Trois heure et demi du matin à l’aéroport de Bournemouth, à une cinquantaine de kilomètre de Weymouth. Le jet privé de Viggo avait touché le sol quelques minutes plus tôt et le milliardaire quittait son avion pour rejoindre son bolide, avancé au plus près par le voiturier. Le suédois avait rapidement checker son emploi du temps pour la journée à venir ainsi que les messages qu’il avait laissé sans réponse pendant son trajet et pendant son séjour à Las Vegas. Il y répondrait plus tard, ou peut être pas suivant l’importance de ses derniers. A cette heure si tardive, ou si matinale, il aurait pu faire appel à un chauffeur pour le reconduire jusqu’à sa villa à Weymouth, cette foutue ville qui ne disposait pas d’un aéroport et dont le maire refusait la construction malgré les millions avancés sur la table par le milliardaire. Mais, rien à faire, Viggo aimait conduire et refusait souvent de se faire conduire, ses voitures étaient faites pour qu’il prenne le temps et le plaisir de les piloter lui même, quelle que soit l’heure, quelle que soit les circonstances et ce soir ne faisait pas exception. D’ici une heure il avait rendez vous avec Nigel Powell, l’architecte qui avait travaillé sur l’hôtel de Weymouth. Quatre heure et demi du matin, ce n’était généralement pas une heure pour un rendez vous. Mais avec Viggo ça l’était et sa secrétaire avait bien fait son travail en réussissant, comme toujours à imposer l’heure de l’entretien à l’interlocuteur que Viggo souhaitait rencontrer. Il avait de l’argent, beaucoup d’argent alors on lui refusait rarement quoi que ce soit, même lorsque ses idées farfelues n’étaient pas au gout de tout le monde. Ce Nigel Powell, dont la renommée n’était plus à faire aux Etats-Unis et dont il était, il devait bien l’avouer, satisfait du travail réalisé sur l’hôtel, était un personnage qu’il considérait comme rustre et qui, il s’en doutait bien, ne goutait que peu à son caractère quelque peu extravagant. C’était un travailleur acharné et, comme le travail semblait être une priorité dans sa vie, il n’avait pas refusé le rendez-vous, sachant certainement très bien ce qu’il avait à gagné en travaillant avec Viggo. Il fallait bien reconnaitre que tout deux étaient diamétralement opposé mais Viggo s’en amusait et il lui fallait bien plus que des différences de caractère si futiles pour se passer des services d’un professionnel qu’il considérait comme doué dans son domaine. Bref, le milliardaire avait un nouveau projet à proposé à l’architecte britannique et comme souvent quand une idée germait dans la tête du suédois, rendez vous devait être pris rapidement, presque de manière impulsive, pour qu’il puisse exposer sa lumineuse dernière trouvaille. Une petite heure de route, pendant laquelle il avait réfléchit à nouveau à ce qu’il estimait être un nouveau formidable projet et le suédois était arrivé à l’hôtel Sundman, sur la côte de la ville balnéaire de Weymouth. Voiture stationnée sur la place réservée, il était entré dans le hall de l’hôtel, a cette heure ci l’endroit était plongé dans un calme revigorant qui donnait à l’endroit, et ses murs recouverts de marbres et de dorures, un aspect encore plus fastueux qu’à l’ordinaire. Ce calme qui rendait tout plus éclatant, plus raffiné était l’une des raisons pour lesquelles Viggo ne se lassait pas de ses passages à des heures impromptues. Kate, la gouvernante de l’hôtel et secrétaire de Viggo à ses heures perdues étaient sortie de derrière le comptoir de l’accueil pour accueillir son patron. Pimpante malgré l’heure à laquelle elle avait certainement dû sortir de ses draps à cause des frasques de celui-ci, elle s’avançait vers lui, léger sourire en coin sur les lèvres qu’elle n’arborait que lorsqu’ils étaient seuls et que personne ne pouvait se rendre compte qu’elle n’était peut être pas si sévère et stricte que ses grands airs et son chignon toujours impeccable, ne pouvaient le laisser supposer. Ils avaient échangés quelques minutes puis, Kate indiquant au suédois qu’elle avait fait préparer la grande salle de la suite présidentielle pour cet entretien, sachant que c’était le lieu préféré de son patron pour toute les occasions. Ainsi, la gouvernante était restée à la réception dans l’attente de l’architecte tandis que le suédois s’était engouffré dans l’ascenseur pour gagner le dernier étage. Un coup d’oeil rapide dans le miroir pour vérifier son apparence physique et il s’était installé sur le fauteuil au bout de la table, observant la lune presque pleine se refléter sur la mer qui s’étendait à perte de vue derrière l’immense baie vitrée. En entendant frappé il avait fait volte face tandis que Kate pénétrait dans le lieu, Nigel Powell sur ses talons, l’air toujours aussi peu jovial. Sourire de circonstance sur les lèvres, Viggo s’était levé pour accueillir son invité. « Nigel Powell. Très heureux de vous revoir. ». Vu l’heure, il imaginait que son interlocuteur, lui, était peut être bien moins heureux que lui. Il l’avait invité à s’asseoir avant de reprendre la parole. « Kate peut elle vous servir quelque chose ? ».