Bienvenue sur Take Me There, un forum rpg city simple et sans chichis. Le but du forum n'est autre que de se faire plaisir, faire de nouvelles rencontres, de se poser un peu sans pression ni prise de tête et de rp tranquillement. Venez comme vous êtes, avec le personnage et l'avatar que vous souhaitez. Ce forum, on veut le construire et le développer avec vous. Ici, vous êtes à la maison. Bonne humeur et convivialité sont les maîtres mots du forum !
-28%
Le deal à ne pas rater :
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 couverts – L60cm
279.99 € 390.99 €
Voir le deal

 Cry me a river (Luz)


TAKE ME THERE. :: 

weymouth, uk

 :: 

Greenhill


Astrid Wyatt
three steps above heaven
Astrid Wyatt
lost and insecure
posts : 254
pseudo : spf
id card : Saoirse Ronan + icegarl
Cry me a river (Luz) Ec1babca2be3ef7765a40001dc4a2e8600140e5d
age : 28 ans, la trentaine qui approche, et les responsabilités qui s’amoncellent. La vie d’adulte est bien là, et elle est aussi écrasante qu’exaltante
civil status : Fiancée à la (seule) femme de sa vie, sur le point d'enfin l'épouser
past time : résidente en première année de gynécologie-obstétrique, une discipline qui la passionne depuis toujours, une vocation, le grand amour de sa vie après Luz – ou avant, selon certains
orientation : Lesbienne et fière
address : 151, Charleston
nbre de mots : Variable, entre 500 et 1000, plus si l'inspiration est au rendez-vous

pronom irl : elle
pronom perso : elle
trigger warning : Triggers personnels : toxicomanie, criminalité
availability : Dispo
rps : 44
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Cry me a river (Luz) Dim 30 Jan - 22:55

TW:

Cry me a river
février 2022
@Luz Mayfair
Les murs blancs de l’hôpital sont familiers, rassurants parfois. Astrid les connaît par cœur, et chaque allée correspond à une étape de ses études, de sa vie d’adulte. Elle peut disserter sur les moindres recoins, sourire aux histoires qui s’y nouent doucement, entre l’infirmier des urgences au sourire charmeur et la radiologue tout juste divorcée qui rougit à chaque fois qu’il lui emmène un patient, entre l’aide-soignante de cardiologie qui travaille pour passer le concours d’infirmière et la secrétaire qui la fait réviser le soir, après ses heures, entre le brancardier qui s’attarde toujours pour demander au gentil externe un peu perdu s’il a besoin d’une main secourable pour trouver son chemin. Et il y a aussi tout ce qui se joue dans la chambre des patients, et de toutes ces vies qui se déroulent sous leurs yeux attentifs de soignants, qui se trouvent parfois à prendre davantage soin des esprits et des cœurs que des corps. Au dernier étage, les histoires se finissent doucement tandis que, quelques escaliers plus bas, les histoires commencent avec de premiers cris. Et entre ces deux mondes s’étalent des existences aux richesses diverses, qui vont de la famille nombreuse qui piaille autour d’une mère fatiguée qui doit, en plus de son opération, gérer son mari qui a l’air encore plus perdu que d’habitude au couple de nonagénaires amoureux comme au premier jour mais inquiets parce que madame est plus fatiguée que d’habitude, et que les derniers traitements n’ont pas eu l’effet escompté. Au milieu de ce tourbillon, Astrid a l’habitude d’évoluer avec facilité, parce qu’elle a été des deux côtés, parce qu’elle se souvient du pire vu à travers ses yeux d’enfant, et qu’elle est capable de le mettre de côté pour rationnaliser, avec ses yeux d’adulte. Mais, assise dans le hall, avec d’autres familles, amis, proches qui attendent, elle a l’impression de se revoir, des années auparavant, petite fille impressionnée et serrant convulsivement la main de son père. Sauf que son père n’est pas là, son père est plus haut, sur une table d’opération, et sa propre main convulse toute seule. Le tremblement nerveux ne s’arrête pas, et elle le laisse continuer, parce qu’elle est incapable de le stopper. Sa blouse blanche qu’elle n’a pas enlevée attire les regards discrets des autres personnes présentes, et elle se dit avec amertume que même les médecins ont parfois des proches qui ne vont pas bien. De temps en temps, ses amis et collègues viennent la voir, avec une parole gentille. Un ou deux attend quelques minutes avec elle, puis ils repartent travailler, parce qu’ils n’ont pas le choix. Ils ont aussi des patients, et des histoires à sauver, pour qu’il y ait de nouvelles pages à écrire, de nouveaux récits à raconter. Inlassablement, Astrid suit du regard le va-et-vient des chirurgiens qui arrivent, se dirigent vers un groupe. Elle peut deviner le contenu de la conversation en observant les expressions des visages, parce qu’elle a délivré exactement le même discours un nombre incalculable de fois. Puis, enfin, c’est son propre nom qui résonne, et elle se lève, nerveuse. Elle écoute son collègue, hoche la tête. Avant de se rasseoir, parce que désormais, elle doit attendre le réveil. Le temps s’écoule, et elle hésite à retourner dans son service. L’image du regard de Kathleen, son amie sage-femme, l’en dissuade, et elle sourit doucement. De toute façon, elle ne serait probablement pas bonne à grand-chose, dans son état. Alors, elle patiente, et observe, comme elle a toujours si bien su le faire.

Enfin, on lui indique qu’elle peut le voir. Elle monte jusqu’au service de neurologie, et contemple un bref instant la silhouette de son père à travers la porte vitrée de l’unité de soins intensifs. Il est éveillé, mais sous surveillance au moins jusqu’au lendemain. Doucement, elle entre, s’assoit à ses côtés, et prend sa main dans la sienne. Elle le voit ouvrir les yeux, et son regard se pose sur elle. Elle le voit troublé, et sait qu’il ne la reconnaît pas, pas vraiment. Ce n’est pas grave. Elle serre sa main dans la sienne, comme pour le rassurer, et sent que cela le détend. Ils restent ainsi, sans rien dire, sans qu’il sache qui elle est, sans qu’il sache que sa fille est là, et alors qu’elle sait qu’il ne sait pas, pas vraiment. Il se rendort au bout d’un quart d’heure, et elle reste à ses côtés, observant le visage paisible qu’elle aime tant. Puis elle quitte la chambre et s’entretient avec le neurologue qu’elle connaît bien, pour avoir effectué l’un de ses stages d’internat dans son service. Aucune de ses explications ne la surprend, et parce qu’il parle à une consœur, il se permet d’être plus direct que d’ordinaire. Tout, elle sait tout, mais l’entendre confirmer est un coup au cœur. Et il va falloir le répéter. Elle a envoyé un SMS à son frère, qui n’arrivera que tard, retenu à son travail. Il lui a dit qu’il lui faisait confiance, car après tout, c’est elle le médecin de la famille, et rien que ces quelques mots anodins et fraternels ont suffi à briser son cœur. Il lui fait confiance. Le goût amer de la bile lui remonte à travers la gorge. Quant à Luz, elle préfère tout simplement ne pas penser à ce qu’elle pourra lui dire. Rien que lui envoyer, à elle aussi, quelques SMS, lui a brûlé les doigts. Elle a effacé trois fois chaque message, et le téléphone abandonné au fond de la poche de sa blouse lui semble peser des tonnes, probablement le poids de sa mauvaise conscience, de ses doutes et de ses regrets. Désormais, il faudra assumer, boire le calice de ses erreurs jusqu’à la lie, et s’y noyer. La douleur est indicible, à l’idée de ce que cela pourrait signifier, et l’espace de quelques secondes, Astrid sent une rage profonde l’envahir, dirigée vers son père qui ne sait pas qui elle est, et qui dort paisiblement. Pourquoi ? Elle n’obtiendra pas de réponses, et s’il y en avait une, elle sait que ce ne serait d’aucune utilité.

Astrid sent son téléphone vibrer. Luz est arrivée. Elle descend jusqu’au hall d’entrée et l’attend patiemment. Quand elle reconnaît sa silhouette, elle s’avance telle une automate et, arrivée face à sa fiancée, en voyant ses yeux familiers qui la détaille avec ce qui semble être de l’inquiétude, son calme pourtant proverbial se brise. L’émotion la submerge, et la jeune femme ne peut faire autre chose que d’étreindre sa fiancée, sans un mot, parce que les paroles restent coincées dans sa gorge et qu’elle n’arrive pas à faire autre chose que de profiter égoïstement de la présence de Luz, juste pour quelques minutes, encore. Sans se soucier des regards de collègues intrigués, elle se détache enfin de sa compagne et passe une main rapide sur ses joues pour en chasser les larmes qui ont coulé doucement, traîtreusement, avant de murmurer :

« Merci d’être venue. »

En soit, si la situation avait été inversée, elle aurait fait pareil, et sait parfaitement que Luz n’aurait pas fait autrement. Mais parce qu’elle est fatiguée, que des semaines d’inquiétude et de silence ont abouti à ce moment, la gratitude est encore plus vive, ce qui, justement avive sa détresse. Alors, pour retarder l’inévitable, elle explique :

« Il est en soins intensifs au service de neurologie, pour l’observation post-opératoire, mais ça s’est bien passé, d’après le chirurgien. Il faut néanmoins garder un œil attentif sur lui, pour vérifier que la pression intracrânienne ne remonte pas. »

Ça, c’est la partie facile. Et en soit, c’est motif de réjouissance. Bien sûr. Mais … il y a le reste. Ce qu’elle n’est pas parvenue à dire depuis plusieurs semaines. Ce qui la dévore de l’intérieur. Ce qui remet tout en cause. Ce qu’elle a essayé de solutionner seule, et qui vient de lui revenir en pleine figure, telle une gifle qui la laisse marquée, à terre, exsangue. Tout va exploser, mais, ultime lâcheté, Astrid préfère que cela n’arrive pas dans ce hall. Alors elle souffle :

« Est-ce que … on peut monter, si tu veux. Pour se poser. Pour que je t’explique … pourquoi il est tombé. »

Les mots ont du mal à franchir ses lèvres, encore. Une peine insondable peut se lire dans ses yeux clairs, comme si elle cherchait à obtenir une absolution qu’elle ne mérite pas, en contemplant Luz. Les larmes, néanmoins, ne perlent plus. Pour un temps, au moins. Astrid se tient droite, malgré la douleur, malgré la peur. Parce qu’elle a toujours assumé ses erreurs. Et qu’en dépit du maelstrom d’émotions qui l’étreint, elle a conscience de ce qu’elle doit faire, peu importe ce qu’il lui en coûte. Parce qu’elle aurait dû le faire dès le début. Parce que c’est honnête, et qu’elle est une personne franche. Et que vivre avec ce secret entre elles lui a pesé, terriblement. C’est peut-être, ironiquement, le moment d’une délivrance. Une pensé ironique lui vient, alors qu’elles se dirigent vers l’ascenseur, puis vers une chambre de garde qu’Astrid ouvre, non loin de celle où repose son père.

Pour le meilleur ou pour le pire, il semble qu’elles soient bien parties pour le découvrir avant de prononcer ces vœux.

mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Luz Mayfair
three steps above heaven
Luz Mayfair
lost and insecure
posts : 802
pseudo : dday.
id card : tashi rodriguez + cosmic light (avatar) ; lyrabelacquad (gif).
Cry me a river (Luz) AJNOFFr
age : (vingt-huit ans) dans la fleur de l'âge, la trentaine étant encore assez lointaine pour que tu ne t'en préoccupes pas trop.
civil status : (fiancée) dans une relation qui se complique de jour en jour malgré le mariage qui approche. t'aimes astrid de tout ton coeur, mais tu réalises que ça ne suffit pas toujours.
past time : (architecte) un métier qui te permet d'utiliser ta créativité d'une façon bien différente.
orientation : (homosexuelle) tu l'as toujours su, faute d'avoir un quelconque intérêt pour les hommes.
address : (151 charlestown) une maison anglaise que tu partages avec la femme de ta vie. un chez vous beaucoup trop grand lorsque ses absences se font sentir.
code couleur : #8472a4
nbre de mots : autour de 500 mots, mais je m'adapte facilement.

pronom irl : elle.
pronom perso : elle.
trigger warning : abandon d'enfant, adoption, infidélité, problèmes d'anxiété.
availability : disponible (3/4) | astrid ; diego ; oceana
rps : 52
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Jeu 3 Fév - 4:22

Cry me a river
février 2022
@Luz Mayfair
Quelques vibrations dans ta poche, voilà le seul avertissement que t’as eu avant qu’une bombe explose sur ta journée. En soit il n’est pas rare que les messages d’Astrid ait une teinte un peu négative depuis quelques temps, mais ce n’était en rien suffisant pour te préparer au message reçu. Parce que son père était aux urgences, que c’était assez grave pour qu’il ait besoin d’une opération. C’est plus que ça aussi, tu le comprends bien avec ce qu’elle écrit. Il y a quelque chose qu’elle ne t’a pas dit, un secret (de plus) qui plane sur votre relation. Autant dire que si le message de base suffisait amplement à t’angoisser, l’idée qu’elle te cache quelque chose à ce sujet rend la chose presque insupportable. Et c’est ironique en soit, considérant que t’as toi-même un secret, qu’il y a quelque chose que tu ne lui as pas dit, que t’as décidé de garder pour toi.
Enfin, ce n’est pas le moment de penser à ça.
Non, la seule priorité à l’instant, c’est Astrid. C’est bien pour ça que tu ne poses pas plus de questions par sms - à moins que ce ne soit pour te préserver. Tu verrais le reste en temps et lieu. Tu quittes donc le travail en catastrophe après avoir expliqué brièvement la situation à Lisa. Il faut que tu passes à votre domicile pour récupérer des vêtements pour Astrid et après que tu prennes quelque chose à manger en chemin. Tu sais d’ores et déjà qu’elle n’aurait probablement rien avaler de conséquent pendant la journée, si seulement elle avait mangé. Ça te semble être une nécessité, même si ça allait te retarder.
Tout le long du trajet, tu tapotes ton volant, comment pour t’ancrer sur quelque chose. T’as l’esprit qui va à mille à l’heure. Pour le père d’Astrid, oui, t’espères que l’opération se passe bien, mais pas que pour ça. Non, ton esprit se lance dans toutes les directions parce que te concentrer sur ta fiancée ne t’aide pas cette fois. Tu sais qu’elle est la priorité, que l’urgence la situation importe bien plus que tout le reste, mais alors que t’es au volant de ta voiture, c’est difficile de rester rationnelle.

Arriver à l’hôpital est donc une étrange bénédiction. Ça te permet au moins de te concentrer à nouveau sur la bonne chose. Une fois garée, t’envoies un message à Astrid pour qu’elle puisse te dire où la retrouver avant d’empoigner le sac que t’as préparé pour l’occasion et te diriger à l’intérieur. Tu n’as pas à aller bien plus loin que ta fiancée te trouve. Elle est, faute d’une meilleure expression, dans un sale état. Il ne faut rien de plus pour que ton coeur se serre, que l’inquiétude monde en flèche. Tu ne peux que la serrer dans tes bras lorsqu’elle se rapproche, les bons mots ne te venant pas immédiatement. « C’est normal voyons. » Bien sur que tu es venue, tu ne comptais pas repartir de sitôt d’ailleurs. Tant pis pour ta nuit de sommeil, si tu avais l’option de rester avec elle, tu le ferais sans même un moment d’hésitation. Tu viens attraper sa main pour la serrer, pour lui apporter un peu de réconfort. Ce n’est sans doute pas suffisant, mais en dehors de la garder contre toi pendant de longues minutes, tu ne vois pas d’alternative. T’es prise au dépourvu, lui dire que tout irait bien parait bateau dans la situation. Au moins t’es là. « C’est une bonne chose non ? » Objectivement ça semble l’être, mais il y a toujours une tension dans l’air. C’est bien pour ça que tu ne demandes pas à le voir tout de suite, que tu laisses le temps à Astrid de mener la danse.

Tant pis pour le noeud qui se forme dans ta gorge lorsque ta fiancée reprend la parole. T’hoches la tête, doucement. « Je te suis. » Tu préfères la suivre que devoir continuer à décerner la tristesse dans son regard. Ça ne fait qu’attiser tes angoisses, les peurs qui deviennent tumultueuses dans ton esprit. C’est idiot en soit, parce qu’en temps normal, ce serait bien bien vers elle que tu te tournerais pour calmer l’anxiété. Impossible cette fois, parce qu’elle en est - au moins indirectement - la cause. « Tu en profiteras pour manger un peu. » Parce que malgré toutes tes peurs, tu t’inquiètes pour elle, plus que de raison. Peut-être que tu tiendrais un discours légèrement différent dans quelques minutes, mais pour l’heure, elle reste la plus importante. T’essaies donc d’ignorer les signes inquiétants, le silence pesant dans l’ascenseur ou le comportement de ta fiancée. Repenser au message qu’elle t’a envoyé n’aide en rien. C’est même ce qui te pousse à briser le silence la première lorsque vous entrez dans une chambre. « Qu’est-ce qui se passe Astrid ? » Pas de flanelle, pas de douceur. Parce que t’angoisse de la voir ainsi, de ne pas savoir. T’as jamais été douée pour ça, parce que ton esprit s’imagine toujours le pire.
Le pire, c’est qu’en raison de la situation, la seule chose que t’as envie de faire, c’est la prendre dans tes bras et lui dire que ça va aller. Peu importe si c’est vrai ou non, peu importe que t’as aucune idée de ce qu’il en retourne vraiment. L’angoisse écarte l’envie immédiate. « Pourquoi est-ce qu’on ne peut pas aller le voir ? » Parce que ça, tu l’as bien noté de son message, parce que sinon ça aurait été le seul arrêt à ta visite. T’es proche du père d’Astrid depuis le temps, du moins, tu t’es toujours bien entendue avec lui. Il est, après tout, ta famille autant que ta fiancée, une évidence qui serait peut-être ébranlée par la conversation à venir.
Peut-être pas de la manière que tu penses, en plus.
mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Astrid Wyatt
three steps above heaven
Astrid Wyatt
lost and insecure
posts : 254
pseudo : spf
id card : Saoirse Ronan + icegarl
Cry me a river (Luz) Ec1babca2be3ef7765a40001dc4a2e8600140e5d
age : 28 ans, la trentaine qui approche, et les responsabilités qui s’amoncellent. La vie d’adulte est bien là, et elle est aussi écrasante qu’exaltante
civil status : Fiancée à la (seule) femme de sa vie, sur le point d'enfin l'épouser
past time : résidente en première année de gynécologie-obstétrique, une discipline qui la passionne depuis toujours, une vocation, le grand amour de sa vie après Luz – ou avant, selon certains
orientation : Lesbienne et fière
address : 151, Charleston
nbre de mots : Variable, entre 500 et 1000, plus si l'inspiration est au rendez-vous

pronom irl : elle
pronom perso : elle
trigger warning : Triggers personnels : toxicomanie, criminalité
availability : Dispo
rps : 44
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Jeu 3 Fév - 19:39

Cry me a river
février 2022
@Luz Mayfair
« Parce qu’il ne te reconnaîtra pas. »

L’aveu s’échappe et enfle, occupe le silence qui retombe et enveloppe les deux femmes dans la chambre de garde. La voix d’Astrid vibre, l’émotion aisément perceptible, le sanglot ravalé mais qui tambourine dans sa gorge, prêt à s’évader à la moindre faiblesse. Pourtant, le ton est d’une douceur infinie, de celle qui annonce les plus grandes douleurs. La souffrance, contrairement à ce que l’on pense souvent, n’est pas forcément bruyante. Au contraire, les pires tourments ont tendance à asphyxier leurs victimes, jusqu’à les vider de leurs forces. Et il ne leur reste qu’à redresser le menton, vestige de dignité, et à constater avec tendresse confondante la vérité cruelle. C’est ce que la chirurgienne fait, confrontée à cette réalité qu’il est impossible de nier. Elle sait ce que ces mots vont infliger à Luz, elle lit déjà la stupéfaction, l’incompréhension. L’une des raisons pour lesquelles elle a tant eu de mal à tout lui avouer se trouve précisément devant ses yeux. Cette blessure qu’elle lui inflige est insupportable. Et elle s’en veut tout à la fois de le faire, et d’avoir tardé à le faire. Le chagrin est palpable, pour Luz, pour elle, pour elles deux, pour son père aussi, dans ses grands yeux bleus qui fixent avec résignation sa fiancée. La culpabilité, quant à elle, est simplement atroce. Elle la dévore, comme la rouille avale l’acier goulûment, la rend friable. Elle ne mérite pas son attention, ses attentions. Parce que malgré la situation, l’architecte a pris le temps d’amener à manger, se doutant qu’Astrid n’aurait rien avalé. Ces quelques mots, prononcés en bas, l’ont achevé. Elle n’a pu qu’hocher la tête, déjà, quand Luz lui a dit que c’était plutôt bon signe. Oui, l’opération s’est bien passée. Selon toute vraisemblance, il n’y aura pas de complication. Comme s’il y avait besoin d’en avoir, pour rendre tout plus complexe. Dans quelques minutes, elle aurait à révéler à Luz la vérité âcre et amère, celle d’une vie qui n’était plus entièrement avec elles, se déroulaient en parallèle d’eux. Elles continueraient à le voir vivre sereinement, compteraient les moments de lucidité, jusqu’à ce qu’ils s’évanouissent peu à peu et qu’il ne subsiste qu’un esprit flottant quelque part, loin d’elles. Il ne guérirait pas. Son père adoré, l’homme qui économisait soigneusement toute l’année pour emmener ses enfants au restaurant pour le jour de l’an, et avait étendu l’invitation à Luz spontanément, quand Astrid l’avait présentée la première fois, celui qui avait séché ses pleurs d’enfant, recousu ses peluches et ses jeans, avait tellement sacrifié pour lui permettre de réaliser son rêve … Son père, tout simplement, ne savait pas toujours qu’il avait une fille. Encore moins une belle-fille. Il ne se souviendrait pas toujours qu’il l’appréciait tellement, cette belle-fille, qu’il avait donné à Astrid, comme bague de fiançailles à remettre à Luz, quand cette dernière avait fait sa demande, celle que portait sa défunte épouse. A vrai dire, souvent, la chirurgienne l’avait soupçonné d’avoir été dans la confidence avant que sa compagne ne pose la question fatidique, et ça ne l’aurait étonné qu’à moitié. Le soir où Astrid avait compris que plus rien ne serait comme avant, son monde s’était écroulé. Désormais, Luz subirait la même avanie. Parce que ces quelques mots qu’elle avait prononcés ne sauraient traduire toute l’agonie de la situation. De la même voix sourde, vibrionnante, elle explique :

« Il est atteint de la maladie d’Alzheimer. A un stade assez avancé. Quand je l’ai découvert il y a quelques semaines … il était déjà tombé. Quand il n’est plus lucide, il déambule, et comme il est désorienté … »

Astrid déglutit. Cette phrase, elle décide de ne pas l’achever, pour éviter de suffoquer. Les larmes lui viennent, et cette fois, elle ne parvient pas à les arrêter, pas entièrement. D’un geste rageur, qui contraste avec sa voix de velours, elle les essuie, prend une profonde inspiration et détourne légèrement le regard pour se donner du courage, parce qu’elle est certaine que le regard et l’expression de Luz seraient suffisants pour la faire taire. Mais elle doit aller au bout. Boire le calice jusqu’à la lie. Terminer son exposé, arriver au plus douloureux. Est-ce que ce sera aussi dur, avec son frère ? Sans doute. Mais lui, au moins, parfois, son père se souvient de qui il est. Ce qu’elle doit avouer à Luz est autrement plus cruel. Une fois encore, la culpabilité et la douleur l’étreignent, et il lui semble qu’une main de fer est en train de lui broyer le myocarde, de lui comprimer les poumons, de lui écraser la gorge. Pourtant, des annonces terribles, elle en a fait, en tant que médecin. Elle est préparée. Sauf que personne n’est jamais préparé à briser sa propre famille.

« Quand il se souvient de moi, il pense que … que je suis encore adolescente. »

Cette fois, le sanglot est impossible à étouffer.

« … Avant qu’on ne se rencontre. »

Cette partie si importante de sa vie, son père ne s’en souvient pas. Cette partie si centrale de sa vie, son père ne la connait pas. Avec un pauvre sourire, Astrid ajoute :

« Je n’ai jamais fait autant de coming out de toute ma vie. »

Derrière la plaisanterie, se cache pourtant une réalité particulièrement douloureuse. Une telle situation, pour tout un chacun, est intolérable. Dans leur cas, c’est encore pire, car cela oblige à réitérer, encore et encore, une vérité qui, même si elle a toujours été accueillie avec gentillesse, finit par peser lourdement sur la psychée. Parce que c’est éreintant, au quotidien, de devoir le faire. Cela l’est encore plus quand c’est répété, ad nauseam. Et Astrid sait que cela va se répéter, encore et encore. Elle espère seulement que les changements de comportement, de personnalité, qui affectent la plupart des malades d’Alzheimer n’affecteront pas son père là-dessus. Pour ne pas ajouter une douleur supplémentaire. Elle n’en a pas besoin.

Parce que passé le choc, il est évident que Luz va vouloir des explications. C’est légitime, et Astrid s’y prépare. Elle tente de retrouver contenance, sachant pertinemment qu’elle mérite des reproches. Elle les attend, comme un boxeur fatigué qui pressent le coup final qui l’enverra au tapis. Elle ne vacille pas, pourtant, et poursuit :

« Il m’a fait promettre de ne rien dire, pour n’inquiéter personne, parce qu’il se débrouillait, et qu’il s’était débrouillé jusque-là. »

Sa voix, cette fois, s’étrangle tout à fait.

« J’ai trouvé des carnets de notes partout, des post-its … Il y a marqué dedans qui nous sommes, et plein de rappels.

Je pense que les derniers temps, il soudoyait la voisine pour qu’elle fasse à manger en avance quand on venait dîner chez lui, et qu’il se mettait des pense-bêtes dans sa chambre, c’est pour ça qu’il s’éloignait fréquemment de la table pour faire ci ou surveiller ça. »


Et la tendresse perce, malgré tout, parce qu’Astrid est impressionnée en dépit d’elle-même par la capacité de son père à avoir tenu aussi longtemps, et par sa volonté farouche de les protéger. De se protéger aussi, elle en a conscience. Sa voix faiblit, et achève :

« Le soir … j’étais pas au travail, Luz. Enfin pas tout le temps. J’étais chez lui, ou à la mairie, pour essayer de trouver des aides, ou à visiter des maisons spécialisées … »


mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Luz Mayfair
three steps above heaven
Luz Mayfair
lost and insecure
posts : 802
pseudo : dday.
id card : tashi rodriguez + cosmic light (avatar) ; lyrabelacquad (gif).
Cry me a river (Luz) AJNOFFr
age : (vingt-huit ans) dans la fleur de l'âge, la trentaine étant encore assez lointaine pour que tu ne t'en préoccupes pas trop.
civil status : (fiancée) dans une relation qui se complique de jour en jour malgré le mariage qui approche. t'aimes astrid de tout ton coeur, mais tu réalises que ça ne suffit pas toujours.
past time : (architecte) un métier qui te permet d'utiliser ta créativité d'une façon bien différente.
orientation : (homosexuelle) tu l'as toujours su, faute d'avoir un quelconque intérêt pour les hommes.
address : (151 charlestown) une maison anglaise que tu partages avec la femme de ta vie. un chez vous beaucoup trop grand lorsque ses absences se font sentir.
code couleur : #8472a4
nbre de mots : autour de 500 mots, mais je m'adapte facilement.

pronom irl : elle.
pronom perso : elle.
trigger warning : abandon d'enfant, adoption, infidélité, problèmes d'anxiété.
availability : disponible (3/4) | astrid ; diego ; oceana
rps : 52
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Lun 7 Fév - 3:57

Cry me a river
février 2022
@Luz Mayfair
Tu ne sais pas à quoi t’attendre dans cette situation. Tu penses au pire et pourtant, ça ne te prépares même pas à la réponse, à l’aveu qu’Astrid laisse filtrer dès le début. T’encaisse en silence, sans même avoir la moindre idée ce que tu peux dire en réponse. Tu n’as pas besoin de demander pourquoi, tu peux le supposer. Et puis même si tu n’identifies pas la bonne cause, la conclusion resterait la même. Il ne te reconnaitrait pas et, vue la façon dont elle en parle, peut-être ne te reconnaitra-t-il jamais. C’est un choc à encaisser, à accepter. Parce que tu ne peux que faire ça, c’est pas quelque chose que tu peux discuter, négocier. C’est un fait.
Il ne te reconnaitra pas.
Mais ça soulève aussi son lot de questions. Des questions que tu n’oses même pas poser tant les réponses potentielles te paraissent terrifiantes. Tu sais qu’il le faudrait, qu’Astrid te doit des explications, mais tu figes. Parce que t’as l’impression de devoir combattre ton premier réflexe, de l’impulsion qui te dit d’aller prendre ta fiancée dans tes bras. Tu vois qu’elle souffre, t’entends l’émotion dans sa voix. T’as envie d’apaiser tout ça, de la garder près de toi pour qu’elle puisse pleurer si elle ressent le besoin. L’impulsion est forte et pourtant, tu ne bouges pas. Tu te doutes que l’aveu ne s’arrêterait pas là et que c’est une conversation que vous devez avoir. Les questions que tu n’oses pas poser méritent tout de même d’être répondues.
Au moins Astrid ne les attend pas, elle poursuit toujours avec de l’émotion dans la voix. Elle confirme les doutes, mets le bon diagnostic sur la situation. Et ça te fait mal au coeur de l’entendre, de savoir ce qu’il advient de l’homme que tu apprécies. L’imaginer dans un tel état est difficile, mais tu sais que ce n’est qu’une mince parcelle de ce que ta fiancée doit ressentir. Et l’impulsion de vouloir la prendre dans tes bras revient, c’est presque un automatisme lorsque tu vois des larmes couler, celles qu’elle vient essuyer d’un geste rageur. Peut-être que l’envie l’aurait emporté si ce n’était d’une réalisation : elle le savait depuis des semaines. Sans doute est-ce hypocrite de ta part de lui reprocher - intérieurement - le secret. Après tout, n’est-ce pas toi qui n’ose pas lui parler de tes doutes ? N’est-ce pas toi qui lui cache quelque chose ? Oui. Tu le sais. Mais ce n’est pas la question. La vérité actuelle est assez difficile à encaisser comme ça. Parce que ce qu’elle ajoute complique un peu plus le tout. Que le père d’Astrid ne se souvienne pas de toi est une chose, mais ses souvenirs reculent suffisamment pour qu’il en oublie une vérité sur sa fille. « Oh non, ma chérie. » Parce que tu sais qu’il y a un pan de vérité sous la plaisanterie, tu peux imaginer à quel point ça doit être épuisant. Et que ça prime, dans l’immédiat, sur les reproches. Pas assez pour que tu combles la distance entre vous, mais pour que la tendresse envahisse ta voix.

Encore fois, les questions restent dans l’air, silencieuses. Astrid apporte une réponse à la plus importante d’entre elles. Pourquoi elle ne t’a rien dit avant ? Une promesse faite à son père. Tu n’as pas besoin de lui dire que ça ne pouvait pas durer éternellement, qu’elle aurait du t’en parler au cas où quelque chose comme ça arrivait. Sauf que ça ne sert à rien, ce n’est rien que ta fiancée ne savait pas déjà. Puis les choses auraient certainement été différente si ce n’était de l’insistance de son père de préserver les apparences, de protéger tous les parties impliquées.
Mais voilà, entre le choc et les explications, à travers cette réalité difficile à encaisser, il y a autre chose. Il y a ce qu’elle vient ajouter, comme une funeste conclusion. Non seulement elle ne t’a rien dit, mais elle t’a ouvertement menti. C’est loin de ce que tu as pu imaginer, des pires scénarios qui ont fait leur place dans ton esprit malgré toi, mais c’est tout de même gros. « Pourquoi tu ne m’as rien dit ? » Oh, tu sais pourquoi, t’as bien entendu, si bien que tu précises. « Je comprends que tu lui aies promis, mais c’est de nous qu’on parle. » Tu te sens horrible de lui reprocher, mais ça n’empêche pas la perfide idée que si elle t’a caché ça, elle pourrait très bien te mentir sur une autre chose de s’inviter dans ton esprit. Tu t’efforces de la chasser aussitôt, ce n’est pas le moment d’y penser, de t’imaginer le pire. Tu prends une grande respiration comme si ça allait chasser l’angoisse et les autres émotions qui s’agitent.  « T’aurais pu au moins me dire qu’il y avait quelque chose et que tu irais chez lui régulièrement. » Tu sais que ça n’aurait pas été plus simple pour autant, mais au moins, elle n’aurait pas été seule avec tout ça et toi tu n’aurais pas eu à te poser mille questions sur votre relation. Parce que t’as pu remarquer la distance entre vous, ses absences. Elles avaient été associées à son travail, mais tu réalises que c’est plus que ça. « J’aurais pas posé plus de questions si tu me l’avais demandé. » Ou peut-être que oui tu l’aurais fait, c’est difficile de le savoir maintenant que c’est impossible. « J’aurais pu t’aider. » Et ça, c’est une certitude. T’aurais pu visiter des maisons spécialisées avec elle, faire de la paperasse au besoin. T’aurais pu te concentrer là-dessus plutôt que sur l’organisation de votre mariage. Ton esprit vous ramène au mariage avec la réalisation que ça changerait la donne à ce niveau-là. Et s’il y a une pointe d’égoïsme dans la réflexion, elle est vite éclipsée par le fait qu’il ne pourra pas être avec vous, pas vraiment. Il ne pourra pas voir les fruits de sa participation, pas vraiment. Il ne serait pas là parce qu’il n’était pas bien. Il ne serait pas là parce qu’il ne comprendrait pas ce qui se passerait. Il ne se souviendrait pas de qui tu es.
T’essaies d’arrêter cette pensée en prenant une grande inspiration et en massant tes tempes. Une vague tentative de briser la spirale de réflexions, avant que l’angoisse en naisse. Aujourd’hui, plus que jamais, Astrid n’a pas à gérer tes états d’âme, peu importe la pointe de rancoeur qui s’invite. « On est supposée être une équipe Astrid. » Le commentaire sonne comme une reproche, ce n’est pas exactement le cas. C’est plus la manifestation d’une crainte, que les choses soient différentes de ce que tu as pu imaginer.  Vous êtes un couple, vous allez (peut-être) faire votre vie ensemble. Et peut-être que naïvement, tu pensais que ça impliquait plus.
Alors que t’es bien consciente de ton hypocrisie sur la question. La culpabilité ne tarderait pas, il suffisait d’encaisser le choc d’abord.
mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Astrid Wyatt
three steps above heaven
Astrid Wyatt
lost and insecure
posts : 254
pseudo : spf
id card : Saoirse Ronan + icegarl
Cry me a river (Luz) Ec1babca2be3ef7765a40001dc4a2e8600140e5d
age : 28 ans, la trentaine qui approche, et les responsabilités qui s’amoncellent. La vie d’adulte est bien là, et elle est aussi écrasante qu’exaltante
civil status : Fiancée à la (seule) femme de sa vie, sur le point d'enfin l'épouser
past time : résidente en première année de gynécologie-obstétrique, une discipline qui la passionne depuis toujours, une vocation, le grand amour de sa vie après Luz – ou avant, selon certains
orientation : Lesbienne et fière
address : 151, Charleston
nbre de mots : Variable, entre 500 et 1000, plus si l'inspiration est au rendez-vous

pronom irl : elle
pronom perso : elle
trigger warning : Triggers personnels : toxicomanie, criminalité
availability : Dispo
rps : 44
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Lun 7 Fév - 23:04

Cry me a river
février 2022
@Luz Mayfair

Le plus difficile n’est pas d’encaisser les questions ou les reproches. Non, ce qui déstabilise Astrid, ce qui lui tord le cœur et lui brûle l’âme, c’est d’entendre la tendresse, malgré tout, dans la voix de Luz, et dans ce « chérie » qui retentit à ses oreilles, la jeune femme a l’impression d’entendre le tintement lugubre d’un requiem. Parce que elle la chérit ardemment, cette appellation, témoignage de leur intimité. Qu’elle idolâtre la douceur dans le ton de sa compagne, son expression délicate quand elle s’adresse à elle. Tout cet ensemble, c’est son cocon, son armure, son foyer, son repos, son horizon. Son Nord, son Sud, son Est et son Ouest, sa semaine de travail et son dimanche de sieste, son midi, son minuit, sa parole, sa chanson. L’espace d’un instant, elle a envie de croire que tout restera comme avant. Qu’elle peut se réfugier dans les bras de sa moitié, l’étreindre doucement, sentir le parfum familier de ses cheveux, laisser pénétrer la chaleur de son corps par tous les pores de sa propre peau. L’affection la submerge, parce que le premier réflexe de l’architecte a été de compatir, et non de lui en vouloir. Elle reconnaît aisément la Mayfair à cette gentillesse caractéristique, et ne l’en aime que davantage, au moment précisément où leurs sentiments se fissurent. Parce que cette faille béante entre elles, elle est là, elle la voit, elle l’empêche de la prendre de ses bras. C’est ce qui se serait passé d’ordinaire. Sauf qu’elles restent toutes les deux à se faire face, comme si déjà, la familiarité physique n’était plus une option, juste un soupçon. Et pourtant, à cet instant précis, peut-être qu’Astrid n’a jamais autant aimé Luz. Le sentiment enfle, à mesure que sa fiancée commence à réagir. Bien sûr, la première question, la plus légitime, Astrid la prend de plein fouet. Mais elle s’y était attendue. Le reste en revanche … Oui, c’est cela le plus douloureux. De voir que sa compagne place tout de même leur couple au centre du débat. La proposition d’aide la terrasse. C’est plus qu’elle n’aurait pu espérer. Qu’elle a osé rêver. Et enfin vient l’estocade finale. Elles devraient être une équipe. Evidemment. La meilleure de toute. Elle y croit dur comme fer, Astrid, en plus, et n’a jamais voulu admettre franchement que cette équipe, elle aimerait l’agrandir, un jour, peut-être, parce qu’elle est trop belle pour ne pas être partagée, parce que leur amour mériterait de s’épanouir dans les yeux d’un autre être. Son plus grand drame est là : que d’avoir cette certitude farouche dans leur histoire, dans leur amour réciproque, et de ne pas avoir été capable d’agir en sa faveur, précisément parce qu’elle a trop craint de briser leur équilibre, de faire du mal, alors qu’elle en fait bien plus désormais. Elle a trop chéri pour ne pas abîmer. Ceux qui aiment le moins bien sont ceux qui aiment le plus passionnément. Et Astrid n’a jamais autant aimé que Luz, pas aussi intensément, pas aussi follement. Au-delà de l’attirance, ou même des sentiments réels, il y a cette certitude absolue qu’elle est sa meilleure amie et sa compagne de vie, celle qu’elle a choisi à dix-huit ans. Elle ne peut imaginer sa vie sans elle, est incapable de contempler cette réalité potentielle. Elle l’aime, c’est aussi simple que cela, et en voulant la protéger, elle l’a probablement davantage blessée que durant leurs dix années réunies. Le constat est amer. L’élan, impossible à contrôler : sa main se soulève, mais vacille à mi-chemin, incapable de caresser cette joue dont elle aime la douceur, dont elle connait le tracé par cœur, y compris le léger creux tendu, le renfoncement au niveau du menton et la bosse à la pommette. Le geste, honteux, ne se termine pas, et Astrid bat en retraite, piteusement, refermant sa main sur son biceps, croisant les bras devant elle.

Que peut-elle dire ? Aucune explication ne sera suffisante. L’obstétricienne en a conscience. Pourtant, elle ne manque pas d’arguments. Il y a ceux, froids et rationnels, de ses serments, tant affectifs que d’Hippocrate. Il y a ceux, émotionnels et tendres, de ses attentions dévoyées. Il y a ceux, enfin, répugnants et hideux, de sa lâcheté sans nom. Tous ont leur sens, et par conséquent, aucun n’en a. Cette situation est le résultat d’une somme de mauvaises décisions qu’elle devra assumer. Heureusement, confrontée à la réalité, Astrid ne fuit pas. Elle ne cherche pas à se dédouaner, à renvoyer à Luz ce qu’elle lui dit. Parce que sa fiancée a raison, et qu’elle en a pleinement conscience. Ce serait trop facile, de rejeter la faute. Chacun est responsable de ses actes. Cette maxime qu’elle applique aux autres, la chirurgienne l’épouse avec encore plus de férocité, parce qu’on pardonne moins ses propres errements que ceux des personnes que l’on aime. Elle se juge avec dureté, et si Luz lui pardonne, elle n’est pas certaine d’y parvenir elle-même. Parce que la sensation de l’avoir heurtée est plus qu’elle n’en peut supporter. Elle s’est promis, pourtant, de toujours protéger ce sourire qu’elle aime tant, au point de l’emprisonner dans quantité de photographies sur papier glacé, pour que l’éternité puisse en être témoin, pour que personne ne puisse l’ignorer.  De ne pas être à l’origine de cette angoisse qu’elle voit danser dans les yeux de sa compagne, qu’elle pourrait calmer comme elle sait si bien le faire, en prenant sa main dans la sienne, en focalisant son attention sur elle … Leur dynamique a souvent été ainsi, Luz la solaire poussant la calme Astrid hors de sa zone de confort, et cette dernière s’efforçant d’être la sienne en retour. Au début de leur relation, plusieurs de leurs amis respectifs s’interrogeaient gentiment sur leur compatibilité, en raison de leurs caractères si différents. Luz se lasserait. Astrid se fatiguerait. Leur victoire avait été de devenir une évidence, peu à peu, à mesure que les mois puis les années passaient. D’être précisément ce couple sur lequel personne ne s’interroge, toujours présent dans le fond, souriant, celui à qui on demande des conseils ou qu’on cite en exemple. Cela n’a pas été sans mal, elles ont travaillé sur leur relation, comme sur elles-mêmes. Pourquoi, alors, Astrid a-t-elle été rattrapée par ses démons ?

La vérité, c’est qu’elle a agi ainsi parce qu’elle tient plus que tout à son couple, et non l’inverse. Parce qu’infliger une telle peine à Luz l’horrifie. Parce qu’elle a tenu, jusqu’au bout, à se convaincre qu’elle pourrait arriver posément et présenter une situation difficile, mais à laquelle, au moins, elle pourrait apporter des réponses. Pour apaiser ses angoisses. Pour diminuer sa peine. Si elle a cherché avec tant d’acharnement des solutions, c’est pour son père, bien sûr, mais c’est aussi pour elle, et pour elles. Pour qu’elle puisse lui affirmer que tout irait bien, comme elle le fait depuis tellement d’années. Qu’elles peuvent tout surmonter, y compris le pire. Que ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Ce ne sera pas le cas. Astrid déglutit, cherche ses mots. Ils se bloquent dans sa gorge, et elle a envie, l’espace d’une seconde, de s’enfuir, pour ne pas supporter la déception qu’elle a l’impression de lire sur le visage de la Mayfair, et qui broie son myocarde avec férocité. La douleur est suffocante. Prenant une profonde inspiration pour faire taire les sanglots qui éclatent dans sa gorge, la jeune femme finit par dire dans un murmure :

« Je sais. »

Que peut-elle dire ? Aucun mot supplémentaire n’est nécessaire. Elle sait qu’elle aurait dû en parler avant, qu’elle aurait pu trouver une autre solution … Qu’elles sont une équipe, un couple, qu’elles sont autant dans la conversation que son père, fantôme qui hante cette pièce où il ne repose pas. Elle ne voit pas la peine de mentir, de protester. Elle sait. Elle savait. La franchise de l’aveu est sa dernière dignité, et elle s’y accroche comme un bateau ivre à la dérive, alors que des larmes reviennent doucement, et qu’elle ne cherche pas à les arrêter, cette fois, pendant qu’elle admet finalement :

« Et je suis désolée. Si tu savais ... comme je suis désolée. Comme je m'en veux.»

Cela ne résoudra rien, ne mènera à rien. Mais il fallait le dire. Curieusement, reconnaître ses torts ainsi la soulage. Brusquement, Astrid sent un poids se lever de ses épaules, et une part de la tension accumulée depuis plusieurs semaines s’apaise. L’honnêteté est douce, pour qui a le courage de s’y confronter. Une lente résolution s’empare de la chirurgienne. En cherchant l’absolution, elle trouvera la paix qui se dérobe depuis tant de jours. Lentement, elle pétrit sa réponse, la malaxe entre ses molaires, et chaque mot régurgité est une offrande étrange et pénétrante :

« Je crois … en fait, je pourrai te dire que je lui avais promis, et que je me sentais liée par le secret médical, mais …

Ce n’est pas parce que ce n’est pas faux que c’est la vérité. Toute la vérité. »


Instinctivement, Astrid se rapproche de Luz, par un petit pas. Elle a rarement été autant vulnérable, devant l’autre femme, et il lui est difficile d’abaisser à ce point ses barrières protectrices. Elle l’accepte, néanmoins. Parce qu’elle le lui doit. Parce que Luz a le droit de comprendre.

« J’ai compris très vite mais … quand j’ai eu le diagnostic, j’ai eu l’impression … à la fois que tout s’effondrait, et que … peut-être que ce n’était pas si grave, qu’il devait y avoir un moyen …

J’ai dû me rendre à l’évidence. Et avec ça … j’ai perdu pied, Luz. Parce que … je savais que ça allait te causer une peine atroce, que j’en serai partiellement responsable et que … »


Cette dernière partie, elle n’arrive pas à la prononcer. Le sanglot est impossible à réprimer, et son écho enveloppe la douceur de son ultime aveu :

« … Notre équipe, c’est ce que j’ai de plus précieux. Et tu te démènes pour la faire vivre, pour nous offrir … la célébration la plus belle, alors que moi … j’allais tout faire exploser. Parce que ça ne sera pas comme on l’a imaginé. »

Surtout …

« … Parce que je ne sais même pas si j’aurai de quoi payer, après tout ce qu’il va falloir financer. »

Une légère rougeur colore ses traits, et Astrid baisse la tête. La honte est présente, profonde. Elle n’a encore qu’un salaire de résidente, pas d’obstétricienne titulaire. C’est suffisant pour vivre, bien vivre, avec le salaire de Luz. Mais elle a les traites de son prêt étudiant à rembourser, plus sa part de loyer, et même en mutualisant avec son frère, peu importe la solution retenue, il resterait une nouvelle traite à régler. Et l’humiliation est d’autant plus forte qu’elle a suffisamment vécu chichement dans son enfance pour ne pas ressentir à nouveau ce sentiment exécrable, surtout face à Luz qui vient d’un milieu beaucoup plus aisé et n’a pas le même rapport à l’argent. Pour Astrid, participer à son mariage, c’est une question de fierté, comme prendre en charge son père. Comme ça l’était, quand elles étaient jeunes et que Luz l’emmenait dans un endroit un peu chic. Leur premier restaurant a englouti une bonne moitié de ses économies pour le mois, et elle se souvient avec douleur des calculs faits pendant la moitié du repas pour rentrer dans ses frais. Les cadeaux n’étaient pas les mêmes non plus, et en soit, bien sûr que ça n’a jamais eu d’importance. Sauf que ça en a quand même. Devoir compter à nouveau, après tellement d’années d’études, de petits boulots pour s’extraire de ce besoin compulsif de chiffrer, encore et encore, c’est un échec et une blessure. L’obstétricienne n’arrive pas à le verbaliser et à la place, conclut finalement :

« Je voulais … je ne sais pas. Je voulais avoir un plan. Venir te voir et te dire … que ça n’allait pas, mais qu’on avait des options.

Je voulais … le convaincre de t’en parler de lui-même, et après le Nouvel An, il savait que ce serait intenable.

Je voulais … en fait, je voulais que tout se passe aussi … doucement que possible. Pour lui, et pour nous.

C’était idiot. »


Que peut-elle dire ? Rien.

Et ce rien, c’est la peur de tout à la fois.


mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Luz Mayfair
three steps above heaven
Luz Mayfair
lost and insecure
posts : 802
pseudo : dday.
id card : tashi rodriguez + cosmic light (avatar) ; lyrabelacquad (gif).
Cry me a river (Luz) AJNOFFr
age : (vingt-huit ans) dans la fleur de l'âge, la trentaine étant encore assez lointaine pour que tu ne t'en préoccupes pas trop.
civil status : (fiancée) dans une relation qui se complique de jour en jour malgré le mariage qui approche. t'aimes astrid de tout ton coeur, mais tu réalises que ça ne suffit pas toujours.
past time : (architecte) un métier qui te permet d'utiliser ta créativité d'une façon bien différente.
orientation : (homosexuelle) tu l'as toujours su, faute d'avoir un quelconque intérêt pour les hommes.
address : (151 charlestown) une maison anglaise que tu partages avec la femme de ta vie. un chez vous beaucoup trop grand lorsque ses absences se font sentir.
code couleur : #8472a4
nbre de mots : autour de 500 mots, mais je m'adapte facilement.

pronom irl : elle.
pronom perso : elle.
trigger warning : abandon d'enfant, adoption, infidélité, problèmes d'anxiété.
availability : disponible (3/4) | astrid ; diego ; oceana
rps : 52
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Jeu 10 Fév - 2:44

Cry me a river
février 2022
@Astrid Wyatt
Tu n’aimes pas faire des reproches. C’est une évidence qui se fait d’autant plus claire dans la situation. Parce que t’aimes encore moins blâmer Astrid et le faire dans une telle situation parait horrible de ta part. Tu devrais être là pour elle, mettre de côté les broutilles pour te concentrer sur ce qui importe vraiment. Le problème c’est que ce n’est pas du détail, ce qu’elle avoue n’est pas quelque chose que tu peux écarter sans écarter sans y accorder même une pensée. L’aveu qu’elle lâche change beaucoup de chose, effrite quelque peu la confiance qui devrait primer entre vous. C’est gros, c’est angoissant et ça vient te chercher bien plus que tu ne le voudrais. Alors les reproches coulent, un peu malgré toi. Tu lui poses même des questions qui sonnent presque comme des accusations. La ligne est peut-être trop mince entre les deux pour que tu saches avec certitude de quel côté tu te trouves, de quel côté tu voudrais être.
Puis, il y a le tumulte d’émotions qui tourbillonne dans ton coeur, qui t’étouffe à chaque geste qu’Astrid fait, à chaque chose que tu remarques chez elle. Parce qu’il y a l’évidence de tes sentiments, le besoin que tu ressens de la réconforter. Et c’est dur de ne pas juste fléchir et de t’abandonner à ça. Ce serait un desservice, pour elle comme pour toi. La discussion doit être vidée, l’abcès crevé. La prendre dans tes bras lui ferait du bien sur le coup, te soulagerait peut-être le coeur ou la conscience, mais ça ne réglerait rien. Le coeur du problème serait toujours là et ça ne ferait pas disparaitre les non-dits des dernières semaines.

Et pourtant, l’envie ne fait que grandir devant les excuses d’Astrid. Peut-être que c’est tout ce que tu voulais entendre, même si ça ne règle rien, même si, en fait, ça ne l’excuse pas. « Je sais. » Qu’elle est désolée, qu’elle s’en veut. « Je te connais bien. » Après cette presque décennie, t’aurais eu envie de dire que tu la connais comme ta poche. Ce ne serait pas faux, mais peut-être pas complètement vrai non plus, parce que tu n’aurais pas prévu le retournement actuel. Mais au fond, ton affirmation dit plus que c’est évidence. Elle souligne, peut-être malgré toi, que les excuses importent peu. Ou du moins, que ce n’est pas ça que tu souhaites entendre, c’est peut-être une meilleure façon de présenter la chose. T’aurais pu attendre pour des excuses qu’elles seraient venues éventuellement, mais ce sont des explications qui te manquent. Tu veux savoir pourquoi elle a décidé de te le cacher, peut-être parce que c’est la seule chose qui pourrait venir taire l’angoisse grandissante.
Ou pas.
Ça se voit à tes sourcils qui se froncent à la mention du secret médical. Tu le comprends, tu le conçois, tu l’entends bien que ça a son poids. Ça vient avec la vocation, mais, pour cette situation précise, il t’est difficile de l’accepter. Parce que ce n’est pas un patient, c’est son père, ton beau-père, un homme que t’aurais vu comme un pilier de votre vie pour plusieurs années encore. Et peut-être que c’est naïf de ta part de penser que c’est possible de séparer les choses ainsi. Ça illustre un peu plus les différences entre vous, le fait que l’argument cérébral te passe bien dix pieds par-dessus la tête.

Tu réponds un peu mieux à la vulnérabilité dont elle fait preuve, aux explications qui suivent. La tristesse palpable dans la voix de ta fiancée finit par l’emporter sur les vagues tentatives de rester maitresse de toi-même. Parce qu’elle pensait à toi dans tout ça, même si elle faisait l’inverse de ce que tu lui aurais demandé. Tu finis donc par tendre le bras lorsqu’elle parle de vous, de l’équipe que vous êtes. Tu ne l’attires pas encore contre toi, mais tu viens caresser sa joue, doucement, tendrement. T’espères ne pas l’interrompre sur sa lancée, de ne pas venir la perturber dans ce qu’elle dit. C’est une discussion importante et surtout, t’as besoin de le savoir. Tant pis si la mention du mariage complexifie les choses, si tu ne peux pas t’empêcher de grimacer légèrement lorsque le sujet est effleuré. Ce n’est pas parce qu’elle évoque le fait qu’elle ne pourrait peut-être pas le payer. Comme bien souvent les questions d’argent t’échappent ou du moins, la pleine signification de ce que ça implique ne te frappe jamais. Parce que tu n’as pas le même rapport à l’argent, pas la même éducation à ce niveau. Alors bien sur, cette fois encore, tu ne comprends pas le plein malaise de ta fiancée. T’en comprends assez tu supposes, tu comprends le reste aussi. Et finalement, c’est à sa conclusion que tu l’attires vers toi. Comme si ses paroles venaient de faire pencher la balance du côté de l’affection que tu lui portes plutôt que de l’autre côté, celui des angoisses, de la spirale qui reste si près de t’aspirer. Tu la serres dans tes bras, ta main faisant des cercles distraits contre son dos. « Pas idiot non. » Pas idéal, mais ce serait trop sévère que de dire que ses belles intentions étaient idiotes. « Je comprends que tu voulais que ça se passe bien, mais… » Comment trouver les bons mots pour lui faire comprendre ce que tu ressens, ce que sa décision implique. « Si on est une équipe ce n’est pas pour que tu me protèges ou que tu m’épargnes ce qui semble trop difficile. » De toute façon, ça a bien eu l’effet opposé. Tu découvres la vérité à l’hôpital, comme ça, sans aucune préparation pour l’affronter.

Tu continues de chercher tes mots, d’essayer de faire taire le tourbillon d’émotions contradictoires. Ça ne servirait à rien de te laisser happer, pas dans la présente situation. Tu préfères plutôt te forcer à continuer, espérant qu’éventuellement ça fasse un peu de sens à tes yeux. Pour l’instant, t’as surtout l’impression d’avancer à l’aveuglette, de tâtonner à la recherche d’un passage, d’une issue face à ce que tu ressens. « Le mariage c’est… » Compliqué ? Un détail ? Un regret ? La grimace vient encore tirer tes traits et tu te reprends « Ce n’est pas grave si tu ne peux pas le financer ou s’il faut réduire le projet pour que ce soit possible. » Au fond, t’es bien plus affectée par l’idée que son père ne pourra pas être là, pas vraiment. Alors oui, l’argent t’importe peu. C’est peut-être indélicat de ta part, t’as toujours eu du mal à saisir l’étendu des problèmes à ce niveau-là, mais ça reste véridique.
Et c’est surtout pas le coeur du problème pour toi. Mais pour qu’elle comprenne ce que tu ressens, faudrait encore que tu le dises plus tangiblement, au-delà des reproches. Ça demande un peu plus de courage que ce que tu crois avoir. Il te faut donc un moment, un certain temps avant que tu prennes la parole à nouveau. « J’aurais voulu que tu me fasses confiance Astrid. Que tu me le dises dès le début et qu’on cherche une solution ensemble. » Parce que au-delà de la tristesse, de ce fond de désespoir, c’est ce qui triomphe, l’impression que ta fiancée a décidé de te cacher les choses, qu’elle a manqué de confiance en toi pour une multitude de raison. « Ça fait combien de temps que tu le sais ? » Au moins depuis le Nouvel An, depuis des semaines, mais au fond, ça ne veut pas dire que ça s'arrête là. D'où l'importance de le savoir. Combien de temps qu’elle cherche une solution ?
Combien de temps qu’elle te ment, au moins par omission ?
mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Astrid Wyatt
three steps above heaven
Astrid Wyatt
lost and insecure
posts : 254
pseudo : spf
id card : Saoirse Ronan + icegarl
Cry me a river (Luz) Ec1babca2be3ef7765a40001dc4a2e8600140e5d
age : 28 ans, la trentaine qui approche, et les responsabilités qui s’amoncellent. La vie d’adulte est bien là, et elle est aussi écrasante qu’exaltante
civil status : Fiancée à la (seule) femme de sa vie, sur le point d'enfin l'épouser
past time : résidente en première année de gynécologie-obstétrique, une discipline qui la passionne depuis toujours, une vocation, le grand amour de sa vie après Luz – ou avant, selon certains
orientation : Lesbienne et fière
address : 151, Charleston
nbre de mots : Variable, entre 500 et 1000, plus si l'inspiration est au rendez-vous

pronom irl : elle
pronom perso : elle
trigger warning : Triggers personnels : toxicomanie, criminalité
availability : Dispo
rps : 44
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Sam 12 Fév - 23:09

Cry me a river
février 2022
@Luz Mayfair

Astrid a toujours préféré écouter les autres. Depuis sa prime enfance, elle cultive cette image de fille discrète vers qui tout le monde se tourne pour demander des conseils, échanger des confidences, ou simplement parler quand le besoin s’en fait sentir. Cela ne l’a jamais dérangé, et correspond à son caractère généralement placide, mais qui cache des convictions bien marquées. Être une oreille attentive, elle sait le faire. Cette dynamique se retrouve dans sa famille, souvent dans son cercle familial, et sa relation avec Luz n’y est pas étrangère. Au début de leur relation, la jeune femme a passé beaucoup de temps à patiemment laisser sa compagne disserter sur sa place dans sa famille, sur sa peur de décevoir ses pères, sur les exigences de ces derniers. Combien de soirées ont ainsi été occupées, le dos contre l’oreiller posé sur rebord du lit, sa petite-amie dans les bras, ses propres mains traçant des arabesques abstraites sur la peau de Luz tout en l’écoutant lui parler de ce qu’elle voulait, souvent de sa situation personnelle, de ses angoisses ? Et Astrid est douée pour rassurer, pour être cette figure silencieuse qui entoure doucement, avant de répondre que l’essentiel, c’est aussi de vivre pour soi-même, de réussir parce qu’on le désire, de s’engager dans une voie qui offre cette certitude d’être à sa place. L’avis des autres n’est d’aucune importance. Ce qui compte, c’est ce que l’on fait, c’est sa propre estime. Parce qu’à son avis, dès cette époque, celle qu’elle aime avait tout pour tracer un beau destin, grâce à son talent, et que le reste ne devait pas rentrer en ligne de compte. La chirurgienne sait repérer quand Luz sent l’angoisse la gagner, et comment calmer cette dernière. Elle est suffisamment maîtresse de ses émotions pour ne pas perdre son sang-froid, pour apaiser la tension, rationnaliser les sentiments contradictoires sans dénigrer les ressentis. Alors quand les rôles s’inversent, c’est qu’un événement particulièrement perturbant est venu renverser son contrôle hors-pair, ce qu’elle déteste, et balayer ses certitudes.

L’obstétricienne hait cette position, qui ne lui ressemble pas. Elle a toujours été fière de pouvoir affirmer être une personne droite, aux valeurs morales solidement ancrées, sur qui on peut compter. Aujourd’hui, elle a trahi et son père, et sa fiancée. Les deux personnes qui lui sont le plus chères, avec son frère aîné. Trahi aussi, mais qui ne le sait pas encore. Qu’elle devra affronter, en fin de journée, quand il arrivera. Cette simple perspective pourrait drainer toute son énergie, si elle ne se focalisait pas sur le moment présent, parce qu’il est trop important pour que des pensées parasites viennent perturber sa concentration, déjà mise à mal par le maelstrom d’émotions qui l’étreint et broie ses barrières ordinaires. C’est encore plus difficile quand Luz a ce geste de tendresse, quand elle sent sa main contre sa joue. La caresse l’émeut, et elle ferme un bref instant les yeux, appuyant légèrement contre les doigts souples, comme pour se reposer sur ces derniers. De nouvelles larmes perlent, qui roulent doucement pour venir humidifier la main secourable. Malgré la situation, en dépit de ses craintes, elle ne peut s’empêcher de trouver du réconfort dans la présence de sa fiancée, dans cette délicatesse qu’elle connaît si bien et qui fait que son cœur bat soudainement plus vite. L’amour ne se commande pas, et Astrid n’est jamais parvenue à ne pas aimer Luz. En même temps, elle n’a jamais réellement essayé d’y parvenir. Même à dix-huit ans, même un peu perdue, elle n’a pas hésité, elle a accepté et avancé dans cette direction, pour ne plus vouloir quitter ce chemin qui a rejoint celui de la Mayfair, afin de tracer un sillon commun. Et si ce dernier est face à un fossé, il ne tient qu’à elles de parvenir à l’enjamber. Encore faut-il s’accorder pour y arriver. Parvenir à se pardonner. Mutuellement, et personnellement. Si la jeune femme sait que l’heure des reproches va venir, des regrets, elle préfère, l’espace de quelques secondes, savourer la proximité de Luz, quand cette dernière comble la distance entre elles pour venir la serrer dans ses bras. Instinctivement, Astrid sent la tension accumulée dans ses épaules se dissiper un peu, et elle entoure sa fiancée dans ses propres bras. Son odeur familière la rassure. Son étreinte la protège. Et paradoxalement, cette position si douce l’asphyxie. Parce qu’elle ne mérite pas sa sollicitude, sa tendresse, sa gentillesse. Elle mérite que Luz lui hurle dessus, qu’elle l’accuse de tous les maux. Elle s’accroche à Luz comme un naufragé à son mât brisé, et son esprit à la dérive se noie entre ses bras. Les larmes reviennent, et elle enfouit brièvement son visage dans le cou de Luz, resserrant leur étreinte. La houle l’emporte, en même temps que la vague de douleur déferle. Parce que Luz parle, et qu’elle doit l’écouter. Parce que Luz parle, et qu’elle doit assumer. Parce que Luz parle, et que chaque parole pour l’achever.

Alors, Astrid se retire un peu, remettant de l’espace, sans rompre leur étreinte, trop précieuse à ses yeux, car elle est faible face à la présence de Luz, et l’a toujours été. Pour ne pas perdre pied aussi. Chaque mot prononcé est un coup de poignard en plein cœur, et ses épaules s’affaissent légèrement, sous le poids de la culpabilité. Elle aurait mérité davantage de reproches, de cris. Et paradoxalement, elle sent que ce qui est le plus insupportable, le plus insoutenable, c’est de sentir simplement la déception dans la voix de Luz. Cette dernière, quoique tue, et encore une fois, la délicatesse de sa fiancée la frappe, parce que peu auraient sa prévenance, est présente, palpable, et dresse un mur invisible et immense entre leurs corps pourtant si proches. Leurs esprits ne peuvent que se heurter à cette barrière qui se nourrit de leurs différences mises à nu, de leurs errances, elles qui ont pourtant été si longtemps une évidence. Elle laisse sa fiancée parler, exprimer ce qu’elle ressent, parce qu’elle n'a pas le droit de l’interrompre, parce que Luz doit avoir ce temps pour poser des mots sur ses sentiments. Elle lui doit au moins ça. L’épreuve menace d’absorber ce qu’il lui reste d’énergie. Amère, Astrid sent, à son grand désespoir, la colère l’envahir. Contre son père et sa peur qui s’est transformé en égoïsme, tout d’abord, et l’idée-même d’en vouloir à un homme diminué, qui a simplement éprouvé une crainte légitime d’être vu précisément ainsi, jugé, que les attitudes changent face à lui, lui soulève le cœur. Elle n’est pas ainsi. Elle ne devrait pas ressentir cela. Mais c’est impossible de s’en empêcher, et elle constate que toute la rancœur accumulée depuis la découverte surprise de sa maladie suinte par tous les pores de sa peau, répandant son limon putride dans son esprit fatigué pour corrompre l’amour absolu et profond qu’elle éprouve à l’égard de ce père qui a tout sacrifié pour elle. Il n’avait pas le droit de la mettre dans une telle position, de ruiner presque dix années d’efforts, de la transformer en une personne tellement différente d’elle-même. Elle sent une bouffée de détestation sombre et sinistre la dévorer, et se mord la lèvre pour empêcher le rouge sordide de colorer son regard et son âme. Il avait ce droit. Elle se le répète, et à chaque fois, la colère grandit. Et cette colère oblitère tout, altère sa respiration qui se fait un peu plus rapide, quand elle entend Luz minimiser ses problèmes financiers. Une inspiration profonde l’empêche de japper les mots blessants qui lui viennent et qu’elle regretterait instantanément. Elle sait, pourtant, qu’elles ont un rapport à l’argent différent, et que sa fiancée ne comprend pas toujours son orgueil à ce sujet. Elle s’en est toujours accommodée, parce qu’elles ont grandi différemment, et que leurs expériences aux antipodes expliquent certaines divergences. Mais non, ce n’est pas rien, c’est une question de fierté, que de pouvoir assumer son propre mariage. Elle s’est battue pour ça, et il est hors de question que les pères Mayfair payent pour ce qui manquera, ou Luz seule. Comment est-ce qu’elle pourrait regarder ses beaux-pères en face, après ? Alors qu’elle s’est employée depuis tellement d’années à leur montrer qu’elle est quelqu’un de confiance, qui n’a jamais cherché à tirer profit de leur position sociale privilégiée ? Qu’elle s’est efforcée de ne pas être réduite à son histoire familiale ?

Les deux dernières phrases anéantissent cette colère, pour ne laisser place qu’à la destruction du peu de confiance qu’il lui restait. Parce que cette fois, la déception est présente, qu’elle s’accroche à elle, qu’elle l’entoure, la dévore, la happe. Son odeur douce-amère, fétide, est atroce. A nouveau, Astrid sent la nausée l’envahir. Rien ne lui paraît plus difficile que d’entendre Luz penser, supposer, qu’elle ne lui a pas fait confiance. Parce qu’elle lui confierait sa vie, sans hésiter, depuis toujours. Elle est sa personne, sa moitié, sa meilleure amie. Il n’y a pas que de l’amour, entre elles. En presque dix ans, il y a aussi une solide amitié, une profonde complicité, une réelle intimité. Luz sait qu’elle aimerait se souvenir de sa mère. Astrid sait que Luz se pose des questions sur la sienne. Luz sait qu’Astrid a souvent souffert de sa timidité, sous l’apparent détachement. Astrid sait que Luz a longtemps rêvé secrètement d’une carrière plus artistique. Elles n’ont parfois pas besoin de se dire les choses. Elles se connaissent. Se comprennent, se complètent. Par conséquent, il est abominable d’imaginer que Luz puisse penser qu’Astrid n’a pas confiance. Et pourtant, elle a raison, parce que son ultime question le prouvera. Même si elle n’a fait que suivre la volonté de son père. En un sens, elle a choisi son camp, n’est-ce pas ? Deux amours en contradiction provoquent une étincelle, et l’incendie emportera tout pour ne laisser que des cendres, d’un côté comme de l’autre. La fatigue se fait sentir, insidieuse. La voix d’Astrid se voile d’une pointe de douleur quand elle murmure :

« Je te fais confiance, Luz. Toujours. Je te confierai ma vie, et tu le sais. Tu es mon contact d’urgence, et celle que j’ai mis comme devant les décisions s’il m’arrivait quelque chose. »

Elle ne se souvient pas si elle le lui a déjà dit. Tant pis, les mots sont sortis trop vite de sa bouche. Astrid se passe une main sur le visage, avant de répondre finalement à cette question qui hante toute leur conversation :

« Début décembre. Ajoute une semaine pour voir un neurologue, faire les tests, et quelques jours pour poser le diagnostic – même si je m’en doutais. »

Est-ce qu’il y a un délai acceptable, pour ce genre de choses ? Instinctivement, Astrid dirait qu’il y en a qui sont inacceptables, en tout cas. Six mois, un an … Impossible à justifier. Mais est-ce que six semaines, c’est déjà trop ? Bien sûr. En même temps, elle voit difficilement, dans sa situation, comment elle aurait pu le comprimer. Sauf à trahir la volonté de son père immédiatement. Le nœud du problème est là, finalement. Et elle doit essayer de l’expliquer à Luz, ce conflit de loyauté, probablement aggravé par sa condition de médecin et l’importance qu’elle apporte au consentement du patient, quel qu’il soit. Son ethos médical s’est heurté violemment à ses valeurs familiales, concentrant une large partie de son dilemme.

« Je voulais te le dire, dès le début. Evidemment. Ça a été ma première réaction. La première chose que j’ai dit à mon père quand il est redevenu lucide. »

La sincérité est évidente, dans sa voix comme dans ses traits. Dans la souffrance qui les déforme.

« Et il m’a supplié de ne rien dire, à personne. Ni à toi, ni à mon frère … Pour lui, ce n’était rien. Enfin, il savait que ce n’était pas le cas, mais c’était impossible de le reconnaître. Même quand je l’ai traîné chez le neurologue.

Il a peur, Luz. Peur qu’on décide de sa vie pour lui. Peur qu’on le regarde différemment. Peur de la dépendance, et de ce qui ira avec, par rapport à nous.

A partir de là … est-ce que j’avais le droit de faire exactement ce qu’il craint tellement ? »


Bien sûr, parce qu’Astrid demeure maîtresse de ses actes. Il n’empêche. Ce n’était pas sans raison, ni pour blesser Luz, encore moins parce qu’elle ne lui fait pas confiance ou ne l’associe pas aux épreuves de son existence.

« J’ai essayé, de … qu’il accepte. Tellement de fois. Alors, je me suis dit … si j’ai un plan, s’il l’accepte, alors, ce sera plus facile. Il sera rassuré, je pourrai t’en parler, et j’aurai tout fait pour respecter sa volonté et pour trouver l’aide dont j’ai besoin. »

Celle qui est évidente, et qui est dans ses bras.

« Parce que j’ai besoin de toi, Luz. Je le savais et … preuve en est, que je ne m’en sors pas sans toi. Et ça m’a rendue folle, d’être … écartelée ainsi. Je voulais tellement … »

Te le dire. Sa voix se brise sur l’écueil de ces mots dont le sens est si évident, et l’absence si tranchante. Ravaler le sanglot qui se terre dans les ombres de sa gorge est une épreuve, qu’elle parvient à surmonter, avant de déclarer :

« … Je voulais tellement que tu sois fière d’être à mon bras, ce jour-là. Pas avec quelqu’un qui a des problèmes d’argent, et qui est toute seule. »

La douleur revient, intense, lui brûle la poitrine alors qu’elle continue :

« Parce que … ce n’est pas rien. Pour moi, en tout cas. Je n’ai ni envie que tu diminues ce dont tu as envie à cause de moi … ni de dépendre de tes parents. Si on veut fonder un foyer toutes les deux … on devrait pouvoir l’assumer entièrement. »

Ce qu’elle veut, et ce qu’elle ne peut. Doucement, ses doigts s’enroulent dans ceux de Luz, et elle conclut :

« Tu es la personne la plus importante de ma vie … Avec mon père. Et être entre vous deux … crois-moi, il n’y a pas une seconde où ça ne m’a pas rongé.

Parce que tu as raison. On est une équipe, tu es ma moitié. Je te fais confiance, pour tout, entièrement. »


Le dernier ajout est le plus difficile, et le plus honnête :

« Mais mon père, il fait aussi partie de mon équipe. Celui qui m’a élevé tout seul. Et ça me fait mal de savoir qu’il avait raison d’avoir peur de moi, alors que c'est la bonne chose à faire par rapport à toi, et que malgré les circonstances, malgré tout ça ... je suis soulagée que tu saches. Parce que tu en avais le droit aussi. »

mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Luz Mayfair
three steps above heaven
Luz Mayfair
lost and insecure
posts : 802
pseudo : dday.
id card : tashi rodriguez + cosmic light (avatar) ; lyrabelacquad (gif).
Cry me a river (Luz) AJNOFFr
age : (vingt-huit ans) dans la fleur de l'âge, la trentaine étant encore assez lointaine pour que tu ne t'en préoccupes pas trop.
civil status : (fiancée) dans une relation qui se complique de jour en jour malgré le mariage qui approche. t'aimes astrid de tout ton coeur, mais tu réalises que ça ne suffit pas toujours.
past time : (architecte) un métier qui te permet d'utiliser ta créativité d'une façon bien différente.
orientation : (homosexuelle) tu l'as toujours su, faute d'avoir un quelconque intérêt pour les hommes.
address : (151 charlestown) une maison anglaise que tu partages avec la femme de ta vie. un chez vous beaucoup trop grand lorsque ses absences se font sentir.
code couleur : #8472a4
nbre de mots : autour de 500 mots, mais je m'adapte facilement.

pronom irl : elle.
pronom perso : elle.
trigger warning : abandon d'enfant, adoption, infidélité, problèmes d'anxiété.
availability : disponible (3/4) | astrid ; diego ; oceana
rps : 52
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Ven 18 Fév - 3:34

Cry me a river
février 2022
@Astrid Wyatt
Bien sur que tu ne comprends pas toutes les nuances de la situation. Évidemment que tu n’arrives pas à te mettre complètement à sa place, surtout lorsqu’il est question d’argent. Pour ta défense, t’as un peu l’impression de te retrouver face à une bombe ayant déjà explosé alors qu’on te demande d’en limiter les dégâts. T’arrives après les faits, t’es mise devant les conséquences de décisions que tu n’as pas prises. Et tu fais au mieux, malgré les émotions envahissantes, l’anxiété qui monte d’un cran à chaque instant. T’arrives donc pas à adresser la tension que tu crois deviner chez Astrid au fur et à mesure que tu parles. Tu la sens, tu en reconnais les signes et pourtant, tu préfères continuer sur ta lancée. Peut-être que c’est mieux aussi, comme ça tu vides ton sac, tu mets des mots sur ce que tu ressens. T’aimerais te dire que ça suffirait à crever l’abcès et régler votre situation, mais tu n’es pas si naïve. Pour autant, tu te rattaches à l’idée que ça pourrait au moins tempérer le tourbillon d’émotions que tu ressens. Si tu peux réfléchir plus clairement, ce sera déjà ça de gagner.
Sauf que ça ne fonctionne pas vraiment. Ça ne calme rien, surtout face à la réponse d’Astrid. Tu t’en veux de douter de ce qu’elle dit, d’écouter la petite voix qui te susurre à l’oreille que si elle te faisait vraiment confiance vous ne seriez pas dans cette situation. Ça t’empêche même de pleinement comprendre l’information qui est partagée, l’ampleur de ce qu’elle te dit. Tu chérirais sans doute ses mots à tête reposée, mais ils tombent dans l’oreille d’une sourde pour l’instant. Tu l’entends, mais tu ne le conçois pas vraiment. C’est peut-être un trop gros écart avec ton état d’esprit actuel. Tu ne peux donc pas apprécier ce qu’elle te dit pour ce que c’est. Tu ne penses pas non plus à lui faire savoir que la réciproque est toute aussi vraie. C’est moins significatif, ça semble être une évidence de nommer le seul médecin que tu connais vraiment pour prendre les décisions te concernant si jamais tu n’étais plus apte à les faire. C’est plus que ça au fond, c’est aussi que tu ne te verrais pas demander à quelqu’un d’autre d’avoir cette responsabilité. Ce serait assurément une discussion pour une autre fois, lorsque tu n’aurais plus le coeur aussi gros et des ressentiments envahissants.

L’heure est plutôt à la vérité, à la confirmation de tes doutes. T’attends le verdict, t’attends la douleur qui viendrait avec. Parce que tu sais que ça fait quelques temps, quelques semaines même. La question est donc savoir ça a duré combien de temps. Tu ne sais pas s’il y a une réponse que t’accepterais, s’il y a seulement une durée qui te paraitrait correcte vue la situation. Tu sais que c’est injuste de ta part, mais c’est plus fort que toi, c’est envahissant. Mettre une durée ne reviendrait au fond qu’à enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie. La vraie question est de savoir si c’est toi ou elle qui serait le plus touchée. Tu fronces les sourcils à nouveau lorsque décembre est mentionné. Ça te semble si loin alors que tu sais que ce n’est qu’une histoire de quelques semaines de plus. Mais ça te blesse, encore, ça fait un peu plus mal. Ça te fend le coeur.
Parce qu’elle t’a rien dit tout ce temps ou parce qu’elle a supporté ça toute seule aussi longtemps ? Tu ne connais pas la réponse, tu ne veux peut-être pas savoir de quel côté ton coeur penche. Tu sais que tu ne devrais pas être si égoïste, pas alors que c’est son père qui est dans un sale état. Tu n’as pas la légitimité de lui en vouloir, de lui reprocher quoi que ce soit. Mais c’est là. Et peut-être que c’est valable à quelque part, mais c’est une partie de ta personne que tu aurais préféré ignorer ou taire à défaut de pouvoir vivre sans la découvrir. Ça ne s’améliore même pas au fur et à mesure que ta fiancée explique sa décision. T’entends la sincérité dans sa voix, tu sais qu’elle te dit la vérité, mais les arguments ne visent pas les bonnes cordes, ne parviennent pas à calmer tes doutes et tes craintes. Elle voulait te le dire, son père non. Et tu peux le comprendre.
Tu comprends aussi que si les choses ne s’étaient pas terminées ainsi, tu ne le saurais peut-être toujours pas.

Cette réalisation ne protège certainement pas ton coeur, ça ne l’empêche pas de se briser lorsque t’entends l’émotion dans sa voix. Et lorsque le mariage revient sur le tapis, tu ne peux que le sentir se serrer. Encore une fois, tu ne comprends pas complètement l’ampleur des difficultés que peut y voir Astrid. T’as au moins la décence de retenir le commentaire au fait que tes parents insisteraient sans doute pour payer une partie de mariage que vous ayez des problèmes financiers ou non. Tu ne dis pas non plus que t’as de l’argent de côté au besoin. En partie parce que ta moitié continue et que tu préfères garder le silence, mais aussi parce que ce serait inutile de le souligner. C’est une question pour plus tard aussi. Tu regardes sa main qui serre la tienne, sans rien dire, alors que tu cherches la bonne chose à lui répondre. « Tu dis ça, mais est-ce que tu m’en aurais vraiment parlé maintenant si rien ne s’était passé ? » Si la vie ne lui avait pas forcé la main. Et encore une fois, le reproche est accompagné d’une vague de culpabilité. Parce que tu te sens horrible de faire quoi que ce soit d’autre que lui apporter tout ton support. Il est malheureusement un peu trop tard pour ça, t’as besoin de temps pour encaisser le soudain changement, pleinement assimiler le choc de ce qui s’est passé, des semaines où elle t’a menti. Pour une bonne cause oui, pour une raison tout à fait valable, mais un mensonge quand même. « Je comprends Astrid. Je te connais assez pour savoir que ce n’est pas une situation que tu voulais. » Tu captes que c’était dur pour elle, tu l’aurais su sans même qu’elle n’insiste sur la question d’ailleurs. Mais ce n’est pas la question. Non, c’est encore un souci de confiance, du manque de confiance que t’imagine peut-être, mais qui t’affecte énormément.

Assez pour que tu te défasses de sa main pour reculer de quelques pas. T’as pas vraiment besoin de mettre de distance entre vous, elle est palpable sans qu’elle soit physique. Sauf que t’as besoin de marcher, de chasser les émotions d’une autre façon plutôt que prendre le risque de sombrer face aux doutes, à la voix insidieuse qui t’envahit l’esprit. Alors tu commences à faire les cent pas, à te concentrer là-dessus en cherchant tes mots. « Je ne t’aurais jamais demandé de choisir entre ton père et moi ou d’aller à l’encontre des promesses que tu lui as fait, mais… » Tu ne peux pas chasser l’impression qu’elle a fait son choix. Qu’une fois devant le mur, face à un choix impossible, elle a tranché et pas de ton côté. Tu comprends bien sur. Ta tête assimile que c’est plus compliqué que ça, mais ton coeur ? Ton coeur s’assombrit malgré toi. Et tu trouves pas le courage de lui dire. C’est donc autre chose qui traverse tes lèvres. « Tu n’as rien dit. Pire, t’as préféré me mentir en me disant que t’étais au travail. » C’est bien là le creux du problème, la partie irréconciliable pour toi. Parce qu’elle a décidé de ne rien dit plutôt que t’offrir une demi-vérité. Tu ne sais pas si tu aurais vraiment été capable de ne rien lui demander de plus, de ne pas chercher à comprendre, mais elle t’a privé de ce choix. Et ça te fait mal parce que ça tape dans des problèmes que tu n’aurais jamais cru rencontrer avec elle.
Tu finis par prendre une grande inspiration histoire de forcer un peu de calme dans ton esprit, même si ce n’est que pour quelques instants. « Pendant tout ce temps-là, j’ai continué d’organiser le mariage comme si de rien était alors qu’il y avait plus urgent. » Et que vous ne pourrez peut-être pas vous le payer, ce mariage. Ce n’est même le plus important, le mariage lui-même est accessoire pour le moment. Et c’est peut-être la seule lueur dans votre situation. L’affection qui triomphe dans tous les ressentiments, assez pour que tu soulignes quelque chose de primordial. « Mais quand le mariage arrivera, j’espère que tu sais que je serai toujours fière d’être à tes bras. » S'il arrive, tu serais fière. Problèmes d’argent ou non, que son père puisse être présent ou non. Ce sont des détails ça au fond. Tu te retiens peut-être de souligner, à nouveau, que tu te fiches du budget pour le mariage ou de payer davantage de ton côté, mais tu n’en penses pas moins. Le problème c’est qu’il te faudrait du temps à présent.
mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Astrid Wyatt
three steps above heaven
Astrid Wyatt
lost and insecure
posts : 254
pseudo : spf
id card : Saoirse Ronan + icegarl
Cry me a river (Luz) Ec1babca2be3ef7765a40001dc4a2e8600140e5d
age : 28 ans, la trentaine qui approche, et les responsabilités qui s’amoncellent. La vie d’adulte est bien là, et elle est aussi écrasante qu’exaltante
civil status : Fiancée à la (seule) femme de sa vie, sur le point d'enfin l'épouser
past time : résidente en première année de gynécologie-obstétrique, une discipline qui la passionne depuis toujours, une vocation, le grand amour de sa vie après Luz – ou avant, selon certains
orientation : Lesbienne et fière
address : 151, Charleston
nbre de mots : Variable, entre 500 et 1000, plus si l'inspiration est au rendez-vous

pronom irl : elle
pronom perso : elle
trigger warning : Triggers personnels : toxicomanie, criminalité
availability : Dispo
rps : 44
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Sam 26 Fév - 16:50

Cry me a river
février 2022
@Luz Mayfair

La fissure devient craquelure, puis meurtrissure, et enfin brisure, cassure nette, quand Luz enlève sa main et commence à arpenter la petite salle de repos. L’étreinte arrachée, la chaleur enlevée, Astrid sent son cœur se rompre en la voyant s’éloigner, en sentant la nervosité qui se dégage de sa fiancée. Elle peut presque voir les rouages de son cerveau fonctionner à plein régime, la peine et la déception, le doute et la colère, aussi. Toutes ces émotions, elle les ressent aussi, avec en plus une culpabilité écrasante, qu’elle n’a pas d’autre choix que d’assumer et de porter en étendard. Confrontée à deux mauvais choix, elle en a un pris un, et il l’a mené à ce moment. Chaque question, chaque affirmation, est un nouveau coup, une nouvelle claque, qu’elle encaisse en silence, croisant seulement ses bras devant elle, comme pour se protéger en se forgeant une carapace physique, à défaut de psychique. Elle sait, en plus, que la confrontation pourrait être plus virulente, et anticipe avec horreur celle qu’il lui faudra avoir, après, avec son frère. Parce qu’elle se doute que son contenu sera autrement plus violent. Pourtant, c’est ce moment présent qui lui inspire le plus de peur. Peut-être parce que, malgré tout ce qu’ils pourraient se dire, y compris d’impardonnable, son frère restera toujours son frère. Les circonstances les obligeront à faire front commun, et elle sait qu’il ne se dérobera pas. Peut-être qu’il la détestera, qu’il faudra longtemps pour amender le fossé entre eux, ou peut-être qu’il serrera les dents pour le bien de leur père. Quoi qu’il se passe, ils seront toujours liés par le sang qui coule dans leurs veines. Mais Luz peut quitter Astrid, et émettre cette pensée est à la fois un sacrilège et une blessure profonde. L’obstétricienne ne parvient pas à imaginer sa vie sans sa compagne, ne peut pas concevoir que dix années de vie commune puissent être balayées. Et elle est persuadée qu’elles sont suffisamment fortes pour surmonter cela, elle l’espère en tout cas, ardemment. Il lui faudra sans doute du temps pour regagner la confiance de sa fiancée, pour qu’elles soignent leur relation malmenée, mais elles savent que parfois, l’amour n’est pas simple, et qu’il faut y travailler pour que tout fonctionne. Elle y est prête, résolue. Bien sûr que ce n’est pas leur première dispute : il y en a eu d’autres, il y en aura d’autres. Cependant, celle-là est sans doute la première qui met à jour une vraie faute morale, et c’est la sienne. Là encore, des mensonges, il y en a forcément eu. Des petits, des blancs, de ceux qui font parfois plus de bien que la vérité, et dont chacune s’accommode. Astrid a bien dit une fois après avoir rencontré une amie de Luz qu’elle la trouvait sympathique alors qu’elle a dû se retenir de lever les yeux au ciel à chaque fois que ladite amie ouvrait la bouche du dîner. Elle est à peu près certaine que la réciproque a dû arriver également. Elle a de gros doutes sur le fait qu’une de ses revues médiales ait subitement disparu et est à peu près certaine que Luz a fait un grand coup de ménage et l’a jetée avec le reste des papiers à enlever pour faire de la place. En même temps, elle a fait la même chose pour certains de ses croquis, et a accusé avec aplomb la fenêtre ouverte et le vent. Mais ce sont les petites vicissitudes de la vie à deux, et ce n’est pas bien grave. Des disputes plus graves, il y en a eu aussi, pourtant, jamais de cette magnitude. Et elles ont toujours réussi à en parler calmement, parfois avec caractère, avec l’engagement dans la voix qui se sent et la colère qui pointe. La règle, cependant, a toujours été de ne pas partir dans des cris qui ne servent à rien, de mettre sur la table le problème, de tenter de le résoudre, et de temps en temps, d’admettre que pour le moment, elles ne sont pas d’accord. Elles le savent, et cela n’empêche pas quelques gestes de tendresse le soir, pour ne pas rester sur une fausse note. Faire la part des choses, faire le choix de la maturité, c’est leur responsabilité pour préserver leur relation.

Astrid ne sait pas si, cette fois, ces bonnes résolutions suffiront. Et pourtant, la dernière phrase de Luz lui redonne de l’espoir. Plus exactement, elle sent son cœur s’accélérer doucement, et une vague de rouge colore délicatement ses joues, de plaisir et de honte mêlées, parce que ces paroles, elle n’espérait pas les entendre, ni les mériter. Luz les lui offre quand même, et il lui semble que c’est l’assurance qu’en dépit de tout ce qui se dit, de tout ce qui devra être dit … elles n’ont pas abandonné leur objectif, elles continuent à regarder dans la même direction, même si leur cheminement est pour le moment arrêté sur le bas-côté. Les émotions la submergent. Ses doigts tressautent, tressaillent et elle agrippe ses mains autour de sa blouse, pour empêcher le tremblement qui ne parvient pas à s’arrêter. Elle sent ses jambes se raidir, et la tête lui tourne un peu. Pour ne pas montrer cet élan de faiblesse – parce qu’elle n’en a pas le droit, parce qu’elle doit au contraire écouter tout ce que Luz a à dire, parce qu’elle le lui doit – la gynécologue se rapproche d’une chaise et, après l’avoir retournée, s’assied dessus. Elles sont donc là, l’une en train de faire les cent pas, et l’autre prostrée. La jeune femme met la tête dans ses mains, pour retrouver une contenance comme pour chasser les sillons humides, tout en prenant une respiration profonde. Le tremblement ne s’arrête pas. A nouveau, elle attrape ses doigts et les croise sur un de ses genoux. Elle se mord la lèvre inférieure, et peut-être que la douleur l’aidera à expulser ces mots qui ne viennent pas et qui l’abandonnent. Finalement, après deux longues minutes de silence, elle relève la tête, pose son regard clair sur Luz, enveloppe la silhouette qu’elle aime du coin de la pupille, en caresse avec délicatesse chaque contour, pour se rappeler tout ce qu’elles ont en commun, et demande finalement, ne cherchant même pas à cacher les tremblements de sa voix, qui vrille dans les aigus et dont la tonalité est, malgré elle, plus heurtée, plus pointue, alors que les mots s’empâtent et sortent difficilement :

« Comment aurai-je pu simplement te dire que j’avais un très, très gros problème avec mon père … et c’est tout ? Voir même un très très gros problème, sans plus ? Pour nous, ça aurait été intenable …

C’est en tout cas ce que je pensais. Et j’ai sans doute fait un mauvais choix. Je trouvais ça … »


Un soupir lui vient.

« Ce n’est pas ce que j’ai fait. Et j’aurai dû faire autrement. Peut-être que j’ai manqué de courage, justement parce que tu préparais notre mariage, et tu as l’air si heureuse à chaque fois que tu me parles de tes rendez-vous pour plancher là-dessus …

Quoi que je fasse, je savais que … que ça ne se passerait pas bien. »


L’euphémisme est assez pathétique. Il est néanmoins véridique. Et il lui donne, paradoxalement, du courage. Maintenant qu’elle est au bord de l’abîme, est-ce qu’elle se laisse tomber, ou est-ce qu’elle se relève ? Est-ce qu’elle tente de sauver ce qui lui tient à cœur, ou est-ce qu’elle laisse filer tout ça entre ses doigts, écrasée par cette responsabilité qui lui broie les épaules comme le myocarde ? La réponse est évidente. Astrid a trop de caractère pour abdiquer. Et elle aime trop Luz pour se complaire dans cette prostration qui n’avance rien. Alors elle quitte sa chaise, déploie sa silhouette longiligne, légèrement osseuse. Les tremblements ont enfin cessé. Et elle déclare, la voix enfin ferme, mais le ton doux :

« Luz … rien de ce que je pourrai dire ne va effacer ce que j’ai fait. Et je doute que mes justifications parviennent à effacer la peine que je t’ai fait, et la déception que j’ai causée – ne me dis pas le contraire, je le sais bien, que tu es déçue, et probablement en colère. A ta place, je le serai aussi. »

Son regard clair est sincère, quand il cherche les yeux de sa fiancée, ne refusant pas la confrontation. Au contraire, il y a une intensité profonde dans son regard, tandis qu’elle continue :

« Je peux simplement te dire que je suis désolée. Que j’ai compris … que tu aurais voulu que je fasse autrement. Et si c’était à refaire, je ferai autrement. Mais je ne peux pas. »

Même si elle le voudrait de toutes ses forces.

« Je peux juste te promettre … de faire mieux, à partir de maintenant. Et d’essayer de regagner ta confiance si … »

A nouveau, le précipice est devant elle. Astrid hésite, et murmure enfin :

« Si c’est possible … »

La réponse risque de détruire tout ce qu’elles ont construit. Et le tremblement revient, dans sa voix et dans ses gestes, alors qu’elle achève :

« Si tu me laisses une chance d’y parvenir … »

Elle laisse un silence, ravale sa salive, avant de tenter de prendre la main de Luz dans la sienne, et d’avouer finalement :

« Pour ce que ça compte … oui, je te l’aurai dit. Même si … Parce que je vais devoir faire une demande de placement.

Donc soit mon père accepte … soit je demanderai sa mise sous tutelle. »


Il y a une calme résolution dans ses paroles, triste également, parce que ce qu’elle vient de dire est en réalité un déchirement infernal, une souffrance profonde, une plaie béante qui croit et pourrit douloureusement depuis que la décision s’est formée. Depuis qu’elle a conscience que c’est sans doute la meilleure solution.

« J’aimerai que tu sois avec moi pour ça. Mais tu n’y es pas obligée. Je … enfin, je comprendrai si tu as besoin de temps, si tu veux … prendre du champ. »


Dire cela lui brise encore plus le cœur, qui n’est plus que miettes éparses. Pour autant, elle n’a pas le choix. C’est Luz, qui doit avoir le choix. Et elle, elle doit … accepter. Composer. Et prendre les décisions qui s’imposent.

« Mais si tu en doutes … je t’aime. J’ai confiance en toi. Je veux toujours faire ma vie avec toi. Ça n’a pas changé. Ça ne changera jamais.

Ce qui a changé, c’est … que je n’ai pas été à la hauteur de ça, et on le sait toutes les deux. »



mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Luz Mayfair
three steps above heaven
Luz Mayfair
lost and insecure
posts : 802
pseudo : dday.
id card : tashi rodriguez + cosmic light (avatar) ; lyrabelacquad (gif).
Cry me a river (Luz) AJNOFFr
age : (vingt-huit ans) dans la fleur de l'âge, la trentaine étant encore assez lointaine pour que tu ne t'en préoccupes pas trop.
civil status : (fiancée) dans une relation qui se complique de jour en jour malgré le mariage qui approche. t'aimes astrid de tout ton coeur, mais tu réalises que ça ne suffit pas toujours.
past time : (architecte) un métier qui te permet d'utiliser ta créativité d'une façon bien différente.
orientation : (homosexuelle) tu l'as toujours su, faute d'avoir un quelconque intérêt pour les hommes.
address : (151 charlestown) une maison anglaise que tu partages avec la femme de ta vie. un chez vous beaucoup trop grand lorsque ses absences se font sentir.
code couleur : #8472a4
nbre de mots : autour de 500 mots, mais je m'adapte facilement.

pronom irl : elle.
pronom perso : elle.
trigger warning : abandon d'enfant, adoption, infidélité, problèmes d'anxiété.
availability : disponible (3/4) | astrid ; diego ; oceana
rps : 52
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Jeu 3 Mar - 3:57

Cry me a river
février 2022
@Astrid Wyatt
Est-ce qu’il est juste de continuer de lui reprocher sa décision ? De remuer le couteau dans une plaie qui vous blesse toutes les deux ? Peut-être pas, probablement pas. Ce n’est pas comme si c’était quelque chose qui t’apportait un quelconque réconfort. Non ça vient avec une vague de culpabilité dont tu te passerais, un sentiment qui serait très certainement décuplé lorsque tu y repenserais à tête reposée. T’es blessée par la situation, par ses décisions, t’en as le droit, mais t’as pas exactement la position morale pour t’indigner. Pas vu le secret que tu gardes, ton mensonge par omission. Et c’est là, dans un coin de ton esprit, mais tu t’efforces de ne pas t’ajouter une balle de plus avec laquelle jongler. T’es déjà retournée par la situation, trop émotive pour être capable de gérer l’anxiété montante. Tes béquilles habituelles peinent à combattre les doutes qui t’assaillent. Tu n’es pas aidée par la détresse que tu crois lire en ta fiancée, qui semble être confirmée lorsqu’elle s’assoit. Une part de toi a envie d’aller la rejoindre pour la réconforter, cette part qui te considère égoïste d’avoir fait autre chose que ça depuis le début.
Tu ne le fais pas, tu continues de marcher comme si ça pouvait te protéger dans la situation. Ça aide, un peu, ça te permet de te concentrer sur autre chose que le tourbillon d’émotions qui menace de t’engloutir. C’est aussi très temporaire puisque la réponse d’Astrid capte ton attention et tu ralentis pour l’écouter. T’entends à nouveau son raisonnement et même si tu n’es pas d’accord, tu ne peux que comprendre. Du moins ta tête le comprend. Est-ce que ça aurait été intenable ? Surement. Mais tu penses que ça aurait été préférable aux mensonges. C’est sans doute une position naïve, celle que tu peux avoir parce que t’as du recul, parce que tu n’as pas eu à choisir entre deux options impossibles. Que tu comprennes n’est pas une source de réconfort pour autant. Parce que Astrid ramène le mariage à son tour et la culpabilité grandit un peu plus dans ton coeur. Peut-être qu’à tête reposée tu réaliserais l’ironie de la situation, que tu viendrais crever l’abcès maintenant. Mais tu ne le fais pas, pire, tu n’y penses pas vraiment.

Parce qu’Astrid se lève et qu’à nouveau ton attention se porte un peu plus sur elle. L’anxiété n’est toujours pas partie et les doutes continuent de faire des ravages. Tu l’écoutes quand même, attentivement. T’arrêtes de marcher pour te concentrer sur ce qu’elle te dit. Ça fonctionne plutôt bien en général. Elle est ton roc après tout. C’est ce qui rend cette situation si difficile pour toi, parce qu’elle transforme ta fiancée en la source de tes angoisses plutôt que celle vers qui tu peux te tourner invariablement. T’as réalisé bien rapidement après votre emménagement commun à l’université qu’elle pouvait calmer tes craintes avec une aisance presque impressionnante. C’est peut-être parce qu’elle est si différente de toi, c’est peut-être en raison de la connexion évidente que vous avez depuis le début. Le pourquoi ne t’a jamais vraiment intéressé au fond, c’est l’évidence qui importait. Naïvement, t’aurais jamais cru que cette certitude viendrait jouer contre toi, contre vous. T’avais raison, en soit, parce que même si c’est ce qui a fait que cette situation t’affectait autant, c’est aussi ce qui permet aux paroles d’Astrid de calmer un peu la tempête. Tu laisses ton regard croiser le sien, tu notes l’intensité de son regard. Du même coup, Les murs que t’as pu construire sur le coup du choc commencent à se défaire et continuent de tomber au fur et à mesure qu’elle continue sur sa lancée. Ça n’a rien d’étonnant en soit, c’est l’effet qu’elle a naturellement sur toi. Il faut aussi compter l’amour que tu lui portes, cette évidence qui a tranché tout le reste et que tu as confirmé toi-même.

Ce qui est plus surprenant, c’est l’annonce que ta fiancée fait à propos de son père et, surtout, la certitude qui teinte ses mots. Ça n’empêche pas les doutes de continuer leur sale travail, pas plus que la petite voix qui te susurre une question supplémentaire : quand. Oui, elle te l’aurait dit, mais quand. Tu chasses pourtant la question, ce serait une horrible réaction à sa résolution, à une décision qui ne peut pas être simple à prendre. Tu serres doucement sa main qui a trouvé la tienne. Sa conclusion ne chasse pas complètement les doutes, pas complètement l’angoisse, mais elle suffit à te cantonner dans le moment présent. Ça aide, au moins un peu. Ça te permet de rassembler tes pensées. Et après une grande inspiration tu commences par l’affirmation qui te semble la plus importable « Bien sur que je serai là pour toi. » Que tu l’accompagnerais autant que possible dans le processus de placement. Tu ne t’y connais pas vraiment, mais tu serais, au minimum, un support. « Tu me diras ce que je peux faire pour t’aider avec ça ou quoi que ce soit d’autre. On reste une équipe. » Ça ne change rien à la fragilité de la situation, au dommage que ça a fait à votre relation. Vous êtes peut-être une équipe un peu bancale à présent, mais tu l’aimes et c’est ce qui triomphe cette fois. C’est ce qui devrait triompher à tous les coups en fait. « Je vais avoir besoin de temps pour encaisser tout ça oui. » Pas juste la décision d’Astrid, mais aussi tout ce qui venait avec, l’état de santé de son père en tête de liste. Il y aurait bien des conséquences à supporter, des conversations supplémentaires à avoir, mais tu n’as pas le courage de les lancer immédiatement. Alors tu te contentes de l’observer en silence pendant un moment, comme à la recherche des bons mots à lui dire. « Mais je t’aime Astrid, ça ça ne change pas. » Bien sur que tu l’aimes, c’est bien pour ça que sa décision te frappe aussi fort. Parce que t’as l’impression que ce n’est pas exactement réciproque et tu n’arrives pas à chasser cette idée. Ça revient au fait qu’elle a choisi son père et qu’elle le choisirait peut-être toujours. Il te faudrait du temps pour adresser les doutes que ça a confirmés, les craintes qui sont nées de la situation. Mais pas tout de suite. Tes émotions sont encore trop vives de toute façon. « Et je sais que tu es désolée, tu n’as pas besoin de t’autoflageller pour ça non plus. » C’est idiot de penser qu’il y a quelques semaines tu pensais que le problème n’était qu’un horaire chargé, raison pour laquelle tu lui avais dit de ne pas trop s’en vouloir pour ses absences aux préparatifs de mariage. Si seulement t’avais su…
Enfin, il est trop tard maintenant et vous devez faire avec les conséquences des décisions prises par ta fiancée, celle que tu attires finalement vers toi. C’est plus pour toi cette fois, t’en as besoin. T’as surtout besoin d’un support de façon à encaisser la réponse à la question que tu oses poser : « Est-ce que je vais pouvoir aller le voir ? » Parce qu’au-delà de votre relation, c’est le père d’Astrid dont il est question. C’est un homme que tu estimes, que t’apprécies et que tu souhaites épauler autant que possible.
Même s’il ne te reconnaitra pas, même s’il ne te reconnaitrait plus jamais.
mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Astrid Wyatt
three steps above heaven
Astrid Wyatt
lost and insecure
posts : 254
pseudo : spf
id card : Saoirse Ronan + icegarl
Cry me a river (Luz) Ec1babca2be3ef7765a40001dc4a2e8600140e5d
age : 28 ans, la trentaine qui approche, et les responsabilités qui s’amoncellent. La vie d’adulte est bien là, et elle est aussi écrasante qu’exaltante
civil status : Fiancée à la (seule) femme de sa vie, sur le point d'enfin l'épouser
past time : résidente en première année de gynécologie-obstétrique, une discipline qui la passionne depuis toujours, une vocation, le grand amour de sa vie après Luz – ou avant, selon certains
orientation : Lesbienne et fière
address : 151, Charleston
nbre de mots : Variable, entre 500 et 1000, plus si l'inspiration est au rendez-vous

pronom irl : elle
pronom perso : elle
trigger warning : Triggers personnels : toxicomanie, criminalité
availability : Dispo
rps : 44
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Jeu 3 Mar - 23:27

Cry me a river
février 2022
@Luz Mayfair


Astrid a perdu sa mère très jeune, et ne s’en souvient pas. Pas vraiment du moins, elle sait parfaitement que les quelques souvenirs présents dans son esprit sont reconstitués par sa mémoire, comme l’esprit humain a si facilement tendance à le faire. Elle ne se souvient pas de sa voix, de son odeur, et son visage est celui des photographies dans les albums de famille dont son père a tant pris soin. Sur ces albums, ces photographies, l’absence est évidente. Ce qui est également évident, c’est la présence omniprésente de Jake Wyatt. Il est là pour tous les anniversaires, à moitié déguisé, aidant à souffler les bougies, offrant les cadeaux, tenant les bambins qui deviennent enfants puis adolescents. Il est là à toutes les étapes de la vie de ses deux enfants, et si l’âge adulte a tendance à effacer les parents, Jake ne disparait jamais, ombre bienveillante en fond, ou regard doux dans un coin de photographie, quand il n’est pas évident qu’il tient l’objectif. Au-delà des témoignages de papier glacé, il a également marqué de son empreinte l’existence de sa progéniture, en leur transmettant ses goûts, ses manies. Astrid tient de lui son calme à toute épreuve – du moins en temps ordinaires – comme sa passion pour la mécanique et les motos. C’est son père qui lui a mis ses premiers outils dans les mains, qui lui a appris à retaper ses bécanes adorées, à ne pas être gênée par l’odeur de l’huile de vidange et le cambouis. Encore aujourd’hui, elle aime travailler dans son garage sur sa dernière trouvaille, rare sacrifice que l’intellectuelle pur-jus qu’elle est fait à l’art manuel. Il lui a transmis son amour de la photographie et ce besoin viscéral de mettre partout des mémentos des personnes qu’elle aime. Elle a certains de ses tics, de ses expressions. Malgré l’absence de ressemblance physique, il est évident en les voyant deviser côte à côte qu’ils sont père et fille. De facto, son avis a toujours beaucoup compté pour Astrid, sans qu’elle ne se sente liée par cette dernière, car elle a très vite su qu’ils étaient très différents. Cela ne l’a pas empêché d’être légèrement angoissée quand elle lui a présenté Luz pour la première fois, pas forcément par crainte qu’il ne l’apprécie pas, mais que les deux ne s’entendent pas aussi bien qu’elle l’aurait voulu. Ils lui ont donné tort, et heureusement. Peut-être parce que sa fiancée a très vite compris à quel point son père compte, pour Astrid. Durant leurs premiers mois de relation, la jeune femme est pourtant restée pudique sur sa situation familiale, mais elle n’a pas caché l’absence maternelle, sachant que Luz comprendrait compte tenu de son propre parcours. Elle est restée moins disserte sur le soutien inébranlable de son père, sur ses sacrifices pour contribuer à payer ses études, comme il l’a pu du moins. Son amante n’a pas été dupe. Encore moins en vivant à ses côtés, et donc en entendant régulièrement les coups de fils bi-hebdomadaires du père et de sa fille, sans parler des week-ends de retour chez son père. Leur relation fusionnelle est à la fois une évidence et un non-dit. Et parallèlement, Astrid est certaine que son père a fait beaucoup d’efforts pour être aussi accueillant que possible avec sa compagne, tout simplement parce qu’il connait suffisamment sa solitaire de fille pour comprendre qu’une personne qui avait pris de l’importance dans son cœur au point d’être présentée en bonne et due forme et avoir percé les barrières de sa descendance était probablement l’objet d’une grande passion. Comme il l’avait dit un jour, les plus silencieux sont souvent les plus passionnés. Avec le temps, Jake a appris à partager des intérêts avec Luz. Il appelle toujours sa belle-fille pour tout ce qui est travaux et décoration d’intérieur, et aime discuter jardinage et plantes à mettre dans la cuisine. Et depuis qu’elle lui a fait découvrir ses télé-réalités fétiches, il regarde également et lui fait un compte-rendu fidèle de ses avis – ce qui laisse Astrid franchement perplexe, et un rien attendrie, en voyant sa fiancée et son père discuter avec emphase de quelle robe de « yes to the dress » est la plus adaptée à la morphologie de telle ou telle candidate, mais elle a appris à ne pas émettre son avis et à rester sagement le nez dans ses livres quand un tel débat surgit. Et puis, allongée sur les genoux de Luz, les jambes posées sur celles de son père à l’autre bout du canapé, comme une adolescente attardée, à les regarder s’égayer tout en somnolant à moitié, elle sourit généralement, se laissant bercer par la familiarité de l’ensemble, et par la douceur qui l’enveloppe quand elle voit les deux moitiés de sa famille – celle qui l’a choisie, celle qu’elle a choisie – ainsi réunies.

En constatant l’avancée de la maladie, c’est à cela qu’Astrid a dû apprendre à renoncer. C’est aussi à ce moment qu’elle s’est préparée pendant les dernières semaines, celui où Luz comprendrait l’ampleur de la douleur à venir. Maintenant qu’elles font face à la vérité, et que l’erreur est étalée, la confiance ébranlée, la jeune femme sait pourtant que le plus difficile est peut-être encore à supporter. Pourtant, quand Luz lui dit ce qu’elle veut entendre, elle oublie quelques secondes ses peurs, sa tristesse, sa culpabilité, pour se concentrer sur cette seule et unique notion : Luz veut rester à ses côtés … pour ça. Et pour le reste. Astrid sait aussi qu’il faudra du temps, beaucoup de temps, pour qu’elle appréhende la plénitude de ce que tout cela signifie. Heurtée par un train lancée à pleine vitesse, l’architecte ne peut qu’encaisser. Elle sait que viendra le moment où ça craquera. Où Luz laissera librement cours à son chagrin et à sa colère. Et il faudra qu’elle y soit préparée. Comme à la difficulté de retrouver les choses comme elles étaient auparavant. En un sens, ce ne sera pas possible. Il faut qu’elles inventent, à partir de ce qui a été brisé, une nouvelle mosaïque, pour que chaque petit bout de leur relation qui a explosé puisse retrouver sa place, différemment, et créer quelque chose de nouveau, peut-être de plus beau ? L’obstétricienne a souvent répété que l’amour, ce n’était pas un hasard, mais un choix conscient. Parce que si on ne choisit pas par qui on est attiré, on choisit ou pas de suivre cette attraction, et après, on choisit ou pas de mettre en place les conditions pour qu’elles fleurissent. Et ce n’est pas dans les premières semaines, pleines de passion et de folie, qu’on peut réellement tester une relation. Non, c’est dans les mois qui suivent, quand l’ardeur de la nouveauté s’émousse, quand les défauts apparaissent, quand les secrets arrivent, quand la vie aussi, tout simplement, reprend son cours, et qu’il faut composer avec elle. C’est dans les épreuves, et non les jours heureux, que l’amour se forge. Face à leur plus grand défi jusqu’à alors, Astrid ne peut pas savoir si ce sera suffisant. Si malgré la volonté de l’une et de l’autre, elles arriveront à composer, à reconstruire. Elle peut juste se promettre d’essayer, de toutes ses forces, de se faire pardonner. D’apprendre de ses erreurs, et de tout faire pour que Luz ne doute jamais de sa parole, de sa confiance. C’est sans doute cela, qui l’a le plus blessé, in fine, dans cette douloureuse conversation. Et elle se jure que ça n’arrivera plus. Qu’elle rassurera Luz sur son implication, pleine et entière, et sur ce que ça signifie. Elle a droit à une chance, et compte s’en saisir. Ce qu’elle finit par pointer doucement quand sa compagne lui dit gentiment qu’elle n’a pas besoin de s’autoflageller :

« Non … mais il faut que je me souvienne de ce que je dois faire pour m’améliorer. »

Un choix, là encore, d’accepter ses torts. Même si, quelque part, Astrid a des difficultés à voir ce qu’elle aurait pu faire autrement, elle aurait pu, et c’est ça qui compte. Elle aurait pu trouver, comprendre que Luz aurait préféré un peu de nouvelles à aucune. Elle admet qu’elle n’a pas cherché à mettre en place ce type de palliatif. Et surtout, qu’elle doit la rassurer, lui montrer qu’elle est toujours déterminée à être à ses côtés, à être sa présence de confiance. C’est cela, à présent, qu’il faut s’employer à restaurer, et elle va mettre toutes ses forces dans la bataille. Parce qu’elle fera tout pour que Luz reste bien avec elle. Maintenant qu’elle le lui a dit, qu’elle serait là pour elle, Astrid se rend compte d’à quel point elle avait besoin de ça, de cette assurance, et d’à quel point le fait de pouvoir se reposer sur la Mayfair lui avait manqué. Parce que leurs personnalités sont opposées, parce que l’obstétricienne a un tempérament plus posé, plus rationnel, elle est souvent vue comme la force tranquille de leur couple, là où Luz est l’esprit, le cœur et la volonté. Pourtant, ce serait réducteur que d’imaginer que cela ne va que dans un sens. Luz est aussi son roc, et elle puise depuis les débuts de leur relation une énergie inépuisable dans la certitude qu’elle est aimée par quelqu’un d’aussi solaire, qui l’accepte avec ses défauts, respecte ses manies et encourage ses passions. Elle l’a dit, lors de cette soirée de bureau avec les collèges de l’architecte : elle ne pourrait pas avancer sans Luz. Pas autant. Elle est son refuge, son réconfort. Avoir l’espoir que cette situation soit à nouveau présente dans leur vie est suffisant pour lui donner du courage. Et de lui faire reprendre sa posture habituelle. Ainsi, quand Luz l’étreint, contrairement à la première fois, Astrid ne s’effondre pas dans ses bras. Elle l’accueille, cette chaleur familière et si douce, et étreint l’autre femme, ses bras se refermant automatiquement autour de sa fiancée pour l’attirer davantage contre elle. Son visage se perd brièvement dans les mèches bouclées et brunes de sa compagne, et la flagrance de son shampooing a cette odeur inimitable d’intimité. La senteur l’apaise. Instinctivement, elle passe une de ses mains dans le dos de Luz, et l’autre vient s’enrouler autour de ses doigts, contre sa paume, dans cette position de réconfort entre elles, tandis qu’elle y trace délicatement des arabesques douces, pour diminuer son angoisse. La question de celle qui partage sa vie, finale, l’émeut profondément. Doucement, la main qui l’enserrait quitte son dos pour caresser sa joue tendrement, et Astrid murmure :

« Bien sûr. Quand tu veux. »


Avant d’ajouter, le chagrin à nouveau perceptible dans sa voix :

« C’est juste … qu’il ne sera sans doute pas lucide, mais ce n’est pas grave. »

Maintenant, Luz sait. En tout cas, elle peut se préparer. Même si Astrid sait d’expérience que la confrontation avec la réalité restera un choc. Elle-même, malgré ses connaissances, le fait qu’elle se soit déjà occupée durant ses études de patients atteints de troubles cognitifs, a eu du mal à faire face, parce que c’est son père, et que ça change tout. C’est à elle d’être là pour Luz. Elle ajoute néanmoins, comme pour sceller un pacte :

« Quand on sera rentrées … enfin, quand tu voudras, je te montrerai tout ce que j’ai, pour qu’on en discute. »

Ce n’est, hélas, que le début d’une longue série de décisions difficiles, de discussions qui s’annoncent douloureuses, désagréables. Il est fort probable que des disputes affleurent à nouveau. Mais en attendant, il y a plus grave encore, plus urgent, plus déchirant. Astrid cesse provisoirement ses arabesques pour prendre la main de Luz la sienne, rétracte néanmoins son index pour continuer à glisser contre la chair tendre de la paume refermée, et demande finalement :

« Dis-moi quand tu es prête. »

Quand Luz le décide, elles ressortent enfin de la chambre de garde, pour se diriger vers celle qu’occupe son père. Après un bref échange entre Astrid et l’aide-soignante qui sort de la pièce, la jeune femme pousse la porte. Son père est comme elle l’a laissé, avec un oreiller en plus pour le soutenir dans sa position assise. Il a l’air de somnoler. Doucement, sans laisser la main de Luz, elle s’assied précautionneusement sur le lit médicalisé, prend de sa main non occupée celle de son père. Bien entendu, elle n’est guère impressionnée par l’aspect d’une pièce de soins continus, avec les bips des machines qui résonnent régulièrement, les fils et tuyaux, les fluides, l’odeur aseptisée et étrange. Pas plus par le crâne rasé et le lourd bandage autour de la tête. A la place, elle se concentre sur son père, serre brièvement sa main. L’homme finit par ouvrir les yeux, qui papillonnent. Au bout d’un moment, Astrid déclare d’une voix très douce :

« Papa ? »

Jake Wyatt a les pupilles qui tournent un peu, comme s’il avait du mal à comprendre ce qu’il se passe, et qui lui passe. Son regard passe au travers de sa fille. Une expression de concentration apparait sur son visage, puis le même air perdu se peint sur ses traits. Il ne comprend pas. Ne fait pas le lien entre la jeune femme blonde, adulte, devant lui et sa fille, son bébé. C’est la même personne, mais il ne le réalise pas. Après un nouveau temps, Astrid recommence :

« Papa, c’est ta fille, Astrid. Je suis avec Luz, ma fiancée. »

Elle détache les syllabes, parle lentement. Insiste sur le dernier mot, fait signe doucement d’une pression de sa main à Luz d’avancer davantage. Son père a la même expression perdue. Son regard est à la fois vide et plein d’interrogations quand il se pose sur l’architecte, qu’il dévisage, une expression de peine et de douleur sur son faciès. Il passe de l’une à l’autre. Il ne comprend pas. Patiemment, Astrid explique :

« Je vis avec Luz, Papa. On va se marier. »

Elle serre davantage sa main. Malgré toute sa résolution, elle sent l’émotion l’étreindre à nouveau, et étouffe les sanglots qui viennent, traîtres, quand elle assure :

« Tu sais ça, Papa … »

Mais Papa ne sait pas. Ou plutôt il sait, mais ça ne lui revient pas. L’homme sent, cela se voit, que quelque chose ne va pas, que ce qu’il ne comprend pas peine la jeune femme qui dit être sa fille, et qui ressemble à son épouse. Qui est sa fille. L’angoisse est perceptible, désormais sur son visage, tandis que le silence devient pesant, et que les bips des machines ne parviennent pas à le percer. Ses yeux papillonnent encore vers Luz, la dévisage. Il y a de la douceur, de l’innocence, dans ce regard délicat. Astrid se relève, invitant Luz à prendre sa place, pour qu’elle lui dise ce qu’elle veut. Et elle se contente de poser sa main désormais libre sur son épaule, autant pour la soutenir que pour éviter à la douleur de revenir, encore plus féroce, encore plus intense.


mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Luz Mayfair
three steps above heaven
Luz Mayfair
lost and insecure
posts : 802
pseudo : dday.
id card : tashi rodriguez + cosmic light (avatar) ; lyrabelacquad (gif).
Cry me a river (Luz) AJNOFFr
age : (vingt-huit ans) dans la fleur de l'âge, la trentaine étant encore assez lointaine pour que tu ne t'en préoccupes pas trop.
civil status : (fiancée) dans une relation qui se complique de jour en jour malgré le mariage qui approche. t'aimes astrid de tout ton coeur, mais tu réalises que ça ne suffit pas toujours.
past time : (architecte) un métier qui te permet d'utiliser ta créativité d'une façon bien différente.
orientation : (homosexuelle) tu l'as toujours su, faute d'avoir un quelconque intérêt pour les hommes.
address : (151 charlestown) une maison anglaise que tu partages avec la femme de ta vie. un chez vous beaucoup trop grand lorsque ses absences se font sentir.
code couleur : #8472a4
nbre de mots : autour de 500 mots, mais je m'adapte facilement.

pronom irl : elle.
pronom perso : elle.
trigger warning : abandon d'enfant, adoption, infidélité, problèmes d'anxiété.
availability : disponible (3/4) | astrid ; diego ; oceana
rps : 52
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Jeu 17 Mar - 12:59

Cry me a river
février 2022
@Astrid Wyatt
Tu ne cherches pas à contredire Astrid lorsqu’elle insiste sur son erreur. Tu la connais suffisamment pour savoir que ce serait inutile et tant qu’elle ne cherche pas trop à s’autoflageller tu ne dirais rien de plus sur la question. Ce qu’il vous faudra c’est du temps avant tout le reste. Il te faut aussi une tête reposée pour pleinement comprendre ce que tout ce qui t’a frappé ce soir implique. Ainsi, aller voir le père de ta fiancée directement n’est peut-être pas la meilleure idée qui soit. L’avertissement qu’elle fait ne suffit pas à te faire changer d’avis. Tu te contentes d’hocher la tête, de noter l’information dans un coin de ton esprit, sans pour autant l’assimiler complètement. Tu réagis un peu plus à ce qu’elle ajoute, parce que c’est quelque chose de plus concret, parce que tu as une demande à faire. « Plutôt demain ou après-demain si ça ne te dérange pas. » Tu n’as pas la tête à différencier les options ou même à avoir une opinion digne de ce nom. Tu ne sais même pas si tu serais apte à le faire le lendemain ou de sitôt, t’es juste consciente que c’est somme toute pressant. C’est donc probablement le retour d’Astrid chez vous qui déterminerait l’arrivée de cette nouvelle discussion. Pour l’heure, tu préfères commencer par aller voir son père… quand tu serais prête.

Tu ne sais pas si tu allais l’être un jour, si c’était seulement possible dans une telle situation. Certes, t’es maintenant consciente de ce qui se passe, mais tu ne peux qu’imaginer ce qui t’attend dans la chambre où se trouve le père de ta fiancée. Tu te retrouves à penser au pire, à te faire des scénarios d’horreurs malgré toi, mais il est évident que ce ne serait pas une préparation suffisante. Si bien qu’après un moment à rassembler ton courage, lorsque le plus gros de tes angoisses commence à s’estomper, tu serres sa main. « On peut y aller. » Une part de toi a envie de rester dans cette pièce, de retarder le moment où tu devrais faire face à la réalité. Ce serait plus simple de pouvoir te maintenir dans un faux déni, mais ce ne serait pas une bonne décision, ça ne vous apporterait rien. Alors tu suis Astrid en silence, en essayant de te concentrer sur sa main dans la tienne, comme si ça limiterait le choc qui t’attendait.
Sans surprise, ça ne fonctionne pas. Tu n’es pas une habituée des hôpitaux. Même si ta fiancée y travaillent tu limites autant que possible tes visites et quand tu dois venir, tu restes dans les zones plus neutres : la cafétéria, l’entrée, ce genre de pièces. Entrer dans une chambre d’hôpital, c’est se faire happer par une odeur aseptisée, peu naturelle, mais aussi par une vue déplaisante. L’aspect entier de la pièce te met mal à l’aise, mais le plus dur reste de voir Jake Wyatt dans un tel état - lui qui n’est pas un homme valétudinaire. Son bandage indique clairement la raison de votre présence ici sauf que ça n’accote pas le regard perdu qu’il semble adressé tu ne sais trop où. Tu gardes la main d’Astrid dans la tienne sans pour autant savoir où te placer. Tu n’oses pas trop t’avancer, même lorsqu’elle vient serrer ta main pour t’inviter à te rapprocher. T’as peur de le déstabiliser encore plus, d’empirer la situation. Parce qu’il n’y a aucun doute quant au fait qu’il ne te replace pas. Il cherche à comprendre qui tu es sans que la réponse ne puisse lui venir. Est-ce que tu peux seulement l’aider ? Probablement pas, les paroles de ta fiancée lui tombe dans l’oreille sans pour autant éclairer une quelconque chandelle. Si bien que tout ce que tu trouves à faire, c’est serrer un peu plus la main d’Astrid dans l’espoir de lui offrir un peu de réconfort. Tu voudrais la prendre dans tes bras pour chasser les sanglots que tu crois entendre, mais ce n’est pas une option, pas maintenant. Tu ne voudrais pas perturber encore plus son ère. Il faut donc te contenter de cette seule intention.

Jusqu’à ce qu’elle t’invite à prendre sa place, à t’installer sur le lit à ton tour. Tu ne sais pas si t’en as envie, si t’as le courage de le faire et pourtant, tu t’exécutes sans un mot. Parce que c’est la moindre des choses à faire, parce que tu as besoin de parler à cet homme si important pour toi. Si la bravoure te manque, c’est uniquement en raison d’une faiblesse de ta part, et ce n’est pas suffisant pour que tu cherches à t’enfuir. Ça ne se fait pas. Peu importe tes craintes, peu importe ce que tu ressens, parler au père de ta fiancée est la bonne décision. La bonne chose à faire pour lui, pour Astrid, pour toi. Reste à trouver les bons mots, savoir quoi dire à cet homme qui te considère comme une simple inconnue. Tu ne peux pas lui parler de votre mariage à venir ou quoi que ce soit qui lui serait trop étranger. Les mots te manquent. Il te faut un moment pour rassembler un semblant de courage et passer outre le noeud qui s’est formé dans ta gorge. Est-ce que tu agis normalement ? Est-ce que tu dois plutôt le ménager en feintant être une inconnue ? Tu sais qu’il serait idiot de suivre cette deuxième idée, surtout considérant qu’elle t’a présentée comme sa fiancée, mais tu ne peux pas t’empêcher de de considérer la possibilité. Peut-être pour te simplifier la tâche. « Bonsoir Jake. » Ta voix tremble un peu alors tu te demandes ce que tu veux lui dire. Qu’il va te manquer ? Que tu es désolée de le voir dans un tel état ? Rien ne semble convenable pour la situation. Tu jettes un regard vers Astrid, comme si elle pouvait te souffler les bons mots. « Je suis contente de voir que tu te portes mieux. » Tu peux supposer que c’est au moins vrai physiquement, il est donc important de le souligner. Ça te rattache au moins à la situation. Il y a tant de choses que tu devrais dire, mais rien ne te vient. C’est sans doute qu’il te faudrait plus de temps pour t’y faire complètement, pour t’habituer à la situation. En attendant tu fais au mieux, tu te racles doucement la gorge pour chasser ce qui reste du noeud d’émotions qui serraient encore toujours. « Je suis désolée de ne pas être venue plus tôt, mais j’essaierai de passer plus souvent. » Au moins pendant qu’il était à l’hôpital, peut-être que le voir plusieurs fois t’aiderait à t’y habituer, à trouver la bonne façon d’approcher une telle situation. T’en sais rien à vrai dire, mais tu peux espérer. Tu demanderais également des conseils à ta fiancée pour savoir quoi dire dans ce genre de situation, ce qui est préférable pour son père. Tu trouverais également ce qui te vient le plus facilement, parce que pour l’instant, c’est absolument rien. « Et je vais continuer de prendre soin d’Astrid, bien sur. » C’est la vérité, malgré la situation un peu délicate dans laquelle vous vous trouvez - pour en parler d’un euphémisme. C’est peut être un point que tu dis autant à Jake qu’à ta fiancée.
Peut-être que tu te le répètes à toi-même aussi, parce qu’il est évident qu’elle a besoin de toi.
mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Astrid Wyatt
three steps above heaven
Astrid Wyatt
lost and insecure
posts : 254
pseudo : spf
id card : Saoirse Ronan + icegarl
Cry me a river (Luz) Ec1babca2be3ef7765a40001dc4a2e8600140e5d
age : 28 ans, la trentaine qui approche, et les responsabilités qui s’amoncellent. La vie d’adulte est bien là, et elle est aussi écrasante qu’exaltante
civil status : Fiancée à la (seule) femme de sa vie, sur le point d'enfin l'épouser
past time : résidente en première année de gynécologie-obstétrique, une discipline qui la passionne depuis toujours, une vocation, le grand amour de sa vie après Luz – ou avant, selon certains
orientation : Lesbienne et fière
address : 151, Charleston
nbre de mots : Variable, entre 500 et 1000, plus si l'inspiration est au rendez-vous

pronom irl : elle
pronom perso : elle
trigger warning : Triggers personnels : toxicomanie, criminalité
availability : Dispo
rps : 44
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Dim 27 Mar - 0:08

Cry me a river
février 2022
@Luz Mayfair

Les doigts se crispent autour de l’épaule de Luz, tandis que cette dernière tente de saluer son père. Muette, Astrid observe avec douleur deux des personnes les plus importantes de sa vie – avec son frère – faire à nouveau connaissance. Elle entend le tremblement dans la voix de sa compagne, voit la perplexité dans le regard de son géniteur, qui s’adoucit néanmoins quand la jeune femme parle de son état. Jake Wyatt n’a jamais aimé qu’on s’attarde sur son propre cas, a toujours préféré s’oublier, balayer d’un revers de main les difficultés pour se concentrer sur des messages positifs. Malade ou diminué, cela ne change pas sa personnalité profonde, aussi il offre un gentil sourire à cette inconnue qui n’en est pas vraiment une et s’enquiert de sa santé. Surtout, son regard se pose sur la main d’Astrid, et peu à peu, il comprend. Ou du moins, il est en mesure d’appréhender le fait que sa fille, peu importe la manière dont son esprit la perçoit, est proche de cette autre femme. Fiancée, même, c’est ce qu’elle a dit. Les mots se mettent lentement dans le bon ordre, dans son esprit, tandis que Luz achève sa prise de parole, et accessoirement, achève le cœur d’Astrid, qui fait un bond dans sa poitrine, tambourine avec ardeur dans la direction de celle qu’il recherche, qu’il aime. Ce cœur malheureux voit son ardeur ravivée par ces quelques mots, parce qu’ils sont familiers, parce qu’ils sont doux, aussi, après la dureté de leurs précédents échanges, quelques minutes auparavant. En dépit de la situation, des difficultés, présentes ou à venir, c’est comme si une petite porte supplémentaire s’ouvrait. Comme si, en dépit de tout, Luz lui assurait que sur ce point, rien ne changerait. Et peut-être, sans doute, qu’Astrid en a besoin, de cette assurance. Doucement, elle ne peut s’empêcher de s’approcher, entourant cette fois sa fiancée de ses deux bras, en une étreinte qui arbore plusieurs de leurs photographies communes. Un bref instant, Astrid sent les yeux de son père posés sur elles deux, et il lui semble qu’un minuscule éclair de reconnaissance passe. Il est vite chassé. A la place, Jake tente de se redresser un peu sur ses oreillers, avant de répondre de sa voix chaude :

« Je suis content de savoir qu’Astrid a quelqu’un d’attentionné dans sa vie. Elle m’inquiétait un peu, à ne jamais sortir avec des gens de son âge … En fait, elle ne voulait peut-être pas dire à son vieux père qu’elle avait une amoureuse. »

La tendresse de telles paroles perce désagréablement, à nouveau, la carapace qu’Astrid s’est pourtant efforcée de rebâtir. Comme à chaque fois que son père la perçoit comme une adolescente, c’est à la fois une mise en abîme de sa propre histoire, une souffrance discrète que de voir qu’il ne perçoit pas le temps écoulé. Curieux, son père continue, enfonçant sans le savoir le couteau toujours plus profondément dans la plaie, en se tournant vers elle :

« Pourquoi tu ne m’as rien dit ? »

Prenant une profonde inspiration, Astrid répond sur un ton parfaitement neutre :

« J’attendais le bon moment. »

C’est bien son problème : elle attend toujours le bon moment, même quand il n’y en a pas. Elle planifie, méthodiquement, ou se retrouve au pied du mur et finit par avouer. Et le fait qu’elle a l’impression de vivre le coming-out de son adolescence qu’elle n’a jamais fait, et pour cause, puisqu’à l’époque, ni les filles, ni les garçons, ni personne n’avait le moindre intérêt romantique à ses yeux, n’y change rien. Hormis accroître son sentiment de culpabilité, envers ce père si compréhensif, bien qu’il ne s’en rende pas compte lui-même. Elle s’en est toujours doutée, mais au cas où, elle a la preuve que Jake, peu importe le moment, aurait toujours été le même père aimant qu’il a été pour elle tout au long de sa vie. Ce dernier, cependant, reporte son attention sur Luz, et continue :

« Je suis très heureux de te connaître, Luz. »

Cela se sent dans sa voix, dans son sourire, qu’il est sincère. Comme il l’était la première fois que l’architecte a franchi le pas de sa porte, et qu’il l’a accueilli avec sa bonhommie coutumière, et un rien de maladresse, parce que tous les pères sont un peu maladroits en rencontrant la première personne que leur fille leur présente, surtout quand ils veulent faire bonne impression. Jake Wyatt avait passé toute la soirée de la veille à récurer manu militari l’entièreté de son logis, et avait même mis une veste – ce qu’Astrid avait qualifié avec tendresse de ridicule, même si elle était touchée par l’effort. Le nom de Mayfair ne lui était pas inconnu, alors, il voulait donner la meilleure image de lui-même, ne pas avoir l’air idiot, ou plouc. Soudain, cependant, ses traits changent, et une expression de souffrance se forme, alors qu’il porte sa main à sa tête. L’opération, après tout, a été relativement lourde. Astrid laisse un peu de temps passer, et finit par dire :

« On va te laisser te reposer. Je vais raccompagner Luz, et je reviens, d’accord ? »

L’homme hoche la tête, et Astrid laisse sa compagne pour quelques échanges supplémentaires, leur accordant de l’intimité en dehors de sa présence. Elle-même, une fois la porte refermée, s’affaisse contre le mur et laisse échapper le long souffle qu’elle retient depuis plusieurs minutes. Les battements de son cœur sont à nouveau erratiques, et il lui faut un moment pour reprendre le contrôle sur sa respiration sifflante. Heureusement, la vue de Luz qui sort à son tour lui permet de se concentrer sur autre chose. Sans quitter son pan de mur, contre lequel elle est toujours appuyée, Astrid commente, une pointe de tristesse perçant dans sa voix qu’elle ne peut entièrement masquer :

« Il était content. Je crois. »

Et elle ajoute l’évidence :

« Merci. Pour ce que tu lui as dit. »

Elle ne précise pas de quoi elle parle. Si c’est à propos de ses souhaits de rétablissement, d’elle. C’est un peu tout, en fait. Finalement, elle se détache du mur et annonce :

« On peut rester manger ensemble, si tu veux. Et après, je te laisserai rentrer. »

Astrid n’attend pas que Luz passe la nuit à l’hôpital avec elle. Ce n’est pas nécessaire. Et à vrai dire, ce ne serait sans doute pas judicieux. Il faut qu’elles passent du temps séparées, que sa fiancée puisse digérer tout ça, qu’elles se laissent de l’espace. Avant de devoir aborder les conséquences de la situation. Tous ces points d’interrogation qui ont fleuri au cours de leur conversation, de ses révélations, et qu’il faut à tout prix transformer en point final, et non en point d’exclamation, il va bien falloir s’y confronter. Et la gynécologue sait que, in fine, le plus difficile est peut-être à venir. La fatigue la submerge, et elle craque machinalement ses doigts pour se réveiller, et pour éviter à l’angoisse de monter.

Lorsqu’il est temps de se séparer, la jeune femme raccompagne Luz jusqu’aux portes de l’hôpital. La nuit a eu le temps d’arriver, et l’endroit est nettement moins fréquenté qu’à son arrivée. Un sourire incertain orne son visage tandis qu’elle lui fait finalement face. Elle opte finalement pour ce qu’elle lui dit souvent, avec la gentille inquiétude qui vient forcément quand on est séparé de ceux qu’on aime, même pour peu de temps :

« Fais attention en rentrant. »

Ordinairement, Astrid se serait penchée pour un dernier baiser furtif. Mais là, elle n’ose pas. Elle se demande, bêtement, si elle en a le droit. A la place, elle se contente de serrer une dernière fois la main de Luz qui est dans la sienne, se mordant la lèvre inférieure, ne parvenant pas entièrement à la lâcher, à rester ainsi. Cette fois, elle ne parvient pas à faire le premier pas. Alors, elle reste ainsi.

Luz repartie, la jeune femme fixe les portes un instant, avant de tourner les talons et de regagner l’étage où se trouve son père. Elle s’installe sur une chaise, cale ses jambes sur le tabouret que des soignants ont laissé pour elle, et se prépare à une nuit peu confortable, rythmée par les bips monotones et la respiration de son père qui s’est rendormi.

Malgré ses protestations, son frère la relaie le lendemain soir, et elle est renvoyée chez elle pour dormir … et discuter avec Luz. C’est ainsi qu’Astrid franchit le pas de leur maison, ses affaires à la main, des cernes profondes et le teint blafard, après pratiquement 48h passées à l’hôpital. Sa mauvaise mine est évidente, et des rides d’inquiétude plissent son front. Pendant les longues heures à attendre que son père se réveille, elle a eu le temps de réfléchir. De faire des projections. Elle a même ramené un calepin avec ses notes. Sa fiancée est là, et un bref instant, devant ce tableau familier de leur salon avec sa compagne qui l’attend, la jeune femme ne sait si elle a envie de pleurer ou de sourire. Les deux, probablement. Et elle explique :

« Mon frère est avec lui. »

Lui. Son père. Celui qui occupe ses pensées, qui les préoccupe. Sortant un papier de son sac, elle le tend à Luz :

« Tiens, c’est l’attestation du neurologue de Papa, pour ton absence d’hier après-midi au travail. Je me suis dit que tu en aurais peut-être besoin. »

Même si elle ose espérer que ses patrons ont été compréhensifs, Astrid a préféré ne prendre aucun risque et s’occuper de l’administratif. Elle a trop souvent vu les difficultés engendrées par ce type d’événements en tant que médecin face aux familles de ses patientes pour ne pas en avoir gardé, hélas, quelques réflexes de bonnes pratiques quand son propre foyer est concerné. Les questions non résolues, cependant, flottent dans l’air, entre elles. L’obstétricienne sait qu’elle ne peut s’y soustraire longtemps, mais elle a besoin d’une pause avant de s’y attaquer. Alors, elle demande doucement :

« Est-ce que je peux aller me doucher ? Je n’en ai pas pour longtemps. Je reviens après. »

C’est idiot, de le dire. Mais c’est comme pour lui certifier qu’elle ne veut pas s’échapper. Astrid va poser son sac dans leur chambre, se laisse envahir par une foule de sentiments qu’elle repousse difficilement en voyant l’endroit si peuplé par les souvenirs communs. Elle attrape des vêtements propres et va vers la salle de bain. L’eau chaude qui coule sur son corps est une sensation soudainement divine, et elle profite de cet instant d’accalmie, de cet infime moment d’intimité, qui n'appartient qu’à elle, pour noyer ses larmes discrètes dans la buée de la douche. Elle a besoin de ce moment pour laisser échapper tout ce qui est retenu depuis deux jours, et en vérité, depuis toutes ces journées à sentir le sol s’écrouler sous ses pieds. A la place, elle laisse le liquide couler sur ses orteils, ses mains, son corps tout entier. La sensation de se perdre est enivrante, asphyxiante. Un très bref instant, l’envie d’y céder l’effleure, et elle la repousse aussitôt avec horreur. A la place, elle se frictionne énergiquement, pour retrouver la réalité, la matérialité. Il faut faire face. L’odeur du savon partagé, familier une fois encore, fait frémir ses narines. Elle sent le parfum de Luz, et son goût sur sa langue lui revient en bouche. Un fin sourire étire ses lèvres. Les souvenirs coulent eux aussi sur sa peau, entre ses doigts, et elle s’y accroche. Ils sont beaux. Ils sont la promesse qu’elle se susurre dans cette salle de bain embuée, de ne pas renoncer, de retrouver bientôt la saveur oubliée des baisers adorés. D’en être digne, surtout. Lentement, elle sort de la douche, enfile ses vêtements propres, se recoiffe rapidement. Deux brosses à dents la contemplent, dans leur pot partagé, à la fois encourageantes et accusatrices. Elle les regarde, puis se détache, et redescend. Elle retrouve Luz, l’observe un instant, de loin, calée contre un mur, ses bras croisés. Et elle dit la première chose qui lui vient, parce que son cœur est rempli à ras-bord de sentiments qui tambourinent eux aussi, veulent se déverser :

« Tu m’as manqué. »

Et elle ne sait pas si elle va réellement la retrouver, si elles vont se retrouver. Cela ne l’empêche pas de laisser échapper cette vérité. Même pour une journée, surtout pour cette journée, Luz lui a manquée.

Elle ne conçoit pas qu’elle puisse lui manquer toute une vie. Parce qu’elle est sa vie, et être aussi proche de la perdre renforce cette conviction, qu’elle va se battre pour que ce manque atroce n’advienne jamais. Pour rattraper ses erreurs.

Pour la mener à l’autel, un jour, quand elles le pourront.

mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Luz Mayfair
three steps above heaven
Luz Mayfair
lost and insecure
posts : 802
pseudo : dday.
id card : tashi rodriguez + cosmic light (avatar) ; lyrabelacquad (gif).
Cry me a river (Luz) AJNOFFr
age : (vingt-huit ans) dans la fleur de l'âge, la trentaine étant encore assez lointaine pour que tu ne t'en préoccupes pas trop.
civil status : (fiancée) dans une relation qui se complique de jour en jour malgré le mariage qui approche. t'aimes astrid de tout ton coeur, mais tu réalises que ça ne suffit pas toujours.
past time : (architecte) un métier qui te permet d'utiliser ta créativité d'une façon bien différente.
orientation : (homosexuelle) tu l'as toujours su, faute d'avoir un quelconque intérêt pour les hommes.
address : (151 charlestown) une maison anglaise que tu partages avec la femme de ta vie. un chez vous beaucoup trop grand lorsque ses absences se font sentir.
code couleur : #8472a4
nbre de mots : autour de 500 mots, mais je m'adapte facilement.

pronom irl : elle.
pronom perso : elle.
trigger warning : abandon d'enfant, adoption, infidélité, problèmes d'anxiété.
availability : disponible (3/4) | astrid ; diego ; oceana
rps : 52
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Sam 30 Avr - 14:28

Cry me a river
février 2022
@Astrid Wyatt
Difficile de faire face à la réalité, c’est une évidence qui s’impose alors que t’échanges quelques paroles avec le père d’Astrid. Tu cherches les bons mots, les bonnes choses à dire sans trop de succès - à tes yeux. Ça semble toutefois faire plaisir à Jake Wyatt et à ta fiancée qui vient te serrer dans ses bras. Ça te fait un certain bien, l’effet d’un baume, au moins temporairement. Ça ne suffit pas à chasser la pointe de tristesse qui s’invite avec les paroles du patient. La tendresse est évidente dans sa voix, mais tu n’as pas besoin de jeter un oeil derrière toi pour savoir que ce n’est pas une chose simple à revivre pour celle que tu aimes. Tu relèves ta main pour faire une petite pression sur celle d’Astrid, un geste qui se veut encourageant à défaut de pouvoir faire plus. Tu restes silencieuse devant l’échange, incapable de trouver les bons mots pour participer, incertaine que c’est ta place de le faire de toute façon. « Tout le plaisir est pour moi. » De le rencontrer, de pouvoir le compter dans ta vie même lorsqu’il ne se souvient pas de tout ce que vous avez pu partager, de la relation que vous avez pu bâtir. Il te faudrait du temps pour t’y faire, voilà ce que tu penses difficilement lorsque tu vois la fatigue frapper un peu plus l’homme devant toi.
T’hoches la tête aux dires d’Astrid, échange encore un peu avec Jake avant de la suivre à l’extérieur de la chambre. Il ne serait pas judicieux que tu t’attardes bien plus longtemps. Ça le fatiguerait plus que de raison et ce serait un poids de plus sur ton coeur. T’aurais l’occasion de le revoir plus tard lorsque tu serais un peu mieux préparer. Il te faudrait te faire à la tristesse que tu sens chez ta fiancée aussi, le temps sera nécessaire encore une fois. « C’est normal, c’était la vérité. » Tout ce que tu as dit à son père était véridique, peu importe à quel point ce serait difficile. Pour ce qui est de sa proposition : « D’accord, ça me va. » Peut-être que dans d’autres circonstances t’aurais insisté pour rester, mais cette fois, tu n’en as pas la force.

Ça n’empêche pas que ça te fait bizarre de rentrer seule, mais tu ne te serais pas vue rester à l’hôpital pour la nuit de toute façon. Vous avez besoin de laisser retomber la poussière, de souffler un coup et t’as la ferme impression que ta présence ne ferait qu’empirer les choses pour Astrid. Est-ce l’unique raison derrière ton départ ? Non, t’as aussi la tête lourde et le coeur gros. T’as besoin d’être seule pour un moment histoire d’encaisser le choc des déclarations de ta fiancée. Tu lui adresses tout de même un petit sourire - en forçant un peu - lorsqu’elle t’adresse la douce inquiétude qu’elle te réserve normalement. « Bien sur, je t’enverrai un message quand je serai rentrée. » Ça semble être la moindre des choses. C’est davantage de normalité dans une situation compliquée, c’est quelque chose de presque rassurant.
Sur le chemin du retour, t’es presque tentée de faire un arrêt de rechercher la compagnie d’une amie pour avoir quelqu’un avec qui parler. C’est une idée qui te frôle l’esprit après tout, discuter avec Asha ou Oceana t’aiderait surement à te faire une idée, à voir plus clair. Si tu ne le fais pas, c’est autant par crainte de déranger tes amies que par peur de remuer le couteau dans une plaie trop vive. Tes émotions risqueraient bien trop de prendre le dessus et tu ne sais pas où ça pourrait t’amener. Tu prends donc le chemin de votre domicile et t’endors sur le canapé en regardant des rediffusions de Say Yes to the Dress. En temps normal c’est quelque chose qui t’apporte du réconfort d’une façon presque instantanée. Cette fois c’est amer, c’est teinté d’une pointe de désespoir dont tu te serais passée. Et pourtant, tu ne peux pas t’empêcher de te poser devant cette télé-réalité, par habitude, par familiarité.
Parce que c’est tout ce que t’as ce soir-là.

Et le lendemain matin arrive sans prévenir. Tu te fais réveiller par les rayons du soleil qui viennent te chatouiller le visage. Loin d’être une nuit plaisante ou reposante, tu te retrouves plutôt aussi fatiguée que lorsque tu t’es posée sur le canapé. Rien de mieux pour bien commencer une journée de travail. T’aurais surement pu poser une journée maladie et attendre dans le confort de la maison qu’Astrid revienne de l’hôpital. T’aurais pu, mais ça ne te semble pas être l’idée du siècle. Après tout, tu ne sais même pas quand est-ce que ta fiancée rentrerait et tu doutes que rester seule te soit très bénéfique. Au moins au travail tu pourrais te changer les idées - un minimum - et tu pourrais être en bonne compagnie avec certain.e.s de tes collègues.
Ça ne fonctionne qu’à moitié, ça ne suffit pas à chasser les questionnements de ta tête ou les craintes qui te serrent le ventre. Non, l’anxiété s’est fait un petit nid et resterait sans doute pour les prochains temps. Si bien que la journée te parait longue, difficile et que le retour chez toi n’est même pas particulièrement plaisant. Retrouver la maison vide n’est pas surprenant, mais ça reste un coup dur d’une certaine façon. C’est un rappel que tout ce qui s’est passé la veille, une confirmation que tout ça n’était pas qu’un mauvais rêve. Tu te poses à table avec des croquis pour le travail histoire de continuer à t’occuper l’esprit autant que possible. Tu ne remarques même pas l’arrivée d’Astrid sur le coup, ne relève la tête qu’après un moment, lorsqu’elle commence son explication. T’hoches la tête, doucement avant de te relever pour attraper le papier qu’elle te tend. « Oh, ils ne l’ont pas demandé donc ça devrait aller, mais merci. » Tu supposes que ça ne pourrait qu’être pour le mieux que tu ramènes le document  - au cas où. Même si tes supérieurs ont été compréhensifs, il n’y a rien de mieux qu’un réel justificatif.

À la question qu’elle te pose, tu te retrouves à hocher la tête à nouveau. « Oui vas-y. Tu veux manger quelque chose ? » Histoire de savoir si tu lui réchauffes quelque chose à manger ou si tu ne fais que ça pour toi. Non pas que t’aies vraiment faim, mais t’as perdu la notion du temps sur tes croquis. Il vaut donc mieux que tu manges quelque chose avant que vous ne discutiez de quoi que ce soit. T’es donc installée à table avec ton (votre ?) maigre repas lorsqu’elle revient rafraîchie par la douche. Tu plisses le nez au commentaire, incertaine de ce que tu devrais répondre. Ta tête hésite, ton coeur tranche : « Toi aussi tu m’as manqué. » C’est, malgré tout, la réalité. Être seule dans votre domicile n’aurait pas été dérangeant si ce n’était pas le cas. Tu ne te lèves pas pour faire de grands émois, tu ne bouges même pas de ton siège, mais ça reste sincère.
C’est juste compliqué, trop à ton goût.
À faire de l’évitement, t’as pas vraiment trier les sentiments que tu ressens, t’as rien adressé dans ton fort intérieur. T’aurais du, sans doute, mais tu ne l’as pas fait. Tu y aurais droit à présent, avec tout le reste. Parce que tu sais qu’une conversation difficile vous attend, que l’éviter n’aiderait personne. « Comment vont-ils ? » Son père, son frère. Tu supposes que la situation de son père n’aura pas changé de manière significative depuis que tu as été dans la chambre, mais si son frère est venu la relayer, ils ont du discuter. T’en oublies pas le principal pour autant : « Comment tu te sens ? » Quand même, peu importe la conversation difficile qui vous attend, ça te semble important de lui demander comment elle se porte, ce qu’elle ressent. Est-ce une façon de retarder le pire ? Peut-être inconsciemment. Tu fais au mieux, tu lui laisses le champ libre surtout. Tes émotions sont encore beaucoup trop pêle-mêle pour que tu te sentes apte à lancer la chose.
Tu continues d’être lâche, à ta manière.
mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Astrid Wyatt
three steps above heaven
Astrid Wyatt
lost and insecure
posts : 254
pseudo : spf
id card : Saoirse Ronan + icegarl
Cry me a river (Luz) Ec1babca2be3ef7765a40001dc4a2e8600140e5d
age : 28 ans, la trentaine qui approche, et les responsabilités qui s’amoncellent. La vie d’adulte est bien là, et elle est aussi écrasante qu’exaltante
civil status : Fiancée à la (seule) femme de sa vie, sur le point d'enfin l'épouser
past time : résidente en première année de gynécologie-obstétrique, une discipline qui la passionne depuis toujours, une vocation, le grand amour de sa vie après Luz – ou avant, selon certains
orientation : Lesbienne et fière
address : 151, Charleston
nbre de mots : Variable, entre 500 et 1000, plus si l'inspiration est au rendez-vous

pronom irl : elle
pronom perso : elle
trigger warning : Triggers personnels : toxicomanie, criminalité
availability : Dispo
rps : 44
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Lun 16 Mai - 0:28

Cry me a river
février 2022
@Luz Mayfair
S’asseyant en face du dîner préparé par Luz – puisqu’elle lui a indiqué ne pas avoir mangé avant de rentrer – Astrid observe sa fiancée, dans leur intérieur, et l’impression de familiarité ne rend cette impression tenace de menace autour d’elles que plus amère. C’est comme si leur tranquillité commune est brutalement souillée par des nuages sombres qui ne sont là que par sa faute. Elle a l’impression d’avoir introduit les doutes, les difficultés dans leur relation, dans leur refuge, au creux de la maison partagée, louée ensemble, dont elles payent les traites en commun depuis quelques années maintenant. Cet endroit, même si elle y passe moins de temps que sa compagne représente un havre de paix aux yeux de la résidente, qui souffre profondément de sentir leur intimité comme ternie par les douleurs infligées, les non-dits qui ont explosés, et tout simplement cette sensation de malaise qu’elle ne devrait pas ressentir en face de la femme qu’elle aime. Parce qu’en dépit de tout, elle est là, elle lui colle à la peau, elle ressurgit maintenant qu’elles se font face. A nouveau, le sentiment de culpabilité l’envahit, redouble en entendant évoqués son père et son frère. Elle revoit le visage de ce dernier, la trahison qui n’a pas été dite, parce qu’il fallait parer au plus pressé, mais qui est présente, palpable. C’est dur d’être confrontée à des choix qui, en plus ne sont pas vraiment les siens, pas entièrement du moins, et dont elle se retrouve seule comptable. Mais il va falloir les assumer, ce qu’elle a commencé à faire, et comme c’est dans sa nature, elle ne va pas s’arrêter. En attendant, elle cherche comment répondre. Hésite. Et déclare finalement :

« Papa va … enfin, disons qu’il n’y aura pas de complications. Par rapport à la chute. »

Difficile de ne pas ajouter un commentaire ironique sur le fait que sinon, des complications, il va y en avoir, et qu’il ne sera pas réellement en capacité de les comprendre. Cependant, cela ne sert à rien de ressasser, de ruminer même, sa colère contre son père, qui a tenté de faire face comme il le pouvait, comme on le lui avait appris, et qui a perdu pied, l’entraînant avec elle. Pour le reste …

« Quant à mon frère … Il encaisse. Il est resté avec lui, il m’a dit de rentrer. »

Parce qu’en dépit de ce qu’il se passe, ils demeurent soudés, ce duo de frère et sœur qui a suffisamment affronté dans leur enfance pour ne pas laisser la houle de la vie, aussi puissante soit elle, les éloigner tout à fait. Au début, Astrid a d’ailleurs protesté, mais son frère a insisté. Déclarant qu’à présent, il allait prendre sa part. Et que ce n’était pas négociable. Rarement la jeune femme a ressenti autant d’amour pour son aîné, en dépit de la culpabilité qui s’est faite dévorante. Leur conversation n’a pas forcément été plaisante, mais ils se sont expliqués quand leur père dormait. Elle ne sait pas s’il a compris, entièrement, mais en tout cas, il lui a demandé quelle serait la prochaine marche à suivre. Parce que son frère, comme son père, est davantage un homme d’actions que de mots, et qu’il a besoin d’avoir une direction claire, un objectif, et de s’y tenir. En un sens, cela a le mérite de simplifier beaucoup de choses, d’éviter de trop intellectualiser, le principal défaut d’Astrid. Qui la pousse à toujours tout rationnaliser. Et qui, en même temps, est la raison de sa, souvent, trop grande honnêteté. Ainsi, elle répond à la question de Luz avec franchise – et un rien d’humour triste :

« J’ai l’impression d’être passée sous un train. »

Ou plutôt, de s’être faite percuter par un train lancé à grande vitesse sur son passage. L’image a le mérite de résumer le choc, la douleur, la difficulté à retrouver pied avec la réalité. Elle ajoute néanmoins, en avançant sa main jusqu’à celle de Luz et en posant ses doigts sur les siens, les enserrant délicatement :

« Et je suis surtout désolée par rapport à toi. »

A son frère aussi, mais cela, elle l’a dit au principal intéressé. Désolée de ne pas lui avoir dit plus tôt, de ne pas avoir été à la hauteur. De ne pas avoir su faire face. De ne pas avoir tenu tête à son père. D’avoir cherché des solutions dans un premier temps. D’avoir été dépassée. Et surtout, d’avoir dû lui apprendre cela de cette manière.

« De t’avoir fait subir ça. »

Ses yeux se baissent, et cette fois, la culpabilité est presque trop forte. Astrid ravale ses larmes, déterminée à laisser de l’espace pour que sa fiancée puisse elle aussi exprimer ses émotions, sans imposer les siennes. L’exercice est difficile, mais elle y parvient à peu près, bien que les yeux troubles ne laissent que peu de place quant à la raison de leur étrange humidité.

Son regard clair se porte sur Luz, à nouveau, et elle finit par poser la question inévitable :

« Et toi ? »

Son dos se tend imperceptiblement sur la chaise, comme si elle s’apprête à recevoir le coup au cœur qui peut advenir. Qui va advenir, elle le sent, elle le redoute. Et le pire, c’est qu’elle insiste, parce que c’est la chose normale, responsable, à faire, et qu’elle y tient :

« Tu peux … sois franche, Luz. »

Ne cherche pas à me ménager. Lâche tout. Avec un pauvre sourire, elle conclut :

« Je peux encaisser, promis. C’est de famille, manifestement. »

Elle peut. Elle doit. Elle le lui doit. Parce que sinon, elles ne pourront pas avancer. Et Astrid a envie qu’elles avancent. Même s’il y a des cahots sur la route. Elle n’a pas renoncé à son besoin de marcher sur le même chemin, main dans la main. Surtout pas quand sa paume est toujours refermée sur les doigts de Luz, lien de chaleur, peau à peau, au milieu du froid de la nuit et des non-dits qui soudain résonnent trop forts.
mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Luz Mayfair
three steps above heaven
Luz Mayfair
lost and insecure
posts : 802
pseudo : dday.
id card : tashi rodriguez + cosmic light (avatar) ; lyrabelacquad (gif).
Cry me a river (Luz) AJNOFFr
age : (vingt-huit ans) dans la fleur de l'âge, la trentaine étant encore assez lointaine pour que tu ne t'en préoccupes pas trop.
civil status : (fiancée) dans une relation qui se complique de jour en jour malgré le mariage qui approche. t'aimes astrid de tout ton coeur, mais tu réalises que ça ne suffit pas toujours.
past time : (architecte) un métier qui te permet d'utiliser ta créativité d'une façon bien différente.
orientation : (homosexuelle) tu l'as toujours su, faute d'avoir un quelconque intérêt pour les hommes.
address : (151 charlestown) une maison anglaise que tu partages avec la femme de ta vie. un chez vous beaucoup trop grand lorsque ses absences se font sentir.
code couleur : #8472a4
nbre de mots : autour de 500 mots, mais je m'adapte facilement.

pronom irl : elle.
pronom perso : elle.
trigger warning : abandon d'enfant, adoption, infidélité, problèmes d'anxiété.
availability : disponible (3/4) | astrid ; diego ; oceana
rps : 52
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Dim 29 Mai - 4:23

Cry me a river
février 2022
@Astrid Wyatt
Peut-être cherches-tu simplement à repousser le moment fatidique où la conversation fatidique débuterait en lui posant des questions préliminaires. Ce n’est pas que ça cela dit, c’est aussi une curiosité sincère. Tu veux savoir comment son père et son frère se portent, comment elle se sent aussi. Malgré la situation compliquée dans laquelle vous êtes empêtrées, il y a des choses qui importent plus. T’aurais voulu qu’elle soit plus rassurante concernant son père, qu’elle puisse te dire que tout irait mieux. Est-ce que tu pensais seulement que c’était possible ? Non, tu n’es pas si naïve que ça non plus, mais ça aurait simplifier votre vie, ça aurait tout simplifié. Ainsi ses paroles ne sont que marginalement réconfortantes. Au moins il n’aurait pas de conséquences de la chute, c’est une bonne nouvelle en soit. Ça laisse seulement tout le reste, toutes les complications à prévoir dans sa vie et la votre. C’est ce que tu redoutes et tu te sens ô combien égoïste de penser ainsi. « C’est déjà une bonne nouvelle. » Que tu soulignes faiblement. Tu ne sais pas à quel point ça peut être qualifié ainsi, mais tu tentes. Après tout, qui sait si la chute aurait pu être fatale, catastrophique même ? Astrid sans doute, mais pas toi. Bien sur tu ne soulignes rien de tout ça, tu restes plutôt silencieuse après ton vague commentaire. Tu doutes que ce soit vraiment le temps pour plus que ça de toute façon.
À la place, t’écoutes attentivement la réponse en ce qui concerne son frère. C’est un peu mieux, c’est véritablement une bonne nouvelle cette fois. Que son ainé l’ait forcée à rentrer vous donne l’opportunité de discuter avec un peu de recul. Tu devrais penser à la remercier la prochaine fois que vous vous verrez - si tu en trouves le courage. « Il a bien fait, tu ne pouvais pas rester éternellement à l’hôpital. » C’est à nouveau ton inquiétude qui se trahit dans tes mots. Ce n’était pas sain qu’elle prenne tout sur elle et t’es tout de même reconnaissante que son frère l’ait aidé en ce sens.
Même si ça vous rapproche de la pénible discussion qui vous attend.

Celle qui se profile déjà lorsque ta fiancée poursuit dans ses réponses. Tu n’es pas surprise de son état, mais ça te fait tout de même mal au coeur. T’aimerais avoir une façon d’alléger ses tracas. Tu voudrais pouvoir lui dire d’aller prendre un bain ou de s’étendre pour épargner un peu son corps et son esprit. Mais rien de tout ça n’est une option, pas maintenant. Ce l’est encore moins lorsqu’elle s’excuse à nouveau. Tu regardes sa main se déposer sur la tienne et force un mince sourire sur tes lèvres. Il n’est pas vraiment senti, mais c’est l’effort que tu fais sur le coup. Tu voudrais lui dire que ce n’est pas grave, qu’elle faisait au mieux ce qu’elle t’a dit la veille, mais rien de tout ça ne traverse tes lèvres. Parce que ce ne serait pas exactement la vérité. Que si, avec le peu de recul que t’as à présent, tu peux comprendre ce qui l’a motivée, tu n’es toujours pas d’accord avec ce qu’elle a fait pour autant. Reste que tu dois réagir, que tu ne peux pas uniquement la fixer en silence pendant tout ce temps. T’en as même pas envie et ça ne serait pas une discussion productive. « Tu n’as pas à t’excuser encore et encore tu sais. » Certes, il faudrait rattraper le coup, que vous fassiez le point et qu’au final tu lui pardonnes, mais ce n’était pas des excuses répétées dont tu avais besoin.
Non pas que t’as la moindre idée de ce qu’il te faudrait exactement.

C’est sans doute ce qui te bloque lorsque la question t’est finalement renvoyée. Tu plisses le nez, incertaine de ce que tu veux ou même peux dire. Tu sais que tu lui dois la vérité - même si tu ne réalises pas tout à fait ce que ça implique - mais au final, elle reste difficile à saisir. « Je ne sais pas si c’est une bonne chose que ce soit de famille. » Que tu soulignes doucement, non sans un petit air inquiet. Tu préférerais qu’elle n’ait pas besoin d’encaisser ce que tu ressens, mais bon, ce serait uniquement possible si la situation ne s’était jamais produite. Et retourner en arrière n’est pas une option. Tu soupires doucement, autant y aller le plus honnêtement possible, même si ce n’est pas très utile. « Je sais même pas ce que je ressens… » T’es un peu plus en touche avec tes émotions en règle générale, mais c’est un peu trop gros à ton goût. « Je suis épuisée et je suis perdue dans tout ça. » Bien sur, il y a toujours des évidences, l’affection que tu lui portes par exemple. Mais est-ce que c’est suffisant ? La certitude ne vient plus aussi facilement.
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas l’abcès que tu souhaites crever en premier. « Mais je pense que faire le point sur ce qui va se passer devrait m’aider. » Ce que tout ça implique pour le père d’Astrid, mais pas uniquement. Qu’est-ce qui va arriver à votre mariage ? Est-il toujours ce que vous voulez toutes les deux ? Est-ce toujours une option ? Les questions pourraient se succéder à l’infini si tu laisses la spirale s’entamer. Et tu n’en as pas envie. « Faut croire que tu déteins sur moi, j’ai besoin d’un peu de concret. » C’est une vague plaisanterie, quelque chose qui se veut léger pour calmer l’atmosphère. En soit ce n’est pas faux, c’est parce qu’Astrid fait partie de ta vie que tu ressens ce besoin là, c’est pour ça qu’elle arrive constamment à couper tes angoisses.
Jusqu’à ce qu’elle en soit la cause.  
mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Astrid Wyatt
three steps above heaven
Astrid Wyatt
lost and insecure
posts : 254
pseudo : spf
id card : Saoirse Ronan + icegarl
Cry me a river (Luz) Ec1babca2be3ef7765a40001dc4a2e8600140e5d
age : 28 ans, la trentaine qui approche, et les responsabilités qui s’amoncellent. La vie d’adulte est bien là, et elle est aussi écrasante qu’exaltante
civil status : Fiancée à la (seule) femme de sa vie, sur le point d'enfin l'épouser
past time : résidente en première année de gynécologie-obstétrique, une discipline qui la passionne depuis toujours, une vocation, le grand amour de sa vie après Luz – ou avant, selon certains
orientation : Lesbienne et fière
address : 151, Charleston
nbre de mots : Variable, entre 500 et 1000, plus si l'inspiration est au rendez-vous

pronom irl : elle
pronom perso : elle
trigger warning : Triggers personnels : toxicomanie, criminalité
availability : Dispo
rps : 44
présentation : présentation
fiche de liens : fiche de liens
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz) Sam 25 Juin - 15:50

Cry me a river
février 2022
@Luz Mayfair
Avec minutie, Astrid sortt tous ses documents soigneusement triés – réflexe médical et maniaquerie personnelle – et répartis en différentes pochettes étiquetées avec des post-its de couleurs différentes, pour qu’elle sache précisément à quoi chaque chose correspondait. Et elle commence à expliquer ce qu’elle avait imaginé, et qu’elle mettait sur la place, métaphoriquement et prosaïquement, à mesure que les papiers la recouvraient. Tout d’abord, il y a l’évidence qu’il était temps d’admettre, celle que son père ne peut rester chez lui – chez eux. Elle explique ses visites dans différents établissements, les démarches entamées, celle qu’il faudra sans doute faire, pour une mise sous tutelle notamment, et le coût, prohibitif en Angleterre, des structures pour personnes âgées dépendantes. Encore que son père n’est pas très âgé, en tant que tel, mais bénéficiera d’une dérogation compte tenu de son état mental. Elle est sur liste d’attente dans l’établissement public local, et peut avoir une place dans deux des structures privées, moyennant une compensation financière conséquente, ce qui la pousse à vouloir vendre leur maison une fois la mise sous tutelle confirmée par le juge, même si cette perspective lui brisait le cœur. Voir ses souvenirs d’enfance, et toute une vie de travail vendue est un déchirement, mais elle préfère encore cela à une montagne de dettes afin d’assurer les soins dont son père a besoin, et qu’elle ne peut lui offrir, ayant d’emblée écarté l’idée d’une prise en charge à domicile. Il n’aurait pas voulu, et cela, elle en est certaine, qu’elle sacrifie sa vie pour être à cent pour cent auprès de lui, avec tout ce que cela implique, et il lui parait impensable d’imposer cela à Luz. Son frère, bien que potentiellement volontaire, n’a pas forcément les connaissances, et il a son affaire à gérer, seul, si bien qu’une telle entreprise parait là encore impossible. Non, ils préfèrent tous deux s’en remettre à des spécialistes. Même si Astrid envisage déjà de s’impliquer dans la gouvernance du futur établissement en tant que représentante des familles, sachant pertinemment que son savoir médical en ferait une interlocutrice pointue, mais aussi au fait des difficultés des établissements de santé et donc plus à même de comprendre certaines choses. En attendant la vente, il faudra néanmoins couvrir les traites, et donc investir une part considérable de leurs revenus respectifs, en plus de la retraite de leur père.

Ce qui, logiquement, impactera le mariage à venir. Astrid met une forme de point d’honneur à supporter les coûts relatifs à son père, ce qui limite par conséquent sa participation aux frais de leur mariage. Pour autant, c’est une forme de va-et-vient, puisque ce que Luz gagne d’un côté, elle le perd forcément de l’autre. Après une longue discussion – parfois houleuse – les deux femmes parviennent à un accord, qui équivaut finalement à une répartition des dépenses à venir : Astrid gère la partie budgétaire relative à son père, et Luz augmente sa participation au financement de leur mariage, tout en réduisant le périmètre de ce dernier afin que ce ne soit pas trop lourd. Et Astrid lui a promis de lui dire si elle a besoin d’aide de son côté – et de réclamer enfin le paiement de toutes ses heures supplémentaires à l’hôpital. Le compromis n’est peut-être pas entièrement satisfaisant, et les concessions sont difficiles, forcément, mais à la fin de cette longue, très longue soirée, la gynécologue a le sentiment du devoir accompli, et mieux encore, d’avoir avancé timidement mais sûrement sur le chemin sinueux qui s’ouvre devant elles, parsemé d’inconnu. En un sens, elles sont parvenues à surmonter le plus gros obstacle qui aient jamais été jeté face à elles.

Reste maintenant à ce que les blessures ouvertes se referment. Cela, Astrid le sait, prendra du temps. Peut-être même qu’elles ne se refermeront jamais complètement, qu’elles suinteront, et que ce pus qui s’écoule d’un abcès qu’elle a largement contribué à former empoisonnera peu à peu leur relation. Ou peut-être qu’au contraire, la plaie a été cautérisée après avoir été violemment ouverte, et que ce traitement choc, pour douloureux qu’il soit, permettra d’avancer à neuf, avec juste une cicatrice en plein cœur pour se souvenir d’une erreur à ne plus jamais commettre.

Le temps fera son œuvre. Mais Astrid fera tout pour aider ce dernier. Et son but n’est pas de retourner à leur situation antérieure, car c’est impossible : elle veut bâtir quelque chose de mieux, pour elles deux.
Être plus fortes, après la tempête.
.
mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
lost and insecure
same old story


Cry me a river (Luz) Empty
· Re: Cry me a river (Luz)

mes récompenses
Revenir en haut Aller en bas
Cry me a river (Luz)
TAKE ME THERE. :: 

weymouth, uk

 :: 

Greenhill