you wrote me letters, gave me flowers (@Davan Baxter)

Elle n’arrête pas d’y penser. Encore et encore. Les souvenirs de cette soirée-là tournent en boucle dans sa tête. Elle ne pensait pas vraiment que Davan cèderait, Ada. Elle ne pensait pas vraiment qu’il resterait avec elle, répondrait à ses provocations. D’ordinaire, ce n’est pas son genre. D’ordinaire, il la repousse, la méprise, réplique, contre-attaque, en permanence. Alors peut-être que si, au fond, c’était prévisible – qu’il n’ait pas envie de la laisser gagner. Pas envie de la laisser avoir le dernier mot. Elle l’a provoqué, à cette soirée, Ada. Elle l’a un peu titillé, juste pour pouvoir le retenir. Juste pour ne pas qu’il s’en aille tout de suite. Elle voulait qu’il reste, qu’il cesse de la fuir. Elle ne pensait pas vraiment que cela fonctionnerait. Mais il était resté, Davan. Ils s’étaient lancés dans ce défi stupide, à enchaîner les shots comme s’ils avaient dix ou vingt ans de moins. Et, à force de jouer, ils s’étaient retombés dans les bras – pour la première fois, depuis leur rupture remontant à un petit moment, maintenant. Histoire d’un soir, sans promesses, sans lendemain. Mais histoire d’un soir, avec indéniablement, des tonnes de significations.
Ils n’en ont pas reparlé, cependant.
Pas du genre à se croiser tous les quatre matins, finalement.

Pas du genre à se recroiser tout court, même. Et quand cela arrive, en général, Davan la fuit. Sauf la dernière fois. Pourquoi est-ce qu’il est resté, la dernière fois ? Était-ce vraiment par ego ? Elle y pense tellement, Ada. Elle a tourné la situation dans tous les sens, pour essayer de comprendre – parce que même elle, ne comprend pas. Et dans le fond, elle savait qu’elle ne laisserait pas cette aventure se tasser comme cela. Pas aussi facilement. Et puis, il faut dire qu’elle n’était pas partie tout à fait innocemment. S’était déjà prévu une raison de revenir.
Alors elle est là, maintenant, la brune. A partir en direction du cottage où vit Davan. Connaissant globalement ses horaires, elle s’est dit qu’il ne devrait pas être au café actuellement – que sa fille devrait être en cours, actuellement. Pas envie de la croiser, pas envie de se prendre la tête ni de se faire envoyer sur les roses. Cela dit, elle sait que cela peut arriver avec Davan, tout autant. Mais depuis le temps, elle a l’habitude, Adalia. Alors elle arrive à destination, se gare à proximité puis se dirige, avec entrain, jusqu’à la porte à laquelle elle frappe aussitôt. Elle doit l’avouer : elle éprouve bien un mélange de nervosité et d’appréhension, la brune. Elle ne tarde pas à capter un bruit de pas, puis la porte d’entrée s’ouvre, et elle se retrouve bel et bien face au Baxter. « Hey. » Grand sourire aux lèvres, air angélique. Si on ne la connaissait pas, qui pourrait se douter du couteau qu’elle lui a planté dans le dos ? « T’inquiète pas, je suis pas là pour remettre le couvert. » Quoique ? Après tout, si cela l’intéressait, pourquoi pas. « Mais je crois avoir oublié un petit quelque chose, et j’y tiens vraiment beaucoup. » Et il se doute peut-être de ce que c’est, non ? Parce qu’elle doit avouer : elle l’a laissée là, exprès. Par pure provocation. Du Adalia Alvar, tout craché, simplement.

you wrote me letters, gave me flowers.

-- ft / @Ada Alvar

Cette nuit avec Ada, mieux valait qu’il l’oublie, le brun. De toute façon, il avait été complètement bourré, alors ça n’avait pas d’importance. L’alcool faisait des ravages, par moment. Bonne raison de ne plus toucher à ça pour le moment. Ça avait été une belle connerie de picoler comme ça. Lui qui essayait de tourner la page, d’oublier Ada et tout ce qu’elle lui avait fait, le voilà qu’il se retrouvait à coucher avec elle. Quel con. Il n’avait pas envie d’y penser, pas même envie de réfléchir au sens de cette histoire. Il avait bu, c’était fun, fin de l’histoire. Fun était un bien grand mot, dans le fond, vu le mal au crâne du lendemain, le fun, il était quand même bien vite passé. Il n’avait plus l’âge pour tout ça le brun. Les grosses cuites, ça passait plus vite quand on était jeune, d’après son expérience, mais une fois la quarantaine dépassée, ça devenait difficile à assumer. C’était ce qu’il avait ressenti ce matin là, en tout cas Davan. En plus il y avait eu sa fille pour lui faire une leçon de morale ; tout ce dont il n’avait pas besoin. Alors maintenant, le mieux c’était vraiment d’aller de l’avant et de ne plus penser à tout ça.

Continuer sa vie comme si de rien n’était. Ne pas chercher à avoir une longue discussion avec Ada sur ce que cette nuit entre eux pouvait bien vouloir dire. Ne pas lui parler, ne pas la voir, ça lui convenait très bien, à Davan. Il avait terminé de bonne heure au café, de quoi rentrer assez tôt pour s’occuper de la maison, alors que Maia était encore à la fac. Pas un gros programme de prévu, mais il fallait bien faire un peu de ménage là-dedans. Il n’avait pas vraiment eu le temps de s’y mettre qu’il avait entendu frapper à la porte. Il n’attendait personne, aux dernières nouvelles, alors il se demandait qui ça pouvait être. Il soupira, peu désireux d’être coupé dans ses activités, par il ne savait trop qui. Il ouvrit la porte pour se retrouver en face d’Ada. De toutes les personnes vivant à Weymouth, elle était bien la dernière qu’il ait envie de voir, le brun. « Hey. » Il répondit, un peu surpris de la voir se pointer ici. Ada et le respect d’autrui, ça ne faisait pas bon ménage de toute évidence. « Tant mieux. » Il répliqua. Il n’avait pas envie de remettre le couvert. Il voulait juste pouvoir la détester en paix, le brun. Il arqua un sourcil suite à sa remarque. « Oh et qu’est-ce que tu as oublié de si important ? » Il demanda, curieux de voir ce qui pouvait bien la pousser à venir frapper à sa porte aujourd’hui, alors même qu’il avait eu bon espoir qu’elle disparaîtrait de nouveau de sa vie, après tout, encore une fois, elle avait eu ce qu’elle voulait, il était temps de laisser tranquille maintenant.

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Il faut l’avouer : elle ne s’attendait pas à cette issue-là, l’autre fois. Ne s’attendait pas à ce que Davan lui retombe dans les bras. A ce qu’il se laisse tenter par son jeu, à ce qu’il lui réponde à ses provocations. Elle pensait qu’il trouverait le moyen de s’éloigner d’elle, bien vite. Mais il était resté. Il était resté et même, il avait bu avec elle. Un peu trop. Jusqu’à basculer dans tout à fait autre chose. Avoir l’esprit un peu brumeux, la raison le quittant peu à peu. C’était pareil pour elle, Ada. La raison semblait déjà lui manquer les trois quarts du temps : c’était pire ce soir-là. Et puis, elle était restée fidèle à elle-même, avec ses provocations. Mais, non : elle ne s’attendait pas à ce que cela marche vraiment. Et pourtant. Après des mois et des mois à lui battre froid, Davan était retombé dans ses bras. Sans vraiment essayer de lutter, sans vraiment la repousser. Bien sûr, le lendemain matin, Ada ne s’était pas attardée, n’était pas restée. Elle avait vite décampé. Alors, depuis, ils n’en ont pas reparlé. Elle, elle ne l’a pas recontacté. A quoi bon, de toute façon. C’était une fois qui ne se reproduirait pas. Qui ne le rendrait peut-être que plus rancunier.
Mais tout de même, cela l’avait soulagée. Malgré elle, Ada, elle n’avait pu s’empêcher de penser, de se dire, que tout n’était peut-être pas aussi perdu qu’elle le pensait.

Elle y a pensé, beaucoup. Elle s’est demandé s’il y pensait aussi. Mais ils ne se sont pas reparlé, depuis. Et puis, dans le fond, elle savait qu’elle reviendrait, Adalia. Qu’elle ne tiendrait pas. Elle avait tout prévu, pour cela.
Alors la voilà qui débarque chez lui, sans prévenir. Elle aurait pu être courtoise, Ada, elle aurait pu lui envoyer un sms. Mais non : elle se pointe comme cela. C’est tout à fait son genre. Elle se donne tous les droits, elle est un peu trop audacieuse. Elle a surtout beaucoup de culot. Mais il le sait, Davan, depuis le temps. Il semble quand même surpris de la voir, évidemment. Elle explique bien vite qu’elle n’est pas là pour remettre le couvert, avant qu’il ne la devance éventuellement. Sa réponse lui arrache un rire, aussitôt. « Pourquoi, tu voudrais pas ? » Il doit la détester toujours autant. Ou peut-être un peu moins qu’avant. Est-ce possible ? Est-ce que leur nuit ensemble a pu changer quelque chose, à ce niveau ? Elle a encore de l’espoir, Ada. Parce que, malgré tout, ses sentiments ne disparaissent pas. La voilà, en tout cas, qui annonce avoir oublié quelque chose. Et lui, qui lui demande ce que c’est, visiblement intrigué. « Un de mes sous-vêtements. » Evidemment. Elle sait pousser la provocation jusqu’au bout, Adalia. Et le pire, c’est qu’elle ne va pas s’arrêter là. « Je n’vais pas te demander si par hasard tu l’as trouvé, je sais pertinemment que je l’ai malencontreusement oublié chez toi. » Et puis, il faut dire qu’en dépit des apparences, elle n’a pas vraiment eu d’autre partenaire dernièrement.

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-- ft / @Ada Alvar

La dernière fois avec Ada, il avait été ivre, Davan. Incapable de penser de façon réfléchie. L’alcool faisait faire des conneries et il avait du mal à considérer que ce qu’il s’était passé entre eux n’en était pas une. Evidemment que c’était une connerie. Il n’avait pas rompu avec elle sans raison Davan et il ne voulait pas passer pour ce type complètement faible qui venait ramper à ses pieds, il avait encore un peu d’honneur, Davan. Elle l’avait manipulé, trahi, alors il ne voulait pas lui accorder son pardon comme ça. Il ne voulait pas être ce genre de type, le brun. Craquer la dernière fois, c’était déjà trop, d’après lui. Il s’en voulait. Il aurait aimé être plus résistant. Mais l’alcool ne l’avait pas aidé. Il regrettait ce qu’il s’était passé et se jurait que ça n’allait pas se reproduire. Déjà parce qu’il n’avait pas l’intention de se taper une nouvelle cuite dans les prochains jours - voire les prochains mois - mais en plus, parce qu’il n’avait pas l’intention de revoir Ada. Il allait continuer à faire sa vie de son côté, sans chercher à la revoir. C’était déjà ce qu’il avait prévu de faire avant cette soirée. C’était ce qu’il avait voulu, au moment où il avait rompu avec elle.

C’était sans compter sur son culot à elle. Parce qu’elle en avait, de toute évidence, pour venir ainsi frapper à sa porte. Elle devait bien se douter qu’il n’avait pas envie de la revoir. Mais Ada étant Ada, évidemment qu’elle faisait ce qu’elle voulait, sans se préoccuper de ce que les autres pouvaient bien ressentir. Elle était égoïste et ce n’était pas demain la veille qu’elle allait changer. Elle avait ce côté arrogant, sans gêne qui avait tendance à le rendre fou, depuis leur rupture. Aucun respect envers lui et tout ce qu’il pouvait ressentir. Elle n’en avait jamais eu grand chose à faire de toute façon. Pas même quand ils avaient été ensemble. Tout ce qu’elle avait voulu, c’était une histoire à se mettre sous la dent, le reste n’avait pas d’importance. « Je suis sobre, donc non merci. » Il fallait bien qu’il soit bourré pour retomber dans ses bras. Pas question de craquer à nouveau. Elle serait trop fière d’elle, si ça devait être le cas. Elle avait oublié quelque chose, mais quoi ? Un de ses sous-vêtements, apparemment. Oublié était un bien grand mot, de toute évidence. D’après ses dire, l’oubli semblait quand même assez volontaire. « J’espère qu’il s’agit de ton soutien-gorge. Parce que si tu étais volontairement partie sans culotte, ce serait vraiment bizarre. » Presque glauque même. Partir sans culotte, carrément étrange. Un soutien-gorge à la limite, certaines femmes devaient se sentir mieux, sans. « Cela dit, je n’ai rien trouvé. » Il n’avait pas cherché surtout. C’était récent, alors, il n’avait pas eu l’occasion de faire le grand ménage dans sa chambre. Est-ce qu’elle aurait préféré qu’il le trouve ? Venant d’elle, tout était possible.