| · orgueil et préjugés Mer 7 Déc - 21:51 | |
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C’était son troisième jour de travail chez Nigel Powell et elle avait la fâcheuse impression d’être aussi occupée qu’autrefois. Elle tentait tant bien que mal de remplir correctement son rôle d’assistante. À commencer par arriver à l’heure. Le ciel était encore noir en cette fin de novembre et elle n’était pas rassurée à l’idée de marcher dans ces bois sombres. Son permis de conduire la regardait d’un mauvais œil, négligemment abandonné au fond de son sac. Elle n’avait pas les moyens d'avoir une voiture et de l’entretenir. La marche, c’était pas si mal. La brunette parvint à la maison de verre et elle ouvrit hâtivement la porte d’entrée. Thomas, l'aimable chauffeur, lui avait donné les clés à la fin de son premier jour de travail, c’était bon signe, non ? La maison semblait plongée dans un sommeil profond, mais elle savait pertinemment que son patron était bien réveillé, peut-être même déjà affairé derrière son bureau. Anastasia se dirigea machinalement vers la cuisine, prête à effectuer sa première tâche quotidienne. Un café, ou le début de cette drôle d’aventure. Mais un bruit sourd retentit dans le couloir obscur et l’assistante s’arrêta net. Elle ne l’avait jamais emprunté et à cet instant, elle n'en avait aucune envie. Elle opta pour l’ignorance, jusqu’à ce que ça recommence. La jeune femme s’arma donc de son sac à main et s’avança à petits pas vers la source du bruit. Erreur de débutant. Elle était la première à crier aux protagonistes d’un film d’horreur d’allumer la foutue lumière. Voilà qu’elle agissait comme eux. Lorsqu’une forme se dessina imperceptiblement dans les ténèbres, elle ne réfléchit pas. Dans un cri de panique, elle donna des coups de sac sur ce qu’elle crût être une créature démoniaque. Mais une voix furieuse et masculine résonna et elle cessa ses mouvements, réalisant brutalement sa deuxième erreur. Jamais deux sans trois, disait-on. Nigel l’avait pourtant prévenue qu’un ami logeait temporairement chez lui. Un ami qu’elle ne croisa pas lors des journées précédentes, alors elle oublia totalement ce détail. Un ami, en fauteuil roulant, qu’elle venait tout bonnement d’attaquer. Morte de honte, elle s’empressa d’allumer la lumière et fondit en excuses.
« Je suis désolée, je suis vraiment vraiment vraiment désolée ! Mais quelle idée de marcher dans le noir… reprocha-t-elle presque. C’était sa troisième erreur, “marcher” n’étant définitivement pas le verbe adéquat. Anastasia et ses maladresses. Elle finit par remarquer les traits de ce fameux ami et elle s’écria, stupéfaite. Toi ?! »
Ses anciens clients étaient innombrables, mais elle reconnaîtrait son visage entre mille. Cet homme toujours accompagné d’une bande douteuse. Les mots vulgaires fusaient, les remarques déplacées de même. Un comportement détestable qu’elle ne supportait pas, et elle leur fit comprendre à plusieurs reprises. Bien qu’elle ait souhaité de ne plus le recroiser, elle ne souhaitait pas pour autant son malheur. Si sa voix s’était teintée de surprise et de colère en le reconnaissant, elle retrouva bien vite sa douceur devant sa triste situation.
« Tu vas bien ? Je ne t’ai pas fait mal ? », s’enquit-elle, tout en se rapprochant de lui pour vérifier qu’il n’y avait rien de grave.
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