OUTFIT

La mine encore trop fatiguée, c'est d'un pas légèrement traînant qu'il se rend au bar à chats pour la matinée. Sa sœur prendra le relais dans l'après-midi en sachant que Jake dort mal et qu'il doit se ménager, comme le docteur l'a recommandé. De base il n'aurait pas dû recommencer tout de suite le travail mais c'en est devenu vital. Tourner en rond dans son appartement tout en se rongeant les doigts sous cette énorme culpabilité liée à l'accident de voiture qui a coûté la vie à sa mère, ce n'est pas bon. Avoir le nez dans la paperasse et discuter avec l'équipe du bar en plus des clients l'aident à mieux surmonter cette épreuve. Et surtout à ne pas penser à trop de choses négatives. Le jeune King se frotte les cheveux et entre dans le bâtiment, là où les trois serveurs, le chef et le barman sont déjà présents. Il n'est que neuf heures du matin et il sent que la journée va être longue. Jake commence par les saluer tout en les gratifiant d'un sourire avant de se poser devant son ordinateur portable, installé derrière le bar et s'occuper d'un peu de paperasse qu'il aurait dû faire hier soir. Le temps défile lentement, ses doigts pianotent sur le clavier tandis qu'un chat noir, Echo, se glisse sur ses genoux pour y faire la sieste. Un léger sourire étire ses lèvres et le coréen vient caresser doucement cette petite boule de poils craquante qui ronronne sous sa main. Un doux ronronnement qui a pour effet d'apaiser le cœur du jeune homme. Il essaie tout de même de se concentrer sur son travail, tout en câlinant par moment le félin. Lorsque la petite clochette prévient l'entrée d'une nouvelle personne, il n'y prête pas attention. Jusqu'à ce qu'il entende une voix se présenter. Une voix familière. Minhyuk ? Son Minhyuk ? Jake redresse la tête, croyant perdre la tête. Mais non... Il est bien là, en train de s'avancer vers le comptoir. Tout en prenant le chat dans ses bras, Jay se relève et contourne ce dernier pour se mettre face à lui. « M-Min... Qu'est-ce que tu fais là ? » demande-t-il la voix tremblante, comme s'il allait pleurer. C'est le chef cuisinier Kirston qui se ramène soudainement et qui l'empêche de montrer sa faiblesse face à lui. « Vous savez, c'est le pâtissier avec qui on a signé un contrat. Monsieur Seok ! » Jake regarde le chef, puis Minhyuk. « Ah... » La seule onomatopée qui sort d'entre ses lèvres. Il se sent bête. Perdu même. Et instinctivement il resserre délicatement Echo dans ses bras, Echo qui bouge un peu pour caler son museau dans le cou de son propriétaire.

@Minhyuk Seok  

(( daydream ))
feat. @Jake King  

Une nuit agitée, des yeux collés par la fatigue, une barre au niveau du front. Tu n’as qu’une seule envie : retourner te coucher. Pourtant, tu entreprends la difficile tâche de te préparer pour aller bosser. Il est encore bien tôt, mais tu as des commandes dont tu dois t’occuper. Vêtu d’un jean et d’un sweat à capuche, tu sors de ta chambre pour aller vérifier que tu laisses bien Emma – la terreur – en compagnie d’un autre adulte. Passant la tête par la porte de l’entre d’Alfie, tu es rassuré de savoir qu’il est rentré. Il était de fermeture cette nuit et connaissant son planning, tu doutes qu’il soit couché depuis plus d’une heure ou deux. Le veinard, Emma dort maintenant à point fermé. Dire qu’elle t’a empêché de dormir serait un euphémisme. Des pleurs, des cris, des cheveux arrachés – les tiens. Ce fut une nuit très chaotique. Cela dit, tu as tenu jusqu’au bout et tu as fini par gagner. Enfin … elle dort et pas toi. On se demande qui a réellement remporté cette bataille. Tu bailles aux corneilles en quittant l’appartement. Direction la cuisine du salon de thé pour t’attaquer à ces fournées de cupcakes et muffins en tout genre que tu dois livrer en fin de matinée.

Après plusieurs heures passées aux fourneaux, tu sors enfin de la cuisine. Tes employés ont déjà ouvert le salon et quelques clients se délectent d’une tasse de thé, certaines accompagnées d’une petite douceur. Tu esquisses un sourire. Si on t’avait dit, il y a quelques années, que tu te retrouverais là, propriétaire d’un petit commerce en plein centre-ville, à vendre du thé et des pâtisseries, tu n’y aurais pas cru. Ton parcours, ton évolution … Tout ça te parait tellement improbable. Mais tu es heureux. Beaucoup plus que tu ne l’étais dans ton bureau, la tête pleine de nombres et de calculs incessants. Tu es interrompu dans ta contemplation par l’un de tes employés qui te demande si il doit s’occuper de la livraison. Tu secoues la tête avant de lui répondre que tu t’en charges. Prendre l’air te fera du bien.

Les pâtisseries en boîtes, le tout dans des pochons en papier bien calés dans ton coffre de vélo, tu prends la direction du bar à chats. Tu n’y es pas allé souvent. Deux fois. La première pour signer le contrat. La deuxième pour discuter du type de produits que la propriétaire souhaitait proposer à ses clients. Tu ne tardes pas à arriver sur place. Tu pousses la porte, laissant retentir un bruit de sonnette. Les bras pleins, tu t’avances vers le cuisinier qui vient t’accueillir. « Bonjour, je viens pour la livraison, » te présentes-tu avec un sourire poli. Tu ne remarques pas tout de suite la présence de l’homme derrière le bar. Ce n’est que quand tu entends le son de sa voix que tu tournes la tête dans sa direction. Ta bouche s’entrouvre et tu manques de faire tomber les sacs que tu tiens pourtant fermement dans tes bras. Jay. Tu le regardes faire le tour du comptoir, incapable de le quitter des yeux. « Qu’est-ce que tu … je … » balbuties-tu sans parvenir à former une phrase complète. Il te regarde, un chat dans ses bras, la tête calée dans son cou. Ce ah qui sort de sa bouche, qui te pique légèrement. C’est tout ? La dernière fois qu’il t’a vu tu étais encore un pingouin de bureau, à perdre ton âme un peu plus chaque jour, aspirée par l’ennui de ton ancienne profession. « Les pâtisseries ! » t’exclames-tu maladroitement, ne sachant comment agir en sa présence. Tu déposes les sacs sur le comptoir dans un geste un peu brusque, mais tout de même habile. Tu perds tes moyens. Parce que c’est Jake et que tout ton être réagi à sa présence, à son regard.