pour lui, quoi qu’il advienne. C’est ton frère après tout, quelqu’un qui compte énormément pour toi. T’aimerais bien trouver une solution miracle pour lui offrir, surtout que t’appréciais Isela, mais bon, si tu peux lui offrir une oreille attentive ce sera toujours ça.
Et si tu peux lui changer les idées lorsqu’il pose une question. « Ouais, ils vont bien.  Ils arrivent toujours à être extrêmement occupés, c’est impressionnant. » C’est une réponse un peu laconique, mais au fond, que dire de plus. « Un jour ils se feront à l’idée que t’as fait les bons choix pour toi. » Ce n’est pas facile pour eux de toute évidence. Tu n’aurais jamais eu la force d’aller à l’encontre de leurs attentes à ce niveau-là, comme Diego a pu le faire. C’est pour ça que ta relation est moins tendue avec vos pères, parce que ton métier est plus traditionnel et reconnu. T’es aussi en voie de te marier avec une (future) docteure, ça doit aider. « T’as pas envie d’aller les voir un peu ? On pourrait organiser un repas de famille. » Tu sais que ta proposition risque d’être refusée et en soit tu le comprendrais. À sa place, tu ne voudrais pas avoir d’éventuels reproches ou devoir supporter qu’on te fasse la morale, mais la famille ça reste important, sacré même. Puis qui sait, peut-être que ça pourrait lui faire du bien dans une période difficile.

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C’était compliqué cette histoire entre Isela et lui. Il ne savait pas comment la gérer et il n’était pas sûr de l’efficacité des conseils qu’on pouvait lui donner. Ce n’était pas contre ceux qui, comme Luz, essayaient de l’aider. Non, c’était lui dans le fond le problème. Il était complètement perdu, assez désespéré pour avoir l’impression que quoi qu’il fasse, il n’y avait pas de solution et la peine serait toujours la même. De toute façon, ils étaient dans une impasse, Isela et lui. Ils s’aimaient toujours, comme le suggérait le baiser qu’ils avaient échangé l’autre fois. Mais ils n’avaient pas les mêmes envies dans la vie. Pas les mêmes rêves et inéluctablement, ça bloquait quelque part dans leur histoire. Il ne pouvait pas faire de compromis, Diego. Décider d’avoir un enfant alors qu’il n’en voulait pas. Il ne pouvait pas attendre d’Isela qu’elle renonce à en avoir. Il avait été prêt à accepter l’enfant qu’elle portait le brun, mais la peine qu’il ressentait depuis qu’ils l’avaient perdu, ne faisait que le conforter dans ses idées : il ne voulait pas d’enfant, il ne voulait même pas retenter cette expérience.

Parler, il ne savait pas si ça changerait grand chose dans le fond. Parler, c’était la solution idéale à tous les problèmes, apparemment, mais pour le coup, Diego, il ne savait pas vraiment si ça pouvait marcher. Parler ne pouvait pas résoudre leur problème. « On verra, si l’occasion se présente. » Il n’avait pas envie de se pointer à nouveau chez elle. Pas envie de croiser son fiancé. Il avait eu de la chance que ce dernier ne soit pas dans le coin la dernière fois. S’il croisait Isela, peut-être qu’il lui parlerait, mais il n’ira pas provoquer la rencontre, ça allait à l’encontre de sa volonté de passer à autre chose. « Merci, c’est gentil. » Il répondit à la brune, sourire aux lèvres. Il savait qu’il pouvait compter sur elle et ça le rassurait, le brun. La famille, c’était important, surtout dans les moments difficiles. Peut-être qu’il devrait faire des efforts pour passer outre les remarques de leurs pères, histoire de retrouver un peu plus sa famille.« Difficile de les arrêter ces deux-là. » Il répondit aux propos de la brune. Tant mieux, au moins ils n’avaient pas le temps de s'ennuyer. « J’espère, je commence à être pas mal reconnu mine de rien. » Pas encore une star, clairement, mais il avait quand même pas mal de monde qui le suivait et l’argent commençait à rien rentrer. Comme quoi, son métier qui n’était pas au goût de ses parents, ça commençait à lui rapporter pas mal d’argent. Plus que dans son ancien job. « J’en sais rien, si tu leur glisses de ne pas venir critiquer mon job, pourquoi pas ? » Il haussa les épaules. Il n’avait pas envie de se prendre des reproches en ce moment. Il avait perdu son bébé, sa copine, alors on pouvait bien le laisser profiter pleinement de son métier, puisqu’au moins, il se sentait bien et épanoui dans ce dernier. Au moins un pan de sa vie qui d’après lui était réussi. Il aimerait bien que ses parents réalisent que ça le rendait heureux et soient capable de se réjouir pour lui. Mais c’était loin d’être gagné de ce côté là.

Au final, si toute cette discussion a pu aidé Diego ne serait-ce qu’un peu, tu serais satisfaite. Bien sur, t’aurais préféré pouvoir lui donner la solution parfaite, mais votre conversation t’as bien fait comprendre que ce n’est pas une option. Peut-être que ton avis est trop biaisé sur la situation, peut-être que tu n’en comprends pas toutes les nuances. Quoi qu’il en soit, tu n’es sure que d’une chose : il faut qu’il parle avec Isela. Ça lui permettra de vraiment savoir ce qu’elle pense de tout ça, ce que ses sentiments sont. Tu n’insistes pourtant pas cette fois, lorsqu’il affirme qu’il le ferait si l’occasion se présente. Tu comprends que ça ne veut pas nécessairement dire que ça arriverait à un moment ou un autre, mais tu ne vas pas non plus le forcer. « En attendant essaie de prendre soin de toi. » Tu dis essaie parce que tu ne sais pas s’il le fera vraiment, supposes que non. C’est pour ça que tu lui proposes ton oreille attentive s’il en ressentait le besoin. Tu lui adresses un doux sourire à ses remerciements. « C’est normal. Il faut bien que ça serve la famille. » Oh si seulement t’appliquais ton propre conseil, que t’acceptais de t’ouvrir sur tes tracas. Peut-être te sentirais-tu mieux en lui en parlant.

Peut-être et pourtant, tu ne le fais pas. Tu préfères sauter sur l’occasion que te présente la question de Diego. Parler de vos parents reste plus simple que parler de ta propre personne, de tes doutes et tes craintes. « Impossible tu veux dire. » Arrêter vos parents relève du miracle, vous le savez tous‧tes les deux. C’est pour ça qu’ils peuvent être aussi insupportables par moment, notamment en ce qui concerne le choix de carrière de ton frère. T’essaies de les défendre - en quelque sorte - en disant qu’ils s’y feront un jour. En es-tu sure ? Non, mais t’oses espérer quand même. « Je pense pas que ça veut dire grand chose pour eux. » Mais toi t’es fière de lui, ça s’entend aisément dans ta voix, ça se voit au sourire que tu lui adresses. Bien sur que t’es fière de lui, tu le serais peu importe ce qu’il ferait, mais qu’il commence à être connu, ce n’est pas rien. « Mais moi j’ai hâte que tu puisses tout me payer avec ton salaire de streamer. » T’es plus taquine qu’autre chose alors que tu lui donnes un petit coup de coude, rien de méchant. Tu ne comptes pas vraiment lui demander quoi que ce soit à ce niveau, c’est plus parce que toi tu comprends ce que ça peut rapporter d’être dans ce milieu. T’as pas l’âge de vos parents après tout. « J’aurai une bonne discussion avec eux t’en fais pas. » Est-ce que tu peux promettre des miracles ? Non, mais vu tout ce que Diego a vécu dans les derniers temps, t’oses espérer que vos parents vont savoir se tenir. Mais cette pointe de sérieux n’a pas à être déprimante. « Mais aujourd’hui on vient surtout te faire dépenser un peu d’énergie. » Toi aussi ça te ferait du bien, de ça tu n’as aucun doute.